Giant Reign 29 2 : Le Reign passe (enfin) au 29″

Le Reign est une institution chez Giant. Il a traversé les années grâce à une capacité inédite à se réinventer. Pour 2020, les changements sont plus importants que les derniers millésimes. La version Reign 29 2 nous a paru la plus alléchante : entre ses mensurations, ses spécifications et surtout son prix, mais qu’en est-il sur le terrain ?

DR. J. André

Prix : 2900 € | Poids : 14,8 kg taille M / 5,520 kg les roues | Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 146 mm / Pratique : randuro/enduro

On se souvient il y a encore quelques années de la résistance du géant taïwanais à proposer des vélos au standard de roues en 29″, tout convaincu qu’il était par la solution intermédiaire en 27.5″. Malheureusement pour Giant, le marché en a décidé autrement et il faut reconnaître que les grandes roues sont devenues monnaie courante dans tous les segments du VTT. Pour 2020, c’est au tour du fameux Reign de subir une bonne évolution. L’ancienne version était un gros vélo d’enduro avec bien évidemment des roues en 27.5. La nouvelle version est beaucoup moins agressive sur le papier avec un débattement contenu surtout à l’arrière avec seulement 146 mm, et 160 mm à l’avant, mais avec des roues de 29″. La géométrie de la bête est assez classique voire même conservatrice au vu de certaines autres marques généralistes. Giant n’as pas succombé aux sirènes du plus long (empattement), plus bas (hauteur du boîtier de pédalier) et plus ouvert (angle de direction). Notre taille M paraît sur le papier plus un gros vélo de trail qu’un pur vélo d’enduro. Mais ll faut parfois se méfier des apparences… Nous nous souvenons que l’architecture arrière de la suspension maison dénommée Maestro, qui a été conservée sur ce châssis, donne parfois l’impression d’avoir beaucoup plus de débattement que ce qu’il y a sur le papier. Si on prend le temps d’étudier un peu les choix des chefs de produit, nous voyons qu’ils ont pris clairement la direction des marques comme Yeti ou Ibis avec des vélos d’enduro aux débattements contenus pour offrir le parfait compromis entre stabilité, vitesse mais aussi maniabilité, agilité et vivacité. Giant a pris le temps d’écouter son team d’enduro pour développer ce nouveau Reign. Certains pilotes maison ne cachaient d’ailleurs pas leurs difficultés à performer avec l’ancienne version au plus haut niveau du fait de l’évolution de la discipline qui demande de plus en plus d’exigence sur le plan physique. Au final, les choix retenus semblent correspondre aux attentes des coureurs pro, mais paraissent aussi accessibles au commun des mortels que nous sommes. Selon le niveau de gamme, le cadre est soit en carbone soit en alu. Nous avons opté pour notre test sur la version alu avec le montage « 2 » qui nous a paru un prétendant sérieux pour commencer à s’éclater dans les sentiers sans pour autant dépenser une fortune.

Sur le papier le montage nous paraît cohérent avec beaucoup de composants maison qui nous ont agréablement surpris sur le terrain. Le cadre en aluminium est très proche esthétiquement du modèle carbone, même si nous ne sommes pas au niveau de finition d’un Orbea Occam alu par exemple. Mais Giant n’a rien oublié sur la construction de ce nouveau cadre pour le rendre moderne avec, bien sûr, un porte-bidon fonctionnel et une panoplie d’accessoires intégrés pour réparer si nécessaire (accessoires en option – cartouche CO2 dans le tube de direction, kit de réparation dans l’axe de pédalier). Nous avons testé notre vélo en taille Medium même si nous sommes parfois à l’aise sur des tailles L. Mais attention, ici il y a un gap énorme entre les tailles…

Polyvalence et tolérance


Avant de partir à l’assaut des sentiers, nous avons pris le temps d’ajuster les suspensions en suivant les recommandations constructeur avec 30% de précontrainte, que ce soit à l’avant ou à l’arrière. Nous avons généreusement ouvert la détente vue la souplesse que nous percevions sur le parking pour ne pas trop rester collés au sol. Pour la partie ajustement, nous en restons là car il n’y a pas grand-chose à faire sur cette machine. Nous voyons ça plutôt d’un bon ?il vu la cible du produit où l’accessibilité doit être de mise. Premier tour de roues et premier constat : la motricité est bien présente. Le Reign ne peut pas nier sa filiation avec le reste de la gamme Giant. Nous sommes confortablement installés sur la bête et le vélo oscille gentiment sous notre cadence de pédalage. Nous avons rapidement manipulé le levier de blocage de l’amortisseur sur les pistes roulantes pour retrouver un peu de nervosité. Attention, la position fermée est vraiment raide pour un vélo de ce type. Nous conseillons de ne pas l’utiliser si vous commencez à grimper sur des véritables sections VTT sous peine de rapidement perdre l’intérêt de rouler en tout-suspendu, surtout que la bête dépasse allègrement les 16 kg une fois les pédales, le porte-bidon et le matériel de réparation (pompe/chambre à air/ multi outils/mèches) installés. Rien de rédhibitoire pour autant pour s’attaquer à de belles sorties. Nous avons pris soin d’avancer au maximum la selle vers l’avant pour avoir le corps idéalement placé (un degré de plus sur l’angle de selle ne serait pas du luxe). Cette configuration permet naturellement de juguler au maximum la suspension au pédalage.

Le nouveau Giant Reign 29 est un vélo plus polyvalent qu’il n’y paraît, avec des qualités de descendeur hors pair


S.André

Nous avons expérimenté sur nos différentes sorties que la suspension du Reign est sensible au positionnement du pilote, surtout en début de course (30%).  Elle est plus active si on se place en arrière et à l’inverse plus ferme si on se place en avant des biellettes. Une fois la position de pédalage adaptée à cette spécification, nous sommes étonnés des capacités du Reign à pédaler. Bien sûr il ne faut pas chercher à rouler avec des gros changements de rythme, mais si on pédale de façon coulée et en cadence, nous pouvons vraiment nous attaquer à des longues sorties. Les moins avertis auront sûrement besoin de réduire la denture du plateau qui est de série un 32 sur notre modèle. Pour les grosses cuisses ou les gros moteurs, ce n’est pas un problème, mais pour beaucoup rouler avec un tel plateau sur un vélo de ce gabarit avec une telle motricité, on peut vite être amené à rouler trop en force et pas assez en cadence. La bonne surprise du Reign vient aussi de la cinématique qui, une fois les premiers millimètres passés, offre un très bon support. Nous pouvons donc appuyer fort sur les pédales quand c’est nécessaire pour passer une pente raide ou un rocher sans pour autant toucher les manivelles, ou partir exagérément sur l’arrière. Le Reign est un grimpeur honorable avec une position confortable, mais il excellera d’autant plus que les côtes seront techniques et cassantes. Si nous avons le choix nous prendrons plus le sentier de travers pour aller au sommet de la montagne que la piste à 4X4. Le nouveau Reign 29 2 est aussi à son aise sur les monotraces sinueux. Il permet de tourner court et il conserve assez bien la vitesse. Nous avons décelé le secret de ce vélo : il faut toujours réussir à garder un fil de vitesse pour vraiment s’éclater.

Il adore les dénivelés négatifs

Si le terrain devient trop saccadé, nous pouvons rapidement nous épuiser à essayer de relancer la machine. Heureusement les grandes roues et la tolérance du châssis sont une aide précieuse. Les roues de 29″ avalent le terrain et évitent de buter dans les obstacles et le cadre assez souple permet de garder toujours un « filet » de grip. Mais nous ne pouvons pas cacher que le terrain de jeu favori du nouveau Reign 29 c’est surtout les dénivelés négatifs. Une fois que la pente s’inverse fortement, le vélo est vraiment dans son élément. Plus le terrain et rapide, ouvert et cassant, et plus le vélo montre son vrai visage. Nous sommes étonnés de la sensation que procure la suspension arrière. Nous avons véritablement le sentiment d’avoir plus que 146 mm. Ce vélo est la preuve que se fier simplement au chiffre peut être une erreur grossière. Le Reign offre une cinématique qui optimise chaque millimètre de débattement utilisé. La fourche est aussi une très bonne surprise. Elle arrive à suivre le train infernal imposé par le terrain, après avoir ajouté quelques cales dans le ressort pneumatique et une précontrainte réduite à 25%, ce qui n’est malheureusement pas le cas de l’amortisseur arrière qui a tendance à rapidement chauffer. Nous avons pris un plaisir énorme à faire des pistes avec du flow et de la vitesse. Le Reign est sécurisant sur tous les passages aériens et il donne l’impression que tout est facile. La rigidité maîtrisée du châssis fait merveille dans les grandes courbes ou les parties défoncées. Nous pouvons percevoir assez facilement le flex entre le triangle arrière et les biellettes.

DR. J. André

Pour ce qui est du freinage, celui-ci est aussi bon est surtout bien géré. Le seul petit bémol que nous pouvons trouver au Reign ce sont sûrement les changements de rythme quand on passe de sections rapides à des passages plus lents et techniques : il faut souvent brusquer plus que de raison la machine. Une fois encore la position du pilote est la clé et demande de se projeter sur l’avant sous peine de ne pas pouvoir faire engager le vélo si on reste sur l’arrière en position défensive.
Au final, ce nouveau Reign 29 2 est une belle réussite. On pouvait se douter que la mise à niveau opérée par le géant de l’industrie du cycle allait coller avec les exigences du marché. Mais nous nous réjouissons que Giant ait su faire des choix forts et pertinents permettant de réaliser un vélo abordable dans tous les domaines. Si vous êtes un compétiteur en herbe, ce sera très certainement une machine parfaite pour débuter et la faire évoluer au fil de votre progression. Pour les vététistes qui cherchent un vélo robuste, simple, efficace pour affronter les pires conditions montagneuses, le nouveau Reign 29 2 est fait pour vous. Si vous doutez de ses capacités, nous vous conseillons de le tester et ce sera l’occasion de faire le bon choix au niveau de la taille. Nous sommes certains d’une chose : ce vélo a un énorme potentiel, surtout si on lui donne la chance de s’exprimer. Monsieur Giant, s’il vous plaît, offrez lui simplement un amortisseur digne de ce châssis pour qu’un maximum de personnes puissent profiter de votre suspension magique.

Caractéristiques techniques :

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : Aluxx SL-grade alumium – Fourche : RockShox Yari, déport 42 mm – Amortisseur : RockShox  Deluxe select+ – Freins : Shimano levier M501/étrier MT520, ø203 mm – Dérailleur arrière : Sram NX Eagle – Pédalier : Sram Descendent (+ guide chaine MRP), 32 dts – Commande : Sram NX – Cassette : Sram NX, 10-50 dents – Roues : Giant AM TR 30mm alu Boost –
Pneus : av. : Maxxis DHF Exo TR , 29X2.5 ; ar. : Maxxis DHR Exo TR , 29X2.4Potence :Giant Contact SL35, 40 mm – Cintre : Giant Contact Trail, 780 mm – Tige de selle : Giant Contact switch, ø30,9 mm – Selle : Giant Contact SL Neutral – GEOMETRIE : Tailles : S/M/L/XL – Taille : M – Tube supérieur : 600 mm – Tube de selle : 431 mm – Angle de direction : 65° – Angle de tube de selle : 76,8° – Bases : 439 mm – Empattement total : 1215 mm – Hauteur de boîtier : 340 mm – Reach : 455 mm – Stack : 619 mm.

Distributeur : Giant France , Contact : giant-bicycles.com

RENDEMENT [star rating="3"] 
CONFORT [star rating="4"]
MANIABILITE [star rating="3.5"]
STABILITE [star rating="4"]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating="4"]

On aime : Un débattement optimisé • Le choix d’une géométrie abordable • La tolérance du châssis • Magique dans la pente et les courbes • La polyvalence pour un vélo de ce gabarit


On regrette : L’amortisseur dépassé dans l’action • Certains composants plombent le poids • La suspension arrière fortement sous influence du placement du pilote