Ibis Tranny : un collector

Quand Ibis a décidé de lancer le Tranny avec son concept de bras arrière modulable, il était attendu au tournant… Rappelons le principe. Le Tranny est conçu en deux parties carbone, le triangle avant et le triangle arrière. La liaison entre ces deux parties est mobile.

Il ne faudra pas hésiter à monter toujours d’une dent pour en tirer la quintessence. Il faut de grosses cuisses puissantes pour déclencher des accélérations dignes d’un pur crosseur. Pour le commun des mortels, il faudra repasser. La boîte de pédalier est trop bridée ! Une solution : bien choisir ses roues. Pour notre part, nous avons switché les Easton pour des Shimano XT, plus légères et offrant un meilleur rendement. Le vélo n’a pas été transformé mais les accélérations ont gagné en franchise. Dans une succession de lacets, l’Ibis se faufile avec une aisance déconcertante, offrant alors davantage de sensations. L’enchaînement de virages serrés pris à basse vitesse est un enchantement tant son angle de direction est fermé en mode «fourche de 100 mm». A ce petit jeu, vous atteignez rapidement la limite du pneu avant.

Avec le Tranny, Ibis tente l’impossible : proposer un cadre à géométrie variable permettant de faire avec un seul produit ce que d’autres font avec trois!

Le bestiau vire d’un bloc grâce à sa partie cycle arrière raccourcie et sa rigidité extrême. On fait corps avec la machine, en enroulant le virage. Reste qu’en version 120 mm et empattement allongé, c’est une autre histoire. Le rayon de braquage est digne d’une locomotive, l’arrière tourne laborieusement. Impossible d’envisager d’enchaîner les mêmes virolos à basse vitesse. La seule solution pour conserver sa vitesse est alors de déclencher violemment le virage au frein arrière… Le Tranny grimpe au train mais il faut relancer si on veut conserver un rythme soutenu. Le grip à l’arrière est surtout le fait du pneu (préférez du tubeless pour le confort et la motricité).

En descente technique, pas facile de se sentir à l’aise avec cet arrière qui passe son temps à vous renvoyer dans les reins la moindre imperfection du terrain… Il rend coup pour coup et ne tolère guère l’improvisation ou l’excès d’optimise. Le moindre choc se fait ressentir dans les jambes. Et même si la fourche, la nouvelle Fox Fit, fait un travail remarquable, la spécificité du cadre vous rappellera à l’ordre. Vous êtes prévenu, cet Ibis est physique ! On ne revient jamais indemne de l’essai d’un Tranny. Si nous avions été envoûté par le concept lors de sa présentation, le terrain nous a ramenés sur terre. Finalement, il aurait mieux valu rester classique…