Focus O1E Team : Only O1E* *Seulement un

Focus est parti d’un constat simple, il leur manquait dans leur gamme un vélo qui soit adapté aux nouvelles conditions de roulage pour les manches de Coupe du monde de cross-country. Alors ils n’y sont pas allés par quatre chemins, ils n’en ont choisi qu’un : le O1E

DR. D. Geiger
DR. D. Geiger

[Htab][tab title=”PRIX”]7999€[/tab][tab title=”POIDS”]9.9 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 100 mm | Déb. ar. : 100 mm[/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, vallonné.[/tab][/Htab]

Que vous l’appeliez le O1E, ou « One », le résultat sera le même : vous avez sous les yeux l’idée de ce que se fait Focus du VTT de cross-country moderne. Et vous savez quoi ? Nous, on aime bien cette idée. C’est amusant comme ce même vélo, roulé par le pilote Florian Vogel sur une manche de Coupe du monde, il y a presque un an, maquillé, et habillé d’une chaussette néoprène sur son amortisseur ne nous avait pas fait autant d’effet. Mais là, ses lignes complètes dévoilées, il est difficile de ne pas rester insensible à ce cadre dessiné tout en finesse. Enfin si l’on excepte le tube supérieur qui, dans sa jonction avec la colonne de direction s’évase telle une pointe de flèche qui vous indiquerait le nord. En même temps, qui lui reprocherait cette incartade vu que cela apporte un vrai gain en matière de précision en rigidifiant la direction, et puis cela reprend l’identité visuelle de la marque créée l’année dernière. C’est aussi le cas du sloping prononcé du cadre, une véritable signature. Tout comme le fameux serrage de la roue arrière, dont le moyeu au format Boost148, le R.A.T. System, est ici repris. Bien entraîné, en 15 secondes vous effectuez un changement de roue. Oui, oui, retirer et remettre la roue. Qui dit mieux ? En tout cas, une chose est certaine, les roues 29 pouces trouvent parfaitement leur place ici, sur cette machine développée pour avaler des bornes à des vitesses supersoniques. Pour épurer encore plus ses lignes, le cadre fait disparaître la câblerie de ses entrailles. Pour le coup, tout passe sur le flanc gauche de la colonne de direction. Pour ne pas dénaturer sa mise en valeur, point de gros plot pour un dérailleur avant. En effet, le montage d’une fourchette de changement de plateau passe par l’ajout d’une pièce supplémentaire qui vient se prendre sur le pontet du bras arrière. Avec beaucoup d’humour, les ingénieurs ont appelé cette pièce le Burrito Bridge, une sorte de référence à Specialized et son Taco Blade dont l’usage est similaire.

Mais le meilleur est à venir. Un vélo est toujours plus facile sur la durée s’il est léger. Ça tombe bien les ingénieurs se sont penchés aussi sur ce cas. Le résultat ? Le cadre du O1E ne fait que 1 830 g sans son zébulon, mais avec toutes les vis et autre patte de dérailleur, et toutes ses couches de peinture. On comprend mieux que Focus puisse nous exhiber une version qui ne sera pas produite, de seulement 8,97 kg avec une tige de selle télescopique. Pas mal pour un 29” de 100 mm de débattement. De bon augure pour les modèles de la gamme mis en vente. On est vraiment là dans les cadres les plus légers de cette catégorie.

Compacte, recentrée, abaissée

Pour magnifier ce châssis, Focus a développé une nouvelle suspension, la F.O.L.D Concept (Focus Optimized Linkage Design). Le principal avantage de ce système, c’est qu’il est relativement compact et localisé au milieu du vélo. En abaissant au maximum cette charge, on obtient un point de centre de gravité le plus bas possible. Ce qui est tout bénéfice pour la qualité dynamique du vélo. Le vélo est plus réactif dans les changements de direction, se place plus facilement. De plus, le fait que cet ensemble soit compact permet également de gagner en rigidité, et libère suffisamment d’espace pour y loger un porte-bidon. Mais revenons rapidement sur la rigidité. Choisir de proposer une suspension monopivot dotée de biellette/basculeur, permet de créer un triangle arrière d’une seule pièce, qui est ici très compact, exempt de point de pivot à l’arrière donc plus léger. Or rappelez-vous, un triangle arrière allégé, s’il est associé à un train roulant, lui aussi plus adepte du poids plume, est plus rapide à mettre en mouvement, comprenez qu’il sera mieux lire le terrain. Hum ! Et puis, soyons clairs, mettre l’amortisseur dans cette position et non plus attaché au tube supérieur, comme c’est le cas sur le Focus Spine que nous avons testé le mois dernier, permet de conserver une cinématique identique et une gestion de l’amortisseur similaire, quelle que soit la taille du cadre. Pas besoin de rallonge de biellette, etc… Ce qui n’est pas le cas avec le Spine qui demande (sur le papier), une ajustement de l’agrandissement du triangle avant. Bon, là, vous vous demandez : « Mais comment ça fonctionne ? ». En fait, c’est simple.

Un couple d’enfer

DR. D. Geiger
DR. D. Geiger

Vous avez le Guidelink, c’est la “grosse” biellette en carbone. Elle a la charge d’assurer que le triangle arrière soit toujours dans le même axe que le pivot principal. En gros, elle assure la rigidité latérale. La force du travail des ingénieurs est d’avoir su la dimensionner de sorte qu’elle trouve l’équilibre subtil entre trop de rigidité et souplesse, et donc dévoiler un cadre tolérant. Vous avez ensuite le Mainlink, c’est le basculeur, celui qui va impulser une courbe de compression à l’amortisseur. Pour le coup, lui est en alu. Ici, les ingénieurs ont décidé de donner à la suspension un premier tiers (jusqu’au point de précontrainte), dégressif (c’est le mot à la mode). En gros, la suspension est plutôt souple pour obtenir un maximum de motricité et de déclenchement sur les petits chocs. Ensuite, elle devient de plus en plus progressive pour permettre au vélo de rester stable dans l’absorption des chocs. De quoi permettre au vélo de conserver une bonne stabilité dans le défoncé, ou dans les gros virages en appuis, et ne pas s’ouvrir au moindre gros choc.

Les gammes

Pour permettre de toucher le nirvana, Focus décline son offre de cadre carbone sur trois modèles O1E : Evo (3 999 € – 11, 9kg) , Pro (4 699 € – 11,9 kg) et Team (7 999 € – 9,9 kg, en test). Ce dernier joue les stars en proposant un équipement qui touche à l’excellence puisque qu’il est paré de la RockShox RS-1, des freins Sram Level, des très dynamiques roues DT Swiss XR 1501 et de la fameuse transmission Sram Eagle en 1×12. Autant vous dire que là, il y a de quoi se prendre pour Florian Vogel. Un regret, l’absence d’une tige de selle télescopique (le cadre est prévu pour la recevoir) ! Hou là, j’entends déjà les puristes commencer à grogner. Oui, ça alourdirait un peu le vélo, mais vu les aptitudes de cabri que possède cette machine à sensations, elle ne sera pas de trop pour gagner de précieuses secondes dans les passages techniques !

Une révélation

C’est sous un déluge que nous prenons possession de notre O1E tout neuf sorti du carton. Décidément comme une bonne partie de la France en cette fin juin, Morzine n’est pas épargnée par la pluie. Mais il nous en faut plus pour rebrousser chemin, surtout quand il nous est donné la chance de rouler l’une des plus belles machines de cette nouvelle saison. Exit les Continental Race King, remplacés pour l’occasion par des Continental Baron en 2.4 au profil dédié aux terrains glissants. Première boucle et déjà le vélo laisse un arrière-goût d’inachevé. Certes la taille M taille comme un vrai taille M (reach de 435 mm), sous-entendu qu’un pilote d’1,70 m sera plus à son aise sur un S, à moins de changer la potence en 90 mm pour une 70 mm qui sera bien mieux dans le programme. N’oublions pas que c’est Florian Vogel, pilote pro de Coupe du monde XC qui a participé au développement, ce qui peut expliquer cette “petite” fausse note. Mais non, le sentiment d’incertitude ne vient pas de là. Avec 25% de précontrainte (environ 165 psi dans l’amortisseur), le vélo est stable au moindre coup de pédale. Assis ou debout à bourriner sur les pédales, la suspension ne bouge pas d’un iota, même sans avoir recours au blocage artificiel de l’amortisseur depuis la manette. C’est bon ça ! Par contre, tout le discours des ingénieurs sur le côté sensibilité et motricité, je ne le ressens pas sur le terrain. Pire, le vélo n’est pas sécurisant dans la pente, certes rendue technique par les coulées d’eau et de boue, mais quand même. Et puis, la RS-1 ne travaille pas comme celle qui m’accompagne depuis son lancement. Retour au stand. Contre l’avis des ingénieurs qui ne comprennent pas ma démarche, je décide de passer à 30% de précontrainte (environ 150 psi), de mettre moins d’air dans la fourche mais d’ajouter des cales (Token) pour rentre la fourche sensible, mais sans qu’elle n’aille en fin de course pour un oui ou un non. Pour l’amortisseur, pas de cale, le Monarch XX monté ici ne le permet pas. Tant pis, on verra bien si la suspension est si progressive qu’annoncée. Et me voilà reparti. Le vélo est métamorphosé ! A chaque coup de jarret, le vélo produit une explosion, tendant la suspension pour procurer une motricité de tous les instants. Et surprise, même avec ces nouveaux réglages, la suspension FOLD n’émet aucun mouvement de va-et-vient. Quel contrôle. Mieux, la roue arrière ne bute plus sur les racines en côtes, et les avale comme pour les défier. Rien ne l’arrête. La rigidité de l’ensemble procure un vélo précis, bizarrement facile à placer, merci les roues DT Swiss. Avec des Enve, ou autres roues très rigides, il en aurait été tout autrement. Le vélo grimpe sans demander d’effort surhumain. Ok c’est l’avantage de faire moins de 10 kg, mais pas seulement. La gestion de l’anti-pompage ne se fait pas au détriment d’un pédalage perturbé par une irrésistible envie du pédalier à emmener vos jambes dans le sens opposé.

Même si la jonction entre la partie arrière et avant du cadre est bien calibrée, le vélo demande un peu de poigne pour le maintenir sur la bonne trajectoire. Les premiers virolos confirment l’aisance avec laquelle on peut le faire bouger de gauche à droite sans contrainte. Le vélo s’accroche au sol, et autorise des vitesses de passage surprenantes pour un 29”. J’en viens alors à penser qu’un arrière un peu plus court n’aurait pas été de refus, mais rapidement, je comprends que je me trompe. Dans la pente, la stabilité qui est maintenant parfaite, aurait été en retrait. Quelle arme. Difficile d’imaginer qu’il n’a que 100 mm tant il ne nous alerte jamais qu’il en arrive à bout. On saute les difficultés d’un simple bunny up pour arriver encore plus fort dans la difficulté suivante. Un cabri ? C’est sûr que le comportement du O1E avec ces réglages, donne un coup de vieux aux VTT de cross-country traditionnels. Débouler comme ça sur les pistes de Morzine, dans ces conditions avec un petit vélo comme celui-là, qui l’aurait imaginé ?

Si vos finances vous le permettent, sautez sans hésiter vers le O1E Team, il saura vous le rendre au centuple. Sinon, alors sans hésitation adoptez un Evo. Oui, le premier prix ! Il est au même poids que le Pro, 700 € plus cher, et vous bénéficiez d’une vraie transmission 1x11et de la nouvelle fourche RockShox SID. Seuls les freins et peut-être les roues seront à faire progresser avec le temps.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L – Modèle d’essai : M – Cadre : carbone – Fourche : RockShox RS-1 100mm – Amortisseur : RockShox Monarch XX – Freins : Sram Level Ultimate, ø/160 mm – Dérailleur avant : – Dérailleur arrière : Sram XX1 Eagle – Pédalier : Sram XX1 Eagle, 32 dts – Commandes : Sram XX1 Eagle – Cassette : Sram XX1 Eagle, 10/50 – Roues : DT Swiss XR 1501 – Pneus : Av. : Continental Race King, 29×2.22 – Potence : Concept CP, 90 mm – Cintre : Concept CP, N.C. – Tige de selle : Concept CPX, ø31,6 mm – Selle : Fi’Zi:k Tundra M3 – GEOMETRIE : Géométrie* (*Données constructeur) – Taille M – Top tube : 602 mm – Tube de selle : 445 mm – Angle de direction : 69,2° – Angle de tube de selle : 74,5° – Bases : 448 mm – Empattement total : 1146 mm – Hauteur de boîtier : nc – Reach : 435 mm – Stack : 605 mm.

Distributeur : Focus, Contact : www.focus-bikes.com

RENDEMENT [star rating=”4.5″]
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MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

[quote] On aime : Plaisir du pilotage facile • Anti-pompage effectif • Confort et motricité* (*avec 30% de précontrainte)
On regrette : Nécessite un peu d’attention aux réglages de suspensions pour donner le meilleur de lui-même • Cintre et potence quelconques à ce prix.[/quote]