BMC Teamlite 02 : la rigueur Suisse

Parfois, l’art et le terrain ne font pas bon ménage.Chez les Suisses, riend de tout cela. Avec ce semi-rigide, BMC trouve le compromis entre rendement et confort sur un cadre aluminium.

Dès le début du renouveau de BMC, c’est la compétition qui a été le moteur de la marque, aussi bien en termes d’image, que de recherche et développement pour tous les produits route, triathlon, ou VTT. En dirigeant malin, Andy Rihs a su aussi s’entourer de sponsors qui ont contribué à donner une forte image de BMC, et bien sur à financer tous ces projets. Il n’y a qu’à regarder le programme énorme de courses auquel participe les équipes BMC pour sans convaincre. Impressionnant. A croire les ingénieurs de la marque, ils sont tous des passionnés de vélos. Tant mieux, ça nous réconforte qu’ils ne veulent pas concevoir des machines à laver, on de seulement vouloir prendre un vélo dans un catalogue 3 Suisses taïwanais. Le bureau recherches et développements s’occupe des cadres, mais aussi de tous les accessoires autour des vélos, sauf fourche, amortisseur et transmission.

La technologie

Les teams de courses sont aussi là pour tester, et valider certaines solutions techniques, qui normalement devraient nous convenir, nous les utilisateurs non compétiteurs de haut niveau. BMC se targue d’avoir des VTT au caractère affirmé, peut être, mais jusqu’aux derniers millésimes, on ne peut pas dire qu’à la rédaction de Vélo Tout Terrain nous nous sommes réjouis particulièrement des géométries, notamment des tout-suspendus. Le rigide de notre essai est un beau VTT. La qualité des soudures, de la peinture et vernis attirent le regard, mais c’est surtout cette ligne unique qui nous a donné envie de vous faire partager cet essai. Le cadre en aluminium triple épaisseur, utilise le procédé d’hydroformage pour les tubes supérieur et diagonal, donnant cette forme si caractéristique au TeamLite. Haubans et tube supérieur ne se rejoignent pas l’un en face de l’autre, là aussi l’identité visuelle est forte. Il a fallu alors adjoindre un renfort pour le tube de selle, sous peine de contrainte trop importante, et de risque de pliage sous le poids du pilote.

Les bases de sections importantes se passent de pontets de rigidification, et les haubans sont en fait une seule pièce monocoque qui vient se souder très bas sur le tube de selle. L’avantage d’un tel système est une répartition des chocs ailleurs que dans la colonne vertébrale du pilote, chose que peu de marques se soucient, sauf GT qui eux aussi utilise la même façon de dissiper les ondes de chocs. Petite remarque tout de même, il est étonnant de ne pas avoir positionné le renfort en haut du tube supérieur, autorisant de cette manière un slooping plus important du cadre. Il faudra donc faire attention au moment de l’achat, de ne pas se tromper de taille de cadre.

Sur le terrain

Nous l’avons vérifié de suite, roulant direct vers nos zones tests impitoyables pour les cadres, avec à la clé une sortie avec les honneurs. Le Skeleton fork (nom du dessin de ce système), est une réalité, pas un coup de marketing. Normalement, le Skeleton doit être un tape cul infernal si l’on prend pour référence cette luge où le pilote à la tête la première dans la pente. Et bien raté ! Nous avons affaire à un des rares VTT aluminium confortable. Rendement ne rime pas avec rigidité à tout prix, merci d’avoir compris la solution. Alors que l’avant est très rigide latéralement, l’arrière donne l’impression de pouvoir rouler sans se demander par où passer lorsque le sol devient très cassant. D’autant plus que l’on peut accélérer sur ces parties défoncées sans perdre de motricité ou rester sur la selle, sans trop subir l’inconfort de cette dernière. Attention, pour modérer notre enthousiasme, les pneus Continental RaceKing en 2.2 sont très performants et dotés d’un grand volume d’air. N’empêche que ce BMC peut s’aligner sur des courses difficiles et longues, sans faire souffrir son pilote.

Confortable, accélérant généreusement, le BMC ne se tortille pas sous les coups de pédales des plus méchants mollets du circuit. Le tube diagonal participe à la bonne rigidité latérale, et on peut enquiller les monotraces avec force. Entre deux virages, c’est un vrai plaisir d’accélérer, la sensation est grisante. Il va où l’on veut l’emmener, aider par un guidon de cross country très bien dessiner, rare pour être signalé, (et pour les autres, y’a pas de honte à copier les bonnes idées !). Cette position incite aussi bien à mettre du gaz, qu’à profiter du paysage devenu enfin printanier. Si le TeamLite part en dérive, un petit coup de guidon en contre braquage, et le VTT se remet en ligne, même si l’angle de fourche aurait demandé à être plus généreux. Pareil, si l’on déboule dans les grandes allées forestières à plus de 35 km/h, il garde la vitesse, quelle qu’elle soit, sans demander des relances tous les cent mètres. Preuve qu’il accélère, mais ne s’essouffle pas au moindre faux plat, ou coup de pompe du pilote. Dans cet exercice, le pilote peut compter sur un compagnon de sortie qui saura lui mettre le moral au beau fixe, important lorsque le physique ne suit plus.

En cote, l’excellente motricité le fait grimper n’importe quoi, et pour les gros coups de cul, il suffit de mettre du poids sur l’avant, sous peine de roue arrière involontaire. Pour ceux qui aime le nez dans le guidon, la fourche est coupée haute, laissant plusieurs centimètres d’amplitude de réglages. Dans le sens inverse, tant que l’on ne veut pas s’amuser à suivre un enduro, le BMC file droit, est presque facile, avec toujours cette capacité à contenir les chocs venant de l’arrière. Par contre, il faut un bon niveau de pilotage pour aller très vite dans le technique, car même si la fourche Rock Shox Reba est parfaite pour amortir les chocs, la vivacité de la direction surprend : pas le temps de contre braquer, on est par terre avant. Là aussi, un petit plus d’angle ne nuirait pas au plaisir, et stabilisera ce fougueux crosseur, qui ne demande qu’à aller vite partout, même en descente. Par ailleurs, on se demande pourquoi avoir greffer des disques de 185 mm sur un tel VTT, surtout à l’arrière, la puissance des Avid Elixir 5 bloquant instantanément la roue.