Yeti Arc-C 27.5 vs Yeti Arc-C 29 : Entre deux tailles !

Bonjour je fais 1,71 m, et je me laisserais bien tenter par le nouveau Yeti Arc-C ! Vous avez de la chance, vous êtes pile entre deux tailles, ce qui vous permet de choisir entre un Arc Carbone en taille S et roues de 27.5″ ou un Arc Carbone en taille M en roues de 29″ ! Vous avez une préférence ?

 

De son côté, la petite douille de direction conique encastrée dans la forme des tubes fournit une interface solide pour augmenter la précision de pilotage, au point d’annoncer une compatibilité avec une fourche en 120 mm de débattement (franchement on ne vous le conseille pas, pour des questions de géométrie). De son côté, la géométrie est modernisée, avec bases plus courtes en version 29 pouces que sur le Big Top. Yeti entre ainsi dans les standards du marché en se calant sur les fameux 440 mm comme le Merida Big-Nine (438 mm pour le Scott Scale970 et 430 mm pour le Specialized Stumpjumper HT). Pour les petites tailles, donc en roues de 27.5″, Yeti propose des bases en 435 mm (427 chez Scott pour le Scale 700, 425 mm chez Merida avec le Big Seven). Vous l’aurez deviné, l’un comme l’autre sur le papier ne devrait pas être très vivace de l’arrière, mais attendez de voir le test terrain. Au niveau de la boîte de pédalier, Yeti n’y est pas allé par quatre chemins, c’est du gros, même s’il reste en BB73. Vous noterez que l’Américain est bien dans la tendance puisque le cadre laisse la possibilité de monter une transmission monoplateau avec sa fixation ISCG pour la pose d’un anti-déraillement. On ne va pas faire toute la liste ici des standards utilisés sur ce cadre, mais sachez toutefois que le Yeti dispose d’un cheminement des câbles en interne dans le triangle avant pour offrir un look super propre. Et pour être vraiment pratique, les gaines, d’un seul tenant, sont bloquées par des guides de câbles, ce qui signifie que vous pourrez rouler sans les entendre brinquebaler à l’intérieur.

Un pilote, deux VTT

La chance lorsque l’on est entre deux tailles de cadre c’est que l’on s’ouvre plus de choix, surtout quand il s’agit de choisir entre un 27.5″ ou un 29″. L’autre avantage, c’est qu’avec un montage identique (à l’exception d’un pneu arrière plus fin sur le 29″), on va vraiment pouvoir se concentrer sur les sensations dévoilées par l’un et l’autre. Pour commencer, honneur au taille S, qui normalement a ma prédilection. Premiers tours de roues, et déjà, difficile de dire que l’on est sur un 27.5″. Le comportement se rapproche plus d’un classique 26 pouces qui aurait des bases longues. Autant dire que pour un adepte comme moi du 29″, il me faut rapidement réapprendre à lire le terrain, et soulever mes fesses pour ne pas prendre dans la colonne les chocs lorsque la roue entre dans les trous. D’ailleurs, pour gagner en confort, la selle SDG sera (très) vite remplacée par une Fizik Tundra2. Premières accélérations, le cadre répond très bien, profitant du dynamisme de ses roues et du transfert direct de la puissance. Il demande quand même à être relancé de temps à autre pour conserver sa vitesse. C’est d’ailleurs dans ces phases rapides que l’on se dit que le cintre aurait pu être plus court. Autant sur un 29″, un cintre large est obligatoire pour compenser l’inertie des roues, autant là… Soit ! Puisqu’on en est là, les poignées Crankbrothers : elles sont confortables, c’est sûr, mais les embouts extérieurs sont trop larges et très agressif pour la main… C’est dit !

En action

Le vélo file et je me rends vite compte que le plateau en 38 est parfaitement calibré pour ce gabarit (je n’ai jamais autant utilisé le bas de la cassette !). D’ailleurs, comme pour l’autre Yeti, sur notre grand parcours de test, qui est quand même saupoudré de quelques bons raidards, rares auront été les moments où la chaîne est tombée sur le 26 dents. Il faut dire qu’avec ses 9,5 kg en action, on est plutôt aux anges. Toujours est-il que la ligne de chaîne n’est quand même pas top (une remarque valable pour nos deux gaillards) puisque lorsque l’on croise, la chaîne vient allègrement frotter contre la fourchette du dérailleur, sans compter les grincements sur la cassette arrière. Plus les kilomètres défilent, et plus le Yeti 27.5 annonce la couleur : on aime rouler longtemps à son guidon. Mieux, il peut s’inscrire dans le format de courses de plus de 50 km sans souci. Vous n’aurez pas mal au dos, même si vous pratiquez en moyenne montagne ! D’autant que rouler vite à son guidon ne sera pas forcément synonyme de débauche d’énergie. Il donne envie d’aller vite sans pour autant tirer sur l’organisme. Dans ce format, le Yeti n’est vraiment pas un vélo exigeant. Surtout si vous associez votre train roulant aux Michelin Race’R dont le ballon confère un bon amorti. Mais passons aux choses sérieuses. Les premiers virolos pointent déjà leur bout de nez, et surprise…
Dans les virages les plus courts, si vous entrez un peu fort, le vélo a du mal à tourner. Si le vélo est vif dans ses réactions de l’arrière, en revanche, il ne s inscrit pas si facilement que ça dans les virages comme l’aurait fait un pur cross-country. Pour réussir l’exercice, il faut réduire sa vitesse et donner plus d’angle à l’avant pour mieux poser la roue avant dans le virage. Limite, il faudrait presque faire déraper la roue arrière en faisant un appel, contre-appel, pour optimiser la courbe. Heureusement, il répond très bien à l’accélération en sortie, pour rattraper le retard. C’est plus physique, mais côté pilotage, c’est vraiment sympa. C’est alors une invitation permanente au pilotage sportif. En côte, il profite de sa légèreté pour grimper aux arbres tant que la pente n’est pas trop raide et que le terrain n’est pas défoncé. Même si la motricité est là, on ne retrouve pas cette accroche du 29 qui vous propulse en terrain chaotique. Dès qu’il s’agit de s’engager dans des serpentins bien pentus, c’est l’avant qui tend à décrocher. Il faut alors agir sur le guidon dans le virage avec délicatesse pour ne pas trop tourner vers l’intérieur de la courbe.

Rouler vite, très vite !

Changement de monture, cette fois, je passe sur la taille M. Oups, il taille grand. Exit la potence de 90, remplacée par une 75 mm. Transfert de la selle Fizik sur ce vélo, et première remarque, il va falloir avancer l’assise pour retrouver ma position de pédalage. Heureusement, on ne le dira jamais assez, avec cette tige de selle Race Face, changer de selle ou modifier sa position est un jeu d’enfant qui se réalise en deux secondes ! Par réflexe, je soupèse le vélo et il n’est vraiment pas lourd. En effet, sans pédales il rend seulement 350 g, autant dire rien du tout. Me voilà maintenant parfaitement posé, il est temps de partir faire le même circuit de 53 km. Et là… Qu’est-ce que ça tape de l’arrière ! Trop de pression dans le pneu Michelin, 2,2 bars pour un pilote de 75 kg, c’est trop ! Le bon chiffre sera finalement 1,9 bars. Ah, là je revis. Bizarrement, on n’atteint pas le confort du S mais on s’en rapproche. Est-ce lié au fait qu’avec ce vélo on roule vraiment plus vite partout qu’il ne soit pas aussi confortable ou est-ce le fait que le cadre ait plus de renfort au passage des grandes roues ?

En tout cas, une chose est certaine, il envoie du lourd. Si je devais qualifier ce vélo, sans hésitation je parlerais de Formule 1. Franchement, je ne pense pas avoir roulé aussi vite sur ce parcours. Il file vraiment comme l’éclair et sans débauche d’énergie. Les relances sont certes moins efficaces qu’en petites roues, quoique, mais le temps de réponse est beaucoup plus court que sur d’autres 29 pouces. De toute façon, il conserve tellement bien sa vitesse qu’il n’est pas nécessaire de le relancer. Ici il n’y a aucun verrou qui interdit de hausser le rythme, à part peut-être la capacité de votre regard à décoder le terrain. Il faut se faire violence pour relâcher la pression tant il vous entraîne dans des territoires inconnus. Parfois certaines choses ne s’expliquent pas, on peut préférer se battre au guidon d’un VTT ou passer plus vite sans se poser de question. Avec lui, c’est la seconde option tout le temps. La relance au coup de pédale est ultra-efficace, la vitesse atteinte est enivrante. Lorsque l’on enclenche le mode sport, le 29″ survole tout et tout défile plus vite. Du coup on se crame un peu car on cherche toujours à aller plus vite. Dans le technique, on s’engage à fond sans se poser de question. L’arrière demande un peu de contrôle car l’amorti n’est pas au rendez-vous, mais franchement, la mélodie est sans fausse note. La fourche avale sans sourciller le terrain qui s’annonce à elle. D’ailleurs si sur le Yeti en 27.5, à pression égale de précontrainte, il aura fallu rouler tout le temps en mode Trail (+ 1 clic de compression), avec le 29″, c’est le mode ouvert qui aura tout le temps été privilégié. Je me délecte à l’idée de grimper tant la stabilité de l’avant est au rendez-vous. Et autant vous dire que je n’ai pas été déçu. Une côte de plus de 20% associée à des virages en épingles ne lui fait pas peur. Au contraire il en redemande.

Imbattable

Facile. Debout sur les pédales en côtes, il est imbattable ! Il mériterait juste un guidon au cintrage vers l’intérieur plus prononcé pour faciliter la prise de virage et permettre un meilleur mouvement dans le transfert de tirer/pousser. Non seulement on va plus vite en côte, mais en faisant moins d’effort. Il suffit de prendre son rythme cardiaque comme témoin. C’est surprenant. Le retour sur le plat met en avant sa motricité démoniaque, mais sur terrain gras, et pourtant on ne peut pas dire que ce soit le type de terrain de prédilection du Michelin. L’effet 29 pouces ! Dans les relances en sortie de virage, le simple fait de tirer sur le cintre fait lever la roue avant, idéal pour l’inscrire dans la courbe suivante. Mieux, cette vivacité permet de sauter les obstacles comme le ferait un cabri. Ce vélo possède vraiment une double facette ! Stable en côte, cabri dans le technique, d’une efficacité jubilatoire. Forcément, il a une limite ? Oui et non. Oui, dans les suites de virages serrés, le Yeti en 29″ traîne un peu la patte, mais sa direction finalement assez vive, et très précise (merci les roues DT Swiss Spline One XR !) arrive à compenser son manque d’entrain dans l’exercice. Il n’en reste pas moins qu’à la longue, on trouve le mode d’emploi. Il faut partir du postulat que les distances de freinage sont plus longues avec le 29″, et qu’il va falloir jouer limite d’adhérence. Tout va se jouer à la vitesse et dans le fait de ne pas hésiter à taper dans les freins au dernier moment pour placer le vélo en glisse des deux roues pour l’inscrire dans le virage. Il est alors capable d’avaler les courbes à haute vitesse sans sourciller, tant il est progressif dans ses réactions. Un vrai régal, mais attention au fort excès d’optimisme, la chute n’est pas loin !

Il faut choisir

Bref, sur un jugement bête et méchant de pure performance, c’est les grandes roues qui s’imposent. Dans cette configuration, le Yeti file tellement vite, offre une telle supériorité dans quasiment tous les secteurs qu’il est difficile de rester insensible. Quel aisance partout ! Alors oui, si vous ne pouvez pas dans ses retranchements, vous aurez l’impression qu’il étouffe les sensations de pilotage, mais passé un certain âge, se battre au guidon d’un vélo, on y pense un peu moins. Pourtant, l’Arc-C en taille S, donc en roues de 27.5″, ne m’a pas laissé insensible. Non pas par son diamètre de roues qui franchement, n’est pas à la hauteur des avantages du 29”, d’ailleurs lorsque l’on monte dessus, on se sent plus sur un 26 qu’un plus grand diamètre, mais parce qu’il est vraiment confortable, tout de suite utilisable pour mon gabarit, et qu’il remet le pilotage au cœur du débat. Pour autant, il reste roulable, comprenez qu’il n’a pas besoin d’être mené tout le temps à la cravache. Quand le rythme ralentit, il ne se montre pas plus fatiguant que le 29 pouces. Son défaut, sa direction trop vivace en côte bien raide, avec épingle, aurait dû s’accommoder d’une fourche avec un peu plus de déport. Un problème qui se règle en passant chez RockShox plutôt que chez Fox. Dans ce cas, et si je ne devais rouler que sur des circuits où s’enchaînent les virages à perte de vue, avec des échanges de trajectoires permanents, alors j’aurais peut-être craqué pour lui !