Commençal Super 4 Carbon : le Super (re)devient carbone

Modifié l’année dernière pour coller à un usage plus racing, le Super 4 revient, pour 2010, dans une version carbone plus légère et encore plus rigide. Effet marketing ou avancée réelle ?

Visuellement, le cadre du nouveau Super 4, réalisé en fibres haut module K12, avec une construction monocoque, en jette un max, d’autant que cette nouvelle mouture allège le châssis de 290 g. Cela met le cadre plus l’amortisseur à 2,580 kg. Pas mal ! Plus précisément, le gain de masse est évalué à 225 g sur le triangle avant et 60 g sur le bras arrière. Pour l’occasion, les bases ont été renforcées avec un petit plus, le point de contact entre les pattes et le moyeu étant augmenté pour gagner en rigidité. La sobriété du châssis, de la tige de selle et du cintre carbone, associée à la touche blanche des jantes, classe tout de suite ce produit dans le haut de gamme. Et que dire du choix des designers de laisser les tresses de la fibre de carbone sous le vernis de la douille de direction ? Il n’y a rien de plus cruel que de posséder un cadre carbone et de ne pas le faire admirer à ses copains !

Le Super 4 version Carbone est une vraie réussite

Déjà revus l’année dernière, le système de suspension et la géométrie n’ont pas été retouchés pour 2010. Ils ont simplement été adaptés à la construction de l’ossature carbone. Pour rappel, la suspension nommée Contact System constitue la pièce maîtresse de ce cadre. Le triangle arrière est relié au triangle avant par un point de pivot unique. Pour une rigidité et une fiabilité accrues, ce point de pivot principal intègre une seule pièce extrudée qui englobe la boîte de pédalier. L’alignement de l’ensemble est ainsi préservé des rétractations dues au séchage des fibres. L’axe accomplit sa rotation avec l’aide de trois roulements annulaires, deux à gauche, un à droite. Les haubans, qui font office de biellettes, attaquent directement le basculeur de l’amortisseur. Notez que pour limiter les contraintes de torsion sur l’amortisseur, le basculeur a été rigidifié via l’ajout d’une entretoise reliant ses deux plaques, simulant une pièce monobloc.

Le point de pivot a été positionné au niveau du deuxième plateau afin de minimiser le pompage et réduire le phénomène de tension de chaîne lorsque celle-ci se trouve sur le petit plateau. Au passage, cette localisation a permis de réduire la longueur des bases. Cela a pour effet de rendre les accélérations plus explosives et de rigidifier un peu plus le bras arrière. Ainsi développée, la suspension arrière du Super 4 annonce 100 mm de débattement. Reste que pour l’amorti, Commençal a voulu une suspension en accord avec le programme défini pour ce Super 4, un marathonien capable de monter mais aussi de descendre. Il a fallu trouver la bonne combinaison pour avoir un effet de pompage réduit au maximum tout en conservant une grande sensibilité sur les petits chocs et une grande capacité d’encaissement des gros chocs. Les ingénieurs se sont ainsi mis en relation avec leurs homologues de Fox pour trouver la bonne adéquation entre la cinématique du Contact System et l’hydraulique de l’amortisseur.

Le côté ludique et joueur se ressent sur la suspension

Le travail effectué sur l’amortisseur fait sensation. Avec le ProPedal enclenché, la suspension se comporte comme un vélo de cross-country. Pas d’enfoncement, même quand on pédale en danseuse. Avec ces 11,5 kg sans pédales, les côtes roulantes se transforment en faux plats. Le plus étonnant, c’est que le grip est toujours présent. Dans les ascensions cassantes, la suspension distille une adhérence à la roue arrière, permettant de franchir cassures, racines ou bloc de rochers avec une aisance déconcertante. En libérant le ProPedal, c’est encore plus flagrant, l’accroche est réelle mais pas au détriment du rendement général. On reste plus longtemps sur le plateau du milieu. Si vous devez vraiment passer sur le petit plateau, il n’y a pas de phénomène de kickback (tension de la chaîne lors de la compression de la suspension) dans les manivelles. La partie cycle, fidèle à la philosophie de la marque, se montre très efficace dans les petits chemins techniques. Le cadre sloping, avec une hauteur de tube de selle de 440 mm, offre une mobilité parfaite au pilote.

Grâce aux bases de 425 mm, la maniabilité et la nervosité se traduisent sur le terrain avec des passages en virages plus rapides. Le centre de gravité, bien recentré autour du boîtier de pédalier, permet d’enrouler les singles au ras des arbres et la vivacité de direction autorise le pilote à raccourcir les trajectoires en faisant «l’intérieur» à ses petits copains. La proue est désormais équipée d’une Fox 32 FRL en 120 mm de débattement contre 100 mm l’année dernière. Cet accroissement de débattement ouvre d’autres horizons au Super 4. Plus de performance et de stabilité en descente technique, sans que le rendement en pâtisse. Pour les allergiques au «gros» débattements ou ceux qui utilisent uniquement leur vélo en cross-country en plaine, il est possible d’ajuster le débattement à 100 mm via une modification interne de la fourche (câle). Très honnêtement, en position 120 mm, la géométrie est parfaite pour un usage polyvalent. Les délestages que l’on peut craindre à l’avant dans les fortes pentes ne sont qu’une légende urbaine. En effet, les ingénieurs ont doté ce cadre d’une longueur de tube supérieur de 585 mm pour un taille M, associée à une potence Race Face Deus de 90 mm. Une très bonne combinaison.

L’équilibre général est parfait. Nous aurions quand même préféré une bague de plus sous la potence. La position aurait été moins en appui sur les poignets. Malgré cela, le vélo reste performant quand la pente devient négative. On se surprend à descendre très vite ce que l’on vient de grimper. Le faible poids de l’ensemble incite le pilote à décoller pour un rien et à s’éclater sur les bosses. Ces gros chocs sont aussi bien gérés que le pédalage. Les réceptions sont absorbées en toute sérénité, sans coups de raquette intempestifs. On se prend à rêver d’une version en 120 mm pour encore plus de plaisir mais déjà, le vélo file d’un virage à l’autre en souplesse… Les pneus Schwalbe Rocket Ron 2.25 sont un modèle de polyvalence, capables de passer d’un terrain sec à un terrain humide avec une accroche toujours présente. Même estampillé DT Swiss pour les jantes et équipé d’un moyeu Shimano XT, le train de roue demeure un peu «cheap» sur un vélo de presque 4 000 e ! On aurait plutôt vu une paire de roues tubeless. En revanche, la transmission est un parfait mélange de Sram, Shimano et Race Face. Preuve que le mixage des composants fonctionne très bien quand il est fait intelligemment. Un mot sur le choix des freins Formula R1 : ils sont parfaits ! Une puissance généreuse pour des disques en 160 mm, un bon feeling au toucher, une réussite, visuellement, sur le cintre… Que demander de plus ? N’ayons pas peur des mots : le Super 4 en version Carbonne, on «a(n)dorre» !