Antidote Carbonjack 29 : Un look d’enfer

Si vous n’avez jamais entendu parler de la marque Antidote et de son nouveau Carbonjack 29, n’ayez crainte, c’est normal. Cet artisan polonais propose un nouveau vélo d’enduro tout droit sorti d’un Marvel ou d’un comics. Nous vous livrons nos impressions sur ce magnifique objet.

DR. J. André

Prix : 7 199 € | Poids : 14,8 kg en taille M ; 5 kg les roues | Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 150 mm | Pratique : enduro/randuro

En préambule du test de ce nouveau Carbonjack 29, il est préférable de présenter cette petite marque. Comme son nom ne l’indique pas, Antidote est une marque polonaise. Nous trouvons à la tête de cette compagnie deux jeunes passionnés de VTT engagé. Ils ont décidé il y a quelques années de se lancer dans l’aventure de concevoir leurs propres machines et de les commercialiser. Comme si la tâche n’était pas assez ardue, ils se sont fixés pour objectif de réaliser tous leurs produits en carbone et surtout de les fabriquer dans leurs locaux en Pologne. Le Carbonjack 29 est le dernier-né de leur production. Il arrive à point nommé dans le segment des gros vélos d’enduro en 29”. Pour fabriquer ce beau jouet, Antidote utilise un processus de fabrication classique de type monocoque comme la plupart de la production asiatique. Les gars utilisent différentes fibres de composites suivant les zones de contraintes. Le Carbonjack 29 a donc des couches de carbone de qualités différentes mais aussi des couches de Vectran© et de Kevlar©. Nous avons ainsi un cadre optimisé niveau poids et robustesse. Nous pouvons constater que comparé à d’autres vélos de la catégorie en carbone classique, nous avons ici moins d’empiècements collés ou vissés pour protéger les parties sensibles (dessous du tube inférieur par exemple). Nous sommes véritablement en phase avec cette philosophie car c’est tout de même dommage de faire du carbone pour ensuite le camoufler de protections disgracieuses.

Nous n’allons pas vous cacher que nous avions hâte de pouvoir tester ce vélo tellement il nous avait tapé dans l’œil lors de sa présentation. Une sorte de vélo-concept avec des lignes agressives qui paraît tout droit sorti d’un bon film d’action où tous les détails sont soignés comme les pièces rapportées en aluminium usinées CNC ou encore la visserie entièrement en titane. Une finition à tomber, elle laisse sans voix. Nous nous demandons comment même certains concurrents peuvent nous proposer des prix de cadre aussi élevés avec une finition bien moindre. Nous sommes ici dans la haute couture du VTT comme peut l’être Unno en Espagne. Au niveau de l’agencement de la suspension, le Carbonjack 29 ne fait pas dans la dentelle avec un système de type pivot virtuel. Le triangle arrière est unifié et il est relié au triangle avant via deux biellettes (une entre le tube de selle et le haut du triangle arrière et une autour du boîtier de pédalier et le bas du triangle arrière). L’amortisseur est pris en sandwich entre ces deux biellettes. Ce système est déjà vu, notamment chez Mondraker, mais ici le point de pivot principal se déplace différemment avec l’enfoncement de l’amortisseur. Il est placé au-dessus du plateau en début de course pour ensuite partir vers le bas et l’avant du cadre. Il s’agit d’une solution originale qui permet sur le papier d’avoir un bon dynamisme au pédalage et aussi un confort accru en descente. La géométrie du Carbonjack 29 est assez conventionnelle pour un vélo d’enduro et nous ne sommes vraiment pas dans des extrêmes comparé à d’autres machines. Nous sommes cependant étonnés de l’angle de selle inférieur à 75° pour un vélo avec 150 mm de débattement à la roue arrière. Le choix des composants est sans prise de risque, mais totalement en adéquation avec le programme du vélo.

Sur le terrain

Il faut prendre un peu de temps pour ajuster au mieux les suspensions Fox Factory 2020. L’amortisseur X2 et la 36 Grip 2 demandent un peu d’expérimentation pour trouver un compromis intéressant et performant. Nous commençons notre test avec une précontrainte de 30 % sur l’amortisseur arrière (55 mm de course) et un petit peu moins sur la fourche (27 %) du fait de la charge en hydraulique sur ce modèle. Nous ouvrons généreusement les compressions pour ensuite les refermer si nécessaire suivant le terrain et notre vitesse de passage. Au niveau de la détente, nous nous positionnons dans le dernier tiers de la place (en partant de tout fermé) pour avoir un vélo assez dynamique malgré l’empattement et aussi compte tenu de notre poids. Les premiers tours de roues sont assez déroutants. Nous avons l’impression d’être bas de l’avant et légèrement trop couché. Nous ajustons les bagues sous la potence pour nous relever et aussi diminuer la distance entre le cintre et le cadre. Nous avançons également la selle au maximum pour encore réduire l’espace des points de contacts (mains/fessier). Nous trouvons quelque chose de plus cohérent mais nous nous sentons toujours un peu trop sur l’arrière et nous changerons au final la selle pour un modèle permettant de gagner quelques précieux millimètres pour se positionner encore un peu plus sur l’avant. Au niveau du pédalage, le Carbonjack 29 est à son aise sur les pistes lisses et roulantes. Nous sentons immédiatement un gros effet de chaîne (kickback) qui permet de contrer l’enfoncement naturel de la suspension arrière sans devoir la verrouiller. Heureusement que ce système fonctionne, car il n’est pas du tout évident de manipuler le levier de plateforme du X2 dans cette configuration. Dans les montées plus lentes et techniques, nous nous sentons moins à la fête et heureusement que la cassette est équipée d’un pignon de 51 dents pour garder de la vélocité. Le pédalage en force est totalement proscrit sur cette machine sous peine de s’épuiser rapidement. Les passages cassants et trialisants ne sont clairement pas la tasse de thé de cette machine et nous sommes souvent à la lutte pour ne pas toucher les pédales partout (notre plateau en a même fait les frais…). Nous avons essayé de réduire la course morte autour de 25 % et nous avons ajouté de la compression basse vitesse pour garder une assiette plus haute mais cela dénature trop le potentiel du vélo en descente… Nous avons changé d’optique de circuit pour nous consacrer sur des boucles où les ascensions sont moins abruptes et cassantes pour nous faire oublier la position de pédalage trop sur l’arrière ou sinon il faut prévoir des remontées mécaniques. Le Carbonjack 29” est un vélo qui se roule au train, et oui, il faut prendre son mal en patience pour aller chercher de belles traces dans la pente.

Un terrain dégagé et le Carbonjack 29 respire enfin

En descente, le Carbonjack 29 reste un vélo différent des productions concurrentes. La direction nous paraît basse et lourde. Nous nous accommodons petit à petit à cette spécificité en ajoutant une autre cale sous la potence. Une fois lancé, le Carbonjack 29 est très sécurisant. Nous avons l’impression que rien ne peut nous arriver. Nous prenons de la vitesse sans même nous en rendre compte. La suspension encaisse à merveille et les bases longues permettent de rester centré sur la machine. Le Carbonjack 29 est clairement à son aise quand la vitesse augmente et quand les lignes s’élargissent. Nous avons régulièrement la sensation d’avoir plus de 150 mm de débattement à la roue arrière. Ce vélo est aussi très stable dans les parties aériennes où il est super facile de trouver la bonne assiette une fois les deux roues décollées du sol. Si le terrain se fait plus alambiqué, l’histoire se complexifie. Il faut pas mal d’énergie pour brusquer le châssis, et pour garder la roue avant collée au sol. Nous nous attendions à beaucoup mieux de ce côté-là, mais Antidote a choisi son camp en privilégiant la stabilité. Nous sommes dans une logique de vélo de course pour rouler à haute vitesse en toute sécurité et avec le bagage technique pour passer les parties plus complexes.

DR. Jacques André

Au final…

Le vieux proverbe qui dit que l’habit ne fait pas le moine va comme un gant au Carbonjack 29. Il offre un look de voiture de course avec des lignes sublimes laissant présager un tempérament de feu. Mais sur le terrain c’est en roulant tout en contrôle que nous nous sommes finalement le plus régalés. Un vélo qu’il ne faut pas brusquer en montée comme en descente sous peine de se brûler les ailes ou les cuisses. Pour être honnêtes, nous restons sur notre faim avec un avant flou et un arrière trop stable. Un équilibre étrange qui en fait un vélo magnifique mais pas pour tout le monde. Nous avons adoré le sloping très marqué qui permet de bien latéraliser son pilotage mais nous n’avons pas trouvé les clés des ajustements des suspensions Fox pour gagner en dynamisme tout en conservant le contrôle (Antidote propose aussi un kit Öhlins). Si vous craquez sur cette machine, il faudra tenir compte de ses spécificités pour s’éclater et faire table rase de certains choix de conception plus discutables. Nous restons persuadés que la hauteur de pédalier et la position de pédalage sont les deux facteurs qui nuisent grandement à la réussite totale de cette machine.

Caractéristiques

Fiche technique : Tailles : S, M, L, XL Modèle d’essai : M Cadre : carbone suspension FDS Fourche : Fox Factory 36 Grip2 RC2, déport : 42 mm Amortisseur : Fox Factory X2 Freins : Shimano XT 4 pistons, Ø203 mm Dérailleur arrière : Shimano XT Pédalier : Shimano XT, 32 dents Commande : Shimano XT Cassette : Shimano XT, 10-51 dents Roues : DT Swiss M170 30 mm Pneus : av. Maxxis Minion DHF WT EXO+ Maxx Terra 3C,29×2.5, ar. Maxxis DHR WT EXO+ Maxx Terra 3C, 29×2.4 Potence : One up 35 Alu, 35 mm Cintre : Antidote 35 mm, 800 mm Tige de selle : One up V2, 150 mm, Ø30,9 mm – Selle : WTB Volt cromo – GEOMETRIE : Taille : M Tube supérieur : 610 mm Tube de selle : 440 mm Angle de direction : 65° Angle de tube de selle : 74,4° Bases : 450 mm Empattement total : 1 223 mm Hauteur de boîtier : 344 mm Reach : 450 mm Stack : 621 mm

Distributeur : Antidote, Contact : www.antidotebikes.com

Notes :

Rendement : 3/5

Confort : 4.5/5

Maniabilité : 2.5/5

Stabilité : 4/5

Prix / Equipement : 3/5

TOTAL : 13.6/20

On aime : Design du cadre • Finition • Confort • Customisable

On regrette : Poste de pilotage • Pataud de l’avant • Position de pédalage