Moustache Samedi 27 Trail 6 : Aboutissement royal

Rouler sur un VTT Moustache est toujours une belle expérience que l’on devrait imposer à tous les futurs acquéreurs d’un VTT à assistance électrique. La raison à cela, c’est que cette marque s’est imposée au fil des années comme une référence en la matière en faisant entrer cette catégorie de vélo dans une ère moderne, que ce soit en termes de géométrie mais aussi de suspensions.

DR. N. Le Carré

Prix : 4 599 € | Poids : 23,55 kg en taille M sans pédales | Débattement av. : 140 mm | Débattement ar. : 140 mm – Moteur : Bosch Performance CX – Pratique : vallonné, montagne ; rando-sportive, compétition

Moustache a en effet dès le début su intégrer la composante du poids du moteur et de sa batterie, mais a également compris l’enjeu du train roulant avec cet afflux de couple. Aujourd’hui, Moustache en est à sa septième saison, et force est de constater qu’il faut toujours compter sur elle pour être aux avant-postes de l’innovation, même si cela se fait plus discrètement. Ce Samedi 27 Trail en est une parfaite illustration même dans cette version 6, presque d’entrée de gamme. Par exemple, on y trouve la nouvelle tige de selle télescopique dotée d’une commande au guidon dessinée par la marque, l’amortisseur dispose d’un nouveau traitement d’anodisation sur le corps et sur la tige pour réduire les frictions, on est désormais sur une transmission en 11/46 à l’arrière ou encore le cheminement des gaines notamment au niveau de la biellette a été optimisé pour limiter les contacts. Autant de changements qui montrent que ce vélo atteint une maturité. Pour ce qui est du vraiment visible, le Trail 6 adopte le nouveau moteur Bosch Performance CX qui a été optimisé pour l’utilisation en VTT avec une meilleure gestion du couple et surtout beaucoup moins de frottements au pédalage ressentis à l’arrivée fatidique des 25 km/h. Désormais ce moteur se rapproche du Shimano, mais sans l’égaler, vous permettant de rouler au-delà de l’assistance sans devoir vous traîner en plus du poids de la bête, les résistances du moteur mécanique. Et du coup, malgré les 23,55 kg de la bête, eh bien elle roule plutôt pas mal. D’autant que vu l’autonomie de l’engin, le mode Eco (qui donne déjà beaucoup de sa puissance), voire le moteur éteint, seront vos alliés. Et surtout ne pensez pas dépasser les 30 km d’autonomie en mode e-MTB, le fameux mode proposé par Bosch qui est censé optimiser son assistance en fonction de votre manière d’appuyer sur les pédales. En effet, si comme nous, vous avez le pied lourd, il passera son temps à vous propulser en mode Turbo dans la moindre côte. Du coup, bin… ça tète ! Pour notre part, nous n’avons jamais pu dépasser les 50 km avec 1000 m de dénivelé positif (température moyenne de 5°C), sur un terrain parfois très gras (énergivore), et encore, en ayant optimisé la consommation au point de faire plusieurs kilomètres sans assistance (heureusement que le moteur Performance CX a vu ses frottements se réduire drastiquement). Une fois que vous avez pris en compte cette composante, il ne vous reste plus qu’à profiter du spectacle.

Une direction vive

En fait, pour être tout à fait honnête, les premiers kilomètres en selle ne nous ont pas bouleversé, en tout cas, pas plus que sur les nouvelles générations comme le Pivot Shuttle. Il faut dire que le terrain est plutôt roulant et peu accidenté. Certes la différence avec le Samedi 27 Trail carbon, au-delà du poids, se fait un ressentir au niveau du comportement du vélo. La version alu semble plus tolérante, même si les résonances dans le cadre sont plus aigües avec l’alu, donc plus fatigantes. Heureusement, à ce niveau, les suspensions travaillent plutôt bien, notamment à l’avant où la Suntour absorbe tellement bien qu’elle donne l’impression d’avoir tout le temps du jeu dans la direction. Elle amortit absolument tout. Elle lit le terrain de manière incroyable. C’est simple, on a l’impression de ne rien avoir sous le cintre. Par contre, elle a tendance à aller un peu vite en débattement sur la réception de sauts. Il faudra obligatoirement mettre des cales dedans pour rendre le ressort plus progressif. Autre point qui marque immédiatement, l’impression de vivacité. La direction est très souple sur peu d’angle, ce qui est plutôt pas mal pour la maniabilité à faible vitesse. Passé ce point, la direction tombe complètement, il faut donc faire très attention dans ses mouvements de bras pour ne pas se retrouver à l’équerre avant la fin du virage. D’autant que si vous haussez le ton dans les successions de virolos, il va falloir agir avec délicatesse. Le Trail n’est plus aussi facile. La direction se fait plus dure, et la rigidité du châssis impose de forcer le trait pour inscrire le vélo. Tout cela se fait à coups de déhanchés et de mouvements d’épaules qui imposent une bonne condition physique. Dans les grandes courbes prises à Mach12, c’est encore une autre histoire…

Le second effet Kiss Cool

On reconnaît un bon VTTAE à sa capacité à grimper l’impossible. Le Trail 6 est de ceux-là. Là où la plupart de ses concurrents ont tendance à délester de la roue avant, ici même si la direction se fait (encore) plus souple, la roue avant ne s’envole pas. Le secret réside dans l’amortisseur arrière. En effet, il est un peu plus chargé en compression hydraulique basse vitesse de sorte que malgré le poids du pilote qui a tendance en montée à aller vers l’arrière, et donc s’appuyer plus sur la suspension, celle-si ne s’enfonce pas. Ce qui permet au vélo de conserver une bonne assiette et donc de grimper mieux. Sans compter que si le pneu Maxxis Rekon manque d’accroche latérale monté à l’avant quand le terrain se fait glissant, à l’arrière il fait des miracles.

Le troisième effet Kiss Cool

Le Samedi 27 Trail 6 est un bon VTTAE, vraiment, mais la concurrence a fait des progrès, et du coup, c’est vrai que jusqu’à ce moment de folie, il faut bien l’avouer, à part le dessin très pur il est loin de faire la différence. Mais quel est ce moment de folie ? C’est celui où vous vous lancez sans retenue dans la première descente défoncée. Pierres acérées imposant des changements de lignes rapides, un champ de mine où le moindre freinage est synonyme de tanquage, voilà où le Moustache s’exprime à sa juste valeur. Malgré ses 140 mm de débattement, et ses 67,5° d’angle avant (en statique, il dévale à la manière d’un vélo de descente (25% de précontrainte à l’arrière et 30% à l’avant). C’est hallucinant de voir comme le vélo filtre tout. La gestion des suspensions est tout bonnement magistrale avec un accord avant-arrière qui impressionne. Et ça se lit instantanément sur le visage du pilote qui esquisse un sourire de bonheur. Sérieusement, il faut vivre ça une fois dans sa vie, quelle fluidité dans la pente ! La gestion de la compression haute vitesse est scandaleuse tant le vélo est d’une stabilité exemplaire. Mais plus encore, la gestion de la détente haute vitesse à l’arrière est magistrale ! Jamais vous ne serez surpris par un coup de raquette, et tout ça parce que depuis toujours Emmanuel Antonnot, l’homme derrière cette réussite, milite pour la séparation des circuits de détente. Il doit y avoir les basses vitesses, pour l’usage normal que l’on peut même se permettre de mettre trop rapide, et les hautes vitesses qui sont réglées d’origine plus lentes grâce à l’expérience de l’ingénieur, pour garder un contrôle du vélo dans le vif de l’action. Evidemment cela ne fait pas tout, la géométrie est aussi là, avec une grosse stabilité générale du vélo, sans parler de la rigidité importante du train arrière (peut-être d’ailleurs un peu trop car nous avons eu quelques sursauts sur les gros appuis en latéral) qui permet d’être sur un rail. Par contre, revers de la médaille, plus on va vite plus le vélo se durcit, et la direction a sa part du lot puisqu’il devient de plus en plus dur au fur et à mesure que vous prenez de la vitesse. Il faut alors des bras pour tenir la bête. Attendez-vous à avoir quelques courbatures dans les trapèzes et les bras lourds après une sortie sportive.

Moustache montre une fois encore qu’il est resté aux avant-postes, et ce Samedi 27 Trail 6, malgré son équipement qui pourrait faire croire à un entrée de gamme, est complètement fonctionnel, attachant et surtout donne la banane à chaque fois que la pente se fait déferlante.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L – Modèle d’essai : M – Cadre : alu 6061 T4 T6 – Moteur : Bosch Performance CX – Batterie : Bosch PowerPack 500 – Fourche : Sr Suntour Aion 35 RL – Amortisseur : Moustache – Freins : Shimano XT, ø180/160 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT – Pédalier : Moustache, 14 dts – Commandes : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 11/46 – Jantes/Moyeux : Moustache Exclusives/alu Boost – Pneus : Maxxis Rekon Exo , 27.5×2.8” – Potence : Moustache Alu, 60 mm – Cintre : Moustache Alu, 760 mm – Tige de selle : Moustache, 100 mm, ø31,6 mm – Selle : Moustache – GEOMETRIE Taille M : (*données constructeur) : Top tube : 600 mm – Tube de selle : 440 mm – Angle de direction : 67,5° – Angle de tube de selle : 74,5° – Bases : 465 mm – Empattement total : 1196 mm – Hauteur de boîtier : 340 mm – Garde au sol : – Reach : 435 mm – Stack : 610 mm.

Distributeur : Moustache Bikes, Contact : www.moustachebikes.com.com

AUTONOMIE [star rating=”3″]
CONFORT [star rating=”4.5″]
MANIABILITE [star rating=”3.5″]
STABILITE [star rating=”5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”4″]

On aime : Equilibre des suspensions, et gestion hydraulique de l’amortisseur • La semie intégration de la batterie très pratique • Plein de petits détails qui en font un VTTAE opérationnel tout de suite

On regrette : Mode e-MTB trop consommateur de batterie • Commande Bosch Purion peu pratique • La direction peut surprendre • Long de l’arrière