Lapierre Overvolt Gravity Logic Projet 2  Team : Un concept devenu réalité

L’Overvolt est un extraterrestre dans le marché du VAE. Lapierre prend une direction radicalement différente où il est de bon ton de proposer un vélo avec assistance proche du code esthétique d’un vélo musculaire avec la plus grosse autonomie possible. Simple exercice de style ou réel avantage sur le terrain ?

DR. Cyril Chaprin

Prix : 8499 € | Poids :21,4 kg taille L | Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 160 mm / Pratique : compétition, enduro

L’industrie du cycle recherche sans cesse des produits qui seront acceptés facilement par les utilisateurs, quitte parfois à minimiser les innovations sous craintes de nous faire peur… Le cas de L’Overvolt Gravity Logic Project 2 (que nous nommerons GLP2) est totalement aux antipodes de cette logique. Il est le fruit de la volonté de Gilles Lapierre alors patron de la marque homonyme souhaitant développer un concept totalement diffèrent. Il donna carte blanche à son ambassadeur le plus capé, un certain Nicolas Vouilloz. Si vous connaissez un peu le coup de guidon et le palmarès du Monsieur, vous comprendrez vite que rouler en Ebike pour un tel champion, c’est avant tout prendre du plaisir à piloter. Le Concept GLP est de placer l’expérience terrain au centre du processus quitte à dérouter et à casser les codes esthétiques.

La nouvelle version du GLP reste totalement dans cette philosophie mais se bonifie. La version 1 souffrait de certaines petites lacunes comme souvent sur des vélos conceptuels. Nous pouvions lui reprocher une géométrie trop tournée vers la descente et un certain manque de polyvalence pour les montées… Cette nouvelle itération fait totalement table rase du passé sur presque tous les points sauf l’optimisation des masses de façon à garder des sensations de pilotage qui font toute la spécificité de la pratique du VTT. Pour se faire, Il est nécessaire de positionner le poids (moteur, batterie) au maximum sous le centre de gravité du pilote pour offrir une conduite fluide et réactive où la direction semble presque comme un vélo sans assistance. Le moteur de type central est déjà idéalement placé. Lapierre fait confiance à la motorisation Bosch CX performance de quatrième génération : un moteur compact et léger qui permet de faire une cinématique et une géométrie cohérentes proches d’un vélo classique. La pièce la plus critique à loger dans ce concept reste la batterie. La meilleure solution pour Lapierre est de la placer juste au-dessus du moteur. Un positionnement intéressant sur le terrain mais qui engendre beaucoup de complications et demande de fortement cogiter pour ensuite positionner correctement le reste des points clés du vélo (géométrie, cinématique, Durit©, gaines). Nous comprenons pourquoi certaines marques renoncent à ce type de solution vu la complexité de l’exercice… Le GPL2 ne rentre pas dans le jeu du vélo avec la plus grosse autonomie avec une batterie externe de 500 W. La cinématique a été redessinée et reprend l’architecture de la gamme Spicy avec un positionnement d’amortisseur horizontal du fait de la position de la batterie. Nous avons une suspension arrière avec un amortisseur Trunnion qui développe 160 mm débattement. La cinématique est de type parallélogramme déformable (Horstlink) avec un point de pivot virtuel qui est en avant en début de débattement pour ensuite se repositionner plus proche du boîtier de pédalier. La courbe d’amortissement est plus simple que l’ancienne avec une évolution linéaire-progressive avec de la souplesse en début de course puis du maintien quand nous sommes entre 30 et 50 % de la course de l’amortisseur et un ratio bas sur la fin pour éviter de talonner trop facilement. La géométrie est aussi radicalement revue. Le vélo devient plus long pour avoir plus de stabilité et l’assise a été profondément remaniée avec un tube de selle bien plus droit. Nous avons noté le tube de selle offre une insertion pour la tige de selle assez limitée du fait du positionnement de la batterie… Une autre particularité : le choix des tailles de roues. L’expérience de roulage a privilégié le 29″ à l’avant et le 27+ à l’arrière. Par ailleurs le châssis est entièrement en carbone, un choix imposé du fait de la complexité des formes. Lapierre a choisi délibérément d’avoir un cadre homogène mais plutôt souple, permettant une prise en mains plus facile quel que soit son niveau ou le terrain. Nous avons trouvé le GLP2 bien fini avec une superbe décoration typée compétition. Nous pourrions simplement lui reprocher de ne pas avoir la possibilité de monter un porte-bidon et surtout de ne pas proposer d’astucieux petits rangements pour les accessoires surtout qu’il faut (en théorie) deux types de chambre à air sur cette machine…

Faire le choix de la bonne taille

Une fois n’est pas coutume, avant de commencer le test il faut choisir la taille de notre monture. Nous avons pour habitude de rouler les VAE en Médium pour notre taille (1m76) et au vu des mensurations du GLP2 cela paraît raisonnable. Le terrain rencontré durant nos tests, nous montrera que nous pouvons rouler avec la taille supérieure tellement le vélo est facile à manier. Nous commençons par prendre le temps de régler les suspensions et il faut jouer de la pompe haute pression pour trouver le bon compromis. Nous pouvons regretter que Lapierre ait fait le choix de la cartouche RT3 sur la Lyrik Ultimate au lieu de la très performante cartouche RC2 qui nous paraît plus en adéquation avec le programme de la machine.

Le premier gros changement que nous sentons sur cette nouvelle génération du GLP est la position de pédalage bien plus efficace que par le passé. Nous nous sentons d’attaque pour affronter n’importe quelle grosse pente. Le GLP2 est clairement un bon grimpeur, le choix des tailles des pneus et la motorisation font merveille. Quand le terrain devient plus cassant et trialisant, le GLP2 est d’une facilité déconcertante mais demande quand même un petit coup de guidon pour garder le cap. Cela s’explique par la légèreté de la partie avant comparée à un autre VAE et aussi par le fait que le moteur Bosh offre un mode éco assez faiblard et donc il faut rapidement passer sur les modes Tour ou Emtb pour les pentes fortes. Mais après quelques kilomètres et quelques ajustements au niveau des pressions des pneumatiques pour augmenter la traction, nous trouvons nos marques et le GLP2 nous donne entière satisfaction. Nous sommes surpris de la garde au sol malgré le débattement généreux. Nous pouvons pédaler presque partout sans crainte. Nous ne pouvons que féliciter les choix réalisés sur les manivelles qui sont assez courtes et sur la suspension arrière qui ne consomme pas inutilement. En plus d’être facile dans les côtes, le GLP2 est aussi à son aise dans les parties serrées. Il tourne dans un mouchoir de poche. Nous allons faire court, mais il est certainement l’un des vélos les plus maniables du segment. Nous oublions que nous sommes sur un vélo de 160 mm de débattement. Pour une fois, gros débattement et maniabilité font bon ménage. Nous sommes surpris par la facilité à conserver la vitesse surtout dans les sentiers en faux plat. Si nous prenons toute la mesure de la motorisation nous pouvons garder un maximum de vitesse pour éviter de pédaler dans les zones trop chaotiques. Le GLP2 est une arme redoutable dans le jeu des montées impossibles et nous pouvons franchir des passages assez incroyables. Il faut bien entendu la technique nécessaire mais le GLP2 saura vous aider pour trouver la ligne idéale et vous ouvrir de nouvelles perspectives en termes de circuit. En descente, le vélo est dans la catégorie des vélos efficaces et précis. Nous sentons bien évidemment le poids mais cela reste raisonnable pour pouvoir continuer à jouer avec le terrain. Le GLP2 est bien plus agile que la plupart des vélos du segment. Quand la vitesse commence à augmenter il faut garder le cap et trouver la bonne position. Nous avons vite senti que ce vélo nous poussait à rouler vite, voire très vite. Une sensation agréable et grisante mais qui nous a parfois mis en difficulté avec la sensation de manquer d’appuis sur la roue avant.

Nous avons donc décidé de tester la taille de cadre supérieure pour avoir plus de contrôle à haute vitesse. Notre pilotage plutôt porté sur l’avant nous a obligé à faire ce choix. Sur la taille supérieure, nous avons pu rouler avec des pressions de suspensions plus faibles du fait de l’empattement général plus important, surtout au niveau de la fourche. Pour notre plus grand bonheur le vélo même en taille L reste toujours aussi fun et plaisant dans les parties plus lentes. Nous retrouvons nos marques dans les parties les plus rapides et nous pouvons vous affirmer que ce vélo permet de rouler vraiment vite. Nous avons aussi la sensation de rouler en sécurité et sans consommer une énergie folle pour garder le contrôle, le travail sur le cadre en carbone est judicieux et pertinent. Si nous voulons vraiment être pointilleux, nous pouvons imaginer que le vélo pourrait encore gagner au niveau du calibrage des suspensions avec plus de grip et un meilleur maintien mais cela peut être réalisé facilement par un bon préparateur.

Au final

Le GLP2 est un concept original qui fera le bonheur des utilisateurs désireux d’acquérir un vélo pour s’amuser quelles que soient les conditions. C’est le vélo parfait pour aller s’aérer la tête sur une boucle de 2 ou 3 heures. Le GLP2 est un grimpeur hors pair qui trouve ses limites uniquement dans le bagage technique du pilote. En descente, le vélo est véritablement bluffant de vivacité avec une direction légère et une partie arrière tolérante. Le GLP2 met rapidement en confiance et pousse à rouler vite. Alors effectivement cette nouvelle version n’a qu’une batterie de 500 w/H mais franchement ce serait dommage de passer à côté pour une simple histoire d’autonomie car niveau sensation nous ne connaissons peu de vélo avec le même caractère. Nous avons pu réaliser facilement un parcours test de 45 km avec 1500 de dénivelé positif dans l’exigent massif de l’Esterel sans griller une batterie…

Caractéristiques :

FICHE TECHNIQUE :

Tailles : S, M, L, XL

Modèle d’essai : L

Cadre : Overvolt carbone

Moteur : Bosch Performance CX

Batterie : Bosch 500Wh

Fourche : RockShox Lyrk Ultimate Charger RT3 , déport 42 mm

Amortisseur : RockShox Super Deluxe Select

Freins : Sram Guide G2 RSC, ø220/200 mm

Dérailleur arrière : Sram XO Eagle AXS

Pédalier : E13 E-specs 165 mm, Sram 34 dents

Commande : Sram XO AXS

Cassette : Sram PG1230, 10-50 dents

Roues : Lapierre eAM+ carbone Boost av. 35 mm et ar. 30 mm

Pneus : av. Maxxis Assagai Exo+ Maxx Terra , 29×2.5 ; ar. Maxxis DHR Exo+ Maxx Terra, 27.5×2.8 .

Potence : Lapierre Alu 31,8, 45 mm

Cintre : Lapierre Alu, 760 mm

Tige de selle : Trans-X, 150mm, ø31,6 mm

Selle : Lapierre

GEOMETRIE :

Taille : L

Tube supérieur : 642 mm

Tube de selle : 460 mm

Angle de direction : 65°

Angle de tube de selle : 76°

Bases : 435 mm

Empattement total : 1250 mm

Hauteur de boîtier : 342 mm

Reach : 485 mm

Distributeur : Lapierre France , Contact : www.cycles-lapierre.fr

On aime : Joueur pour un vélo de ce gabarit • Précision dans les courbes • Légèreté dans la direction • Homogénéité du châssis surtout pour un carbone • Géométrie aboutie pour le segment • Choix de la taille des roues

On regrette  : Seulement une batterie de 500 w/h • Capteur de vitesse exposé • Choix de certains composants pour le prix comme les freins

Notes

Autonomie : 3

Confort : 4

Maniabilité : 4,5

Stabilité : 4,5

Prix/Equipement : 3,5

TOTAL : 15,6/20