On ne présente plus celui qui, de son vivant, fait déjà partie de l’histoire du VTT pour en avoir écrit quelques belles pages sportives. Toujours largement impliqué dans son sport, il conçoit des vélos, et quels vélos…
Plus que jamais dans ce cas, mieux vaut prévenir que tout changer. Même un réalignement de la patte semble risqué en l’état. A côté de ça, la conception du cadre utilise de nombreux renforts soudés sous la douille de direction ou à la jonction entre le tube de selle et le tube supérieur. Le cadre dispose également de toute la panoplie des caractéristiques propres à un vélo d’enduro, à savoir : un axe de roue arrière en 142x12mm, des plots de fixation au standard ISCG 05 pour le montage d’un système anti-déraillement, une douille 1.5 pour jeu de direction à roulement semi intégré en haut et externe en bas, des guides pour une commande au cintre de tige de selle télescopique mais qui permet la rétractation totale dans le cadre d’un modèle traditionnel. On regrette que la Durit® de frein arrière et la gaine de dérailleur ne cheminent sous la boîte de pédalier exposées à des remontées de pierres. La suspension arrière IAS (pour Instant Active Suspension) s’apparente à un point de pivot unique. Il articule le bras unifié relié à un amortisseur via un jeu de biellettes. Celles dans le prolongement des haubans ne travaillent que sur quelques degrés, mais apportent la dissociation nécessaire au bon fonctionnement de l’ensemble. Toutes ces articulations sont montées sur des roulements annulaires qui permettent d’obtenir une assez bonne rigidité entre avant et arrière. Un meilleur ajustement des binômes axes/roulements pourrait améliorer cette valeur. Le terrain nous donnera les indications relatives au fonctionnement de cette suspension.
Deux versions
Disponible en deux versions à 3 400 € et 5 990 € et en kit cadre/amortisseur avec serrage de selle, axe de 12 mm, jeu de direction et pompe HP à 1 680 €, c’est dans sa déclinaison la plus économique que nous est proposé le Vanish. Un vélo millésimé 2011, mais qui ne recevra pour 2012 que des modifications minimes sur ses équipements. De ce côté, pour 3 400 € on peut dire que le Vanish 2 avec sa fourche Lyric RC, sa panoplie Easton Vice, ses freins Elixir R et sa transmission SLX/XT en 3×10 propose une base particulièrement intéressante. Certes, le poids final peine à l’orienter vers la polyvalence, mais qui sait, une bonne surprise nous attend peut-être ?
Un allié pour pilote en forme
Il est largement temps d’enfourcher le Vanish et de voir comment il réagit aux diverses sollicitations : position ajustée, suspensions réglées sur la base des préconisations des constructeurs respectifs à savoir 60 Psi pour la fourche et 180 Psi pour l’amorto est c’est parti. Outre les terrains habituels, c’est sur l’immense terrain de jeu largement exploité par le Rallye des Portes du Mercantour, du côté de Valberg et Guillaumes (06) que l’essai a été finalisé pour un total approchant les 8 000 m de dénivelé positif et 10 000 de dénivelé négatif, week-end de course compris. Autre modification, avant même les premiers tours de roues, les pneus Kenda Nevegal : dans cette version un peu ligot, ils n’auraient de toute façon pas eu une grosse espérance de vie. Le rendu au pédalage assis sur les portions lisses est bon. Pas de signe d’activité néfaste de la suspension dès lors que le mode « plateforme » Pro Pedal est activé. Idem lorsque le cul se lève de la selle pour rompre périodiquement avec la monotonie d’une ascension régulière. Là, si la fourche n’est pas verrouillée, on en ressent vite le besoin. On ne parle pas de réactions exceptionnelles, avec un poids global de 15 kg et des roues qui dépassent les 2 kg, elles auraient été peu crédibles, mais bien d’aptitudes qui rendent possibles de longues et dures ascensions pour rallier sans problème des départs de spéciales.
Pour ça, le 3×10 vitesses est un atout majeur et le 24×36 est largement utilisé. La position induite par la géométrie est également propice à l’effort via un tube de selle bien redressé à 73,5° et le très faible déport arrière du chariot de selle. Au fil des ajustements la potence, qui aura fini par être posée directement sur le jeu de direction, tous les spacers au dessus, n’aura pas seulement été synonyme d’équilibre en descente mais aussi de maintien de l’assiette du vélo dans les côtes les plus raides. C’est dans ces mêmes raidards, qui plus est techniques, qu’on aurait aimé avoir un système pour baisser encore plus l’avant type Tallas ou 2 Steps. Outre une correction de cette fameuse assiette, en diminuant la hauteur du boîtier un peu haut, ça permettrait de gagner en stabilité à très basse vitesse. Là, il faut avouer que les petits challenges types montée impossible, malgré la longueur des bases, tournent souvent en « pied à terre », à moins d’avoir suffisamment de physique pour pouvoir accélérer et profiter d’un minimum de vitesse pour le franchissement de courtes zones techniques. Pas d’effet kick bac dans la chaîne lorsque la suspension se heurte à une marche à monter ou une pierre sertie dans le sol et une motricité qui dépend grandement de la pression, mais aussi de la qualité de la gomme du pneu arrière. ça, c’est le test des pneus Schwalbe Hans Dampf en version Trail Star et Pace Star – à retrouver plus loin – qui nous l’indique.
Suspensions au top
Disons que lorsque le pilote est en forme, le Vanish reste un allié. Dans le cas contraire, il faut se résigner à descendre du vélo pour les passages trop raides en limite d’adhérence, rien d’anormal. Dans tous les cas, le Pro Pedal doit rester activé sur 3 dès lors qu’il est question de gagner en dénivelé. Sur le plan du confort, en mode libre, la suspension donne un excellent résultat qui ajoute une touche agréable sur les portions plates et accidentées, et logiquement un peu moins de douceur avec le Pro Pedal activé sur 3. Enfin les premières roues libres en descente sur singles tortueux et torturés : rapidement la pression de l’amortisseur est réduite de 10 Psi puis une nouvelle fois de 10 Psi. ça y est, ce coup-là je le tiens mon réglage. Les 60 Psi de la fourche couplés à une compression fermée de 5 clics /10 que compte la molette anodisée bleu répondent parfaitement avec les 160 Psi insufflés au RP23 en Pro Pedal activé sur 1. Le mode attaque parfait ! Dans cette configuration le boîtier descend un peu, le vélo devient vraiment plaisant et surtout facile à piloter. La suspension est un poil linéaire, mais il faut vraiment de grosses compressions pour sentir la fin du débattement à l’arrière. Par contre devant, le joint rouge régulièrement descendu revient systématiquement à 2 mm du sommet des plongeurs, signe que le débattement est utilisé de façon optimale avec le petit plus de la compression freinée qui donne contrôle et précision.
Donc…
Avec des bases en 445 mm de long, autrement dit immenses, la grosse surprise vient de la manière dont ce « gros » vélo se manipule dans les virages serrés… Couplé à son angle de direction, on est moins surpris de voir avec quel relâchement il est possible de lâcher les freins quand le terrain s’y prête. En fait, il n’y a pas de domaine où le Vanish ne pêche dès lors que les bons réglages sont trouvés et que la pente est négative. Si en plus de ça on a la possibilité d’optimiser roues et pneus, il devient une vraie source de plaisir dont la seule limite sont les capacités du pilote, mais ça, c’est une autre affaire… Restent les quelques arrêts pour resserrer ça et là un axe ou deux, mais rien qu’un bon entretien n’ait réglé de façon définitive.
En version 2, ce vélo ne nécessiterait qu’une deuxième paire de roues pour gagner en polyvalence et être orienté plus all-mountain, plus rando montagne où il serait moins exigeant physiquement. Par contre, à 3 400 €, à part les pneus, il n’y a pas grand-chose à changer pour pouvoir attaquer dans la pente. Le kit cadre reste aussi une bonne solution évolutive si on dispose déjà de quelques pièces de bon niveau (compatibles). Dommage que quelques points de conception du cadre soulignés au début ne viennent apporter un petit bémol, mais là encore rien qui ne soit irrattrapable.