Trek Fuel EX 9 : Du caviar !

Au regard de la large gamme Fuel EX de chez Trek, une question peut se poser au moment de choisir le modèle. Avec un budget inférieur à 3 800 €, vaut-il mieux privilégier le cadre ou les composants ? Nous sommes partis sur la deuxième option.

Les suspensions

Pour l’essai d’un Trek, quand on connaît l’expérience et la qualité de la matière grise qui bouillonne dans les bureaux d’étude de Madison (Wisconsin, USA), on part forcément avec quelques certitudes, mais aussi avec beaucoup d’attentes. Avec ce modèle, on s’attend à une grosse polyvalence et beaucoup de plaisir : qu’en est-il vraiment ? Première étape, le réglage des suspensions. Deux solutions, à tâtons, ou aller sur le support technique du site Web qui propose un configurateur de suspensions très bien fait. On va partir avec les valeurs proposées par Trek en s’en servant de base que l’on pourra toujours adapter en fonction du style de pilotage, du terrain et des goûts propres. En selle, la position est bonne pour produire un effort grâce à un tube de selle dont l’angle à 73° et la tige de selle sans déport arrière qui placent le pilote en position centrale et non sur l’arrière. Coté suspensions, les suspensions Fox disposent du réglage CTD (trois positions pour adapter la fermeté pour le descente, le trail, la montée). Comme toujours, le Descend est totalement « smooth » (un peu trop), alors on passe vite sur le mode Trail pour une meilleure réponse. Et là on constate que la différence de fermeté n’est pas très importante. Quelques tours de roues debout sur les pédales et le besoin de passer en mode Climb devient évident. Là pour le coup, sans parler de blocage total, on est à un niveau de fermeté très supérieur. On note au passage que le réglage de la détente de l’amortisseur est très précis. Chaque cran donne un résultat différent. Ce n’est pas toujours le cas, mais sur ce modèle c’est particulièrement perceptible, ce qui rend que plus évident le réglage.

Pour ce qui est de la fourche, on retrouve le même comportement sur les modes les plus souples et on s’attend à beaucoup de fermeté en Climb. Ce n’est pas le cas et on le regrette. Elle travaille un peu trop sur les portions les plus roulantes et raides, ce qui incite à lever les fesses de la selle. Du coup, il n’y a pas vraiment de correspondance entre les modes Climb avant et arrière. Pour les autres en revanche, oui. C’est pour tenter de rééquilibrer ce décalage qu’on passe de 85 à 100 psi la pression dans la fourche. On verra que l’effet est doublement bénéfique par son incidence sur la hauteur de l’avant dans les descentes. Pour tout ce qui concerne la partie pédalage ou encore dynamisme, dans une optique de performance, on ne peut que regretter que ce mode Trail n’ait pas été calibré plus ferme pour mettre le reste du vélo au niveau qu’il mérite. Et quel niveau ! Ce qui est certain, c’est que ceux qui attendent de pouvoir goûter aux joies du VTT avec la sensation d’être assis dans leur canapé seront servis ! Le confort peut être absolu selon le mode utilisé (Descend). Les plus sportifs aussi tireront nombre de satisfactions du Fuel EX9, à commencer par sa faculté à grimper les chemins même techniques et pentus. Une faculté qu’il doit à une liaison au sol de grande qualité, à cette position de pédalage qu’il faut parfois exagérer en glissant sur le bec de la selle Bontrager (qui d’ailleurs s’y prête très bien) pour aider l’avant à rester en contact avec le sol, à une suspension qui travaille mais sans s’affaisser, à une géométrie qui aide à conserver un équilibre même à très basse vitesse et à un petit plateau qui prend ici tout son sens. Attention cependant à ne pas trop user du mode Climb, très ferme. Il n’est pas optimal dès que le sol est chaotique, rendant la motricité et la faculté à franchir largement plus dégradées qu’en mode Trail.

Polyvalence

D’une manière générale, avec son train roulant raisonnable en poids et les qualités de son cadre, le rendement permet de se faire plaisir dans à peu près tous les domaines qui nécessiteront de pédaler, accélérer, relancer, franchir… sans pour autant en faire un pur XC  » ready to race  » qu’il ne prétend pas être, d’ailleurs.  » Et quand ça plonge, dans la pente, les singles, tout ça, ça dit quoi ?  » me direz-vous. Et bien ça dit presque parfait. Presque parce qu’on ressent très vite une balance stabilité/maniabilité favorisant légèrement la deuxième notion (merci les bases raccourcies). Plus on le pousse, et dieu sait s’il donne envie d’être poussé, plus c’est évident. En revanche, cette réserve minime ne doit pas être le cocotier qui cache la pin-up qui prend son bain de soleil sur la plage ! Le Fuel EX est un petit joujou aussi rigolo qu’efficace à piloter. Premier de ses atouts qui maximise la confiance : sa tige de selle. Cette RockShox Reverb est décidément un modèle en la matière et en 125 mm de débattement, il y a de quoi faire, même quand ça descend fort où qu’il faut tirer un gros bunny-up ! Les suspensions en mode Trail avant/arrière (au plus ferme de ce mode pour la fourche Factory qui permet un deuxième niveau d’ajustement de la compression), à leur niveau, apportent contrôle et progressivité de premier ordre. Parfaitement dans l’axe, on trouve au bout de ces petits leviers deux doigts (mais un seul suffit largement), un système de freinage redoutable en toucher, en puissance et en endurance (que de chemin parcouru par Shimano dans ce domaine). Au même niveau, il y a une superbe paire de pneus Bontrager XR3 Team Issue qui offre une polyvalence qui lui va comme un gant.

Côté géométrie, on adore les bases courtes, mais si le boîtier aurait pu descendre de 10 mm de plus, ça n’aurait rien gâché et probablement suffit à faire remonter le curseur « stabilité ». En attendant, le fait d’avoir rajouté un peu d’air dans la fourche l’aide à ne pas trop « plonger », ce qui accentue encore cette légère sur-maniabilité. Au registre des détails qui tuent, le « + » du dérailleur arrière qui évite les sauts de chaîne et permet de profiter pleinement de chaque descente. Ceux qui connaissent mon besoin de comprendre et de proposer des solutions lorsque c’est possible à un comportement que l’on peut encore améliorer, doivent se douter que je ne pouvais en rester là. Heureux possesseur d’un garage plutôt fourni, il ne m’aura fallu que quelques minutes pour réaliser une petite modification pour voir si ce Fuel Ex peut sortir de son registre, et si monter une RockShox Revelation RT3 Solo Air 120/150 mm pourrait être LA clef vers une forme d’idéal pour ce petit Fuel EX 9. Les puristes souligneront que le boîtier va encore monter : exact, mais pas que ! Ainsi customisé, le Trek voit son champ d’action encore élargi, autant qu’il améliore certains points déjà bons. Avec ce débattement augmenté à 150 mm, le vélo gagne en empattement sur la partie avant et perd 1° d’angle. Ajoutez à ça, le fonctionnement monstrueux de cette Revelation et le vélo devient une machine de fou dans les descentes. L’équilibre est atteint, il n’y a qu’à profiter… Le gain est aussi réel en côte grâce au débattement de 120 mm qui bascule l’avant et rectifie l’assiette du vélo, un avantage indéniable qui améliore encore le comportement dans ce type de situation, et qui élargit son champ de compétence.

En conclusion

La mouture 2013 du Trek Fuel EX9 offre un retour plaisir sur investissement rarement égalé, et les mises à jour sur la géométrie et suspension arrière ont transformé ce baroudeur en un all-mountain gavé d’hormones prêtes à exploser. On peut imaginer que les versions basées sur des cadres carbone OCLV Mountain apportent un gain en peps et en poids, mais cette base en aluminium Alpha Platinium constitue un choix de grande qualité, d’autant que son équipement est parfaitement en adéquation avec son programme. En tout cas, ce Fuel EX9 rappelle au passage qu’un bon 26 vaut mieux qu’un mauvais 27,5 ou pire encore un 29 mal conçu !