La Grave : une moisson de granit et de glace

A La Grave, pas de demi-mesure. Des glaciers énormes perchés au-dessus de nos têtes, une tempête de pics acérés dressés vers le ciel, tandis qu’une moraine noire s’échappe comme à regret vers la vallée… Voilà pour l’ambiance. Les gaillards du Team Labyrinth, en vadrouille dans les Alpes, sont venus se frotter à ces rugueux cailloux de l’Oisans. Cela devrait les changer de leurs Vosges natales…

Eté comme hiver, La Grave revendique sa vocation profonde : un domaine de montagne non sécurisé et non aménagé. Le pays des hommes libres ! Pas de balisage VTT ni de sentiers aménagés comme en station. Du pur freeride, 100% roots : c’est le leitmotiv, la marque de fabrique de La Grave. On ne vient pas ici pour flâner. Une fois sur le vélo, le souci devient vite comment rester dessus ! Pour profiter de l’océan de cimes enchevêtrées qui vous cernent de tous les côtés, une seule alternative : faire une pause. Même Nico, habitué aux grands espaces canadiens, a lâché un laconique et sincère «Respect !» en sortant de la benne à 3 200 m. Il faut dire que la Meije, déesse impériale de l’Oisans, a mis le paquet et frime sec du haut de ses 3 983 m tout en granit. Cet hardi sommet, l’un des plus durs des Alpes, a été conquis par un robuste quadra, Pierre Gaspard, en 1877. Notre homme, un chasseur de chamois exaspéré par les conquêtes des Anglais dans les Alpes, n’admettait pas que «sa» Meije soit déflorée par des étrangers. A quarante balais, il prend donc le taureau par les cornes et devient alpiniste, guide, puis s’offre le sommet, résolvant ainsi l’un des derniers problèmes des Alpes…

Les pentes de la Grave sont rebelles…

Mais revenons à nos moutons. L’objectif du domaine n’est pas d’aménager à tout-va mais d’améliorer ce qui existe déjà. Quelques volontaires ont tronçonné un ou deux gros mélèzes qui obstruaient le sentier, déplacé ici et là quelques pierres afin de trouver un rythme de descente moins haché, plus régulier. Attention à la proximité du parc des Ecrins, les vélos y sont interdits. L’itinéraire des vallons de la Meije, bien connu des skieurs et dominé par le fascinant glacier du même nom, arrive en limite du parc. Le sentier qui y mène est si tentant qu’ une pancarte a été installée pour encourager les distraits (ou les p’tits malins) à diriger leurs roues du bon côté. Il n’est pas vain de le répéter, les gardes ne rigolent vraiment pas !
Les pentes rebelles de La Grave s’apprivoisent (plus ou moins) en trois itinéraires, avec un bon 1 000 m de dénivelé à chaque fois. Tous permettent de rejoindre P1 la gare intermédiaire afin d’optimiser les rotations. L’itinéraire des vallons demande un bon niveau : c’est tracé dans le pentu.

Terrain glissant, moraines… Pas toujours folichon mais un ride qui fera date dans votre vie de vététiste, soyez-en assuré. L’Agile, vaisseau amiral de Labyrinth, va encore montrer sa capacité à maintenir son cap sur un terrain épouvantable. Même s’il faut pousser le vélo (vingt petites minutes), l’itinéraire de Chancel est sans doute le plus varié et le plus amusant. Les plus motivés peuvent même grimper jusqu’au refuge Evariste Chancel, perché au-dessus du lac. Le troisième itinéraire part dans l’axe du téléphérique et rejoint le chalet de Puy Vachier, dénominateur commun de ces trois parcours. A la benne de 8h, vous embarquerez avec les alpinistes en crampons, cordes et piolets qui, eux, iront jusqu’au terminus, à 3 200 m. Sachez que seule la partie en-dessous de 2 400 m est raisonnablement adapté au VTT.Le bouillant Team Labyrinth n’a cependant pas résisté à l’appel des cimes et s’est offert un départ à 3 200 m, dans un décor composé de méchants cailloux et de neige. Mais point de souci pour les braves !