Cannondale Flash Hi Mode 2 : Gare aux éclairs !

L’arrivée de Peter Denke, transfuge de Scott, a permis à Cannondale de revenir en tête des VTT de cross-country pur léger. A moins de 9 kg dans cette version et 7,5 kg dans la version haut de gamme, le Flash décoiffe !

Cannondale a la réputation de fabriquer des cadres en aluminium et ce, depuis sa naissance. La belle finition des soudures polies à la main, la qualité des alliages, les peintures qui ne vieillissent pas, une garantie à vie, une image forte… Ce métal est inévitablement lié à Cannondale. Mais puisqu’il faut être à la mode, on voit maintenant de la matière carbonée s’incruster dans le catalogue. L’avantage du carbone est avant tout un gain de poids même si dans l’absolu, la masse gagnée par rapport à un alu haut de gamme est relativement faible. Le monde de la compétition est impitoyable pour l’être humain et pour son environnement… Nous ne lancerons pas de débat philosophique mais cette course au gain de poids ultime est assez éloignée des besoins et des souhaits réels des vététistes que nous sommes. Les ingénieurs ont planché jour et nuit pour pouvoir proposer un VTT pesé, dans notre version milieu de gamme, à 8,30 kg et doté d’une fourche de 110 mm de débattement. D’ailleurs, pour fêter le dixième anniversaire de la Lefty, pas moins de sept modèles sont proposés, dont certains ont été développés avec Fox. Sur notre modèle Speed carbone DLR en 110 mm de débattement, on trouve le réglage de précontrainte air, pas très aisé à jauger en raison du soufflet protecteur du tube plongeur, la détente, très sensible, et le blocage, situé sur le haut du fourreau gauche.

Usine à sensations !

La finition de cette fourche est superbe et sa rigidité exemplaire. Son poids de 1 155 g en fait un must en matière de légèreté. Petit bémol : les ingénieurs n’ont pas trouvé mieux qu’un collier Rislan pour maintenir la durite de frein avant, qui passe à quelques millimètres du pneu. Il est conseillé d’aller sur le site Internet de Cannondale qui propose des diagrammes de comparaison entre sa fourche et la concurrence, chose impensable en France. Cela fait 25 ans que Cannondale fabrique des VTT. En matière d’innovation, les ingénieurs maison n’ont jamais été à la traîne. Sur ce modèle rigide comme sur les autres, ils ont cherché à allier performance, légèreté, rigidité et confort. Certains pensent encore qu’un vélo rigide offre du rendement. Sur la route, peut-être. Mais l’univers du deux-roues sans moteur est plein de chemins. C’est là que le carbone peut prendre l’avantage, avec les possibilités pratiquement infinies offertes par sa mise en œuvre. Les Nord-Américains ont conçu un VTT qui présente un rapport rigidité/poids supérieur à 100 sur l’échelle du laboratoire Zedler, ce qui est une première mondiale. Les chiffres ne suffisent pas à expliquer comment on obtient cette rigidité. Le carbone utilisé (construction tube à tube) est de haute résistance (haut module). Chaque partie du cadre reçoit des fibres différentes, soit pour dissiper la chaleur du frein à disque, soit pour se soumettre aux chocs de la colonne de direction, soit pour protéger le tube diagonal des projections de pierres ou pour procurer du confort au niveau des bases et haubans.

L’avant du Flash est énorme. Il englobe bien sûr la colonne de direction (elle accepte les fourches Headshok, 1”1/8e, 1”1/5e et 1”1/5e coniques, une première !). Il doit aussi supporter cette fourche monobras et accentuer la précision de pilotage. En comparaison, l’arrière paraît bien frêle avec des bases et haubans très fins censés apporter une souplesse verticale. Les fibres ne sont pas interrompues entre le tube supérieur et les haubans (il s’agit de garder une rigidité latérale importante). Celles utilisées pour le tube diagonal sont du même type que celles utilisées pour les gilets pare-balles… On peut donc traverser le Bronx sans risque de voir son cadre percé ! Le tube de selle est très large et évasé au niveau du boîtier de pédalier pour augmenter la rigidité latérale et la rigidité en torsion du pédalier. Le but est d’offrir un transfert de puissance immédiat. Tout est fait pour gagner du poids. Le système de support d’étrier est de type postmount de façon à se passer d’adaptateur. Notre modèle d’essai était équipé d’un disque de 140 mm. Le dérailleur avant à montage direct permet lui aussi d’économiser du poids puisque le tube de selle n’a plus une épaisseur de paroi supplémentaire (nécessaire pour le dérailleur standard à collier). Le boîtier de pédalier à paliers lisses, de type BB30, autorise le montage d’un pédalier Hollowgram SL plus léger de 75 g. Au final, le cadre en fibres haut module est annoncé à 850 g (cadre en taille M avec peinture, collier de selle et patte de dérailleur), la référence du moment. Notez que Cannondale propose une version moins exclusive dans une fibre standard, pour un poids de 1 100 g.

Pour atteindre une telle masse, l’accastillage se met au niveau d’un cadre et d’une fourche qui comptent parmi les modèles les plus légers du marché. Notamment le train roulant, impressionnant : les roues DT Swiss, pesées à 1 400 g, sont chaussées de vrais pneus tout-terrain Schwalbe Racing Ralph Evo 26×2.1 et non de savonnettes bonnes pour être exposées dans un salon. Le pédalier FSA Afterburner, très léger, est en triple plateau. Il existe une version en 2×10 pour les purs et durs du cross. D’ailleurs, le cadre possédant une ligne de chaîne optimisée pour le 2×10, on s’interroge sur cette version triple… La tige de selle Cannondale Save est toujours au diamètre 27,2 mm et utilise des rails déjà vus sur des tiges de selle Use. Elle présente une originalité : elle est aplatie au centre. Cette caractéristique lui permet d’être flexible d’avant en arrière sur environ 1,5 cm. Le but est d’offrir une certaine dose de confort lorsque le pilote est en selle. Hier, on utilisait des tiges de selle en titane. Aujourd’hui, elles sont en carbone !

Pas de compromis

Enfourcher un VTT de 8,30 kg nous ramène 10 ans en arrière. A l’époque, votre serviteur roulait sur un Sunn Titane bien préparé, bien sûr. Comme quoi, le progrès observé en une décennie n’a pas tant changé les choses pour les VTT rigides… Pas de temps d’adaptation sur ce Flash, on est bien installé pour envoyer du braquet. Il est évident qu’avec une telle masse, un coup de pédale suffit pour comprendre que le rendement est là. Les grosses cuisses ne feront pas plier le boîtier de pédalier ni les manivelles. On se croirait sur une poutre ! En relance, les pilotes les plus rugueux devront bloquer la fourche Lefty carbone. Ne cherchez pas à la régler plus durement, l’effet yoyo se fait sentir uniquement en descente. Il faut plutôt profiter de sa réactivité au moindre choc et de sa capacité à absorber les gros impacts. Cet avant se révèle très précis dans les monotraces techniques, même ceux pris rapidement. On dirige le Flash comme on le veut. Très rapidement, on se retrouve à pédaler seul, loin devant ses copains de virée. Un sentiment aussi amusant que grisant ! C’est l’effet Flash. Ce VTT est un jaguar. Il part fort et ne se désunit pas au moindre faux plat. Il faut peu d’efforts pour conserver une vitesse de croisière ahurissante. Et ce, même si la force n’est pas au rendez vous. Les moyennes s’envolent de façon très impressionnante.

Mais il y a un bémol : le Flash n’est pas une référence en matière de confort. La tige de selle flexible Save n’y pourra rien : il faut une sacrée santé pour garder le rythme longtemps sur un terrain cassant. Bien sûr, ce Flash filtre plutôt bien les vibrations, les petits nids de poules et les petites racines mais le reste du temps, on retrouve les Cannondale de la belle époque… Il n’y a pas de demi mesure : soit on roule à bloc et le Flash surfe sur les chocs, soit on subit l’inconfort et le calvaire dure longtemps. Aussi, les Mérida O-Nine et Look 986 conserveront leur suprématie. Ces deux marques ont bien compris que le confort faisait partie intégrante de la performance. Le Flash est pénalisé dans les montées un peu défoncées où un certain manque de motricité se fait ressentir. Il faut une bonne dose de pilotage pour conserver sa ligne. Heureusement, sa faible masse permet de grimper sans trop d’efforts au niveau des jambes En descente, le fonctionnement de la fourche rassure. On peut lâcher les freins Avid Elixir R même si le disque de 140 mm à l’arrière est un peu juste en puissance et provoque un mauvais toucher au levier. L’arrière suit comme il peut. Il y a longtemps qu’on a quitté la selle pour se concentrer sur la bonne trajectoire. Attention à la vivacité en courbe, les 70° d’angle de fourche demandent un pilotage ferme et viril.

Conclusion :

Pour qui est ce Flash ?
Ne vous trompez pas de monture. Ce Cannondale Flash est un VTT de compétition, un pur, un dur, un vrai. On ne peut pas faire semblant, sous peine de provoquer un rejet total. Les podiums sont en vue avec une bonne condition physique, même si le terrain ne lui est pas favorable. Avec sa faible masse, le Falsh vous donnera des ailes. Côté sensations, il vous rendra vos efforts au centuple. Seulement voilà, en reprenant son VTT de 1997, votre serviteur s’est dit qu’il avait déjà tout ça et avec le confort en plus…