Pas facile d’aller jouer sur les plates-bandes des meilleurs enduristes et VTT polyvalents de la planète. Avec le Rallon, le pari est gagné pour Orbea. C’est une bête conçue pour aligner les descentes mais aussi rouler vite, loin et haut.
Une finition de qualité
Sous des airs de déjà-vu, le cadre commun à toute la gamme Rallon propose un véritable produit haut de gamme. La face cachée, c’est la qualité de ses tubes avec de l’aluminium triple épaisseur hydroformé. Autour, autant dire que c’est du haut vol. La fabrication est soignée avec des soudures parfaitement effectuées. Reste un choix de coloris surprenant mais c’est une histoire de goût. Toujours est-il qu’Orbea est sûr de son produit puisqu’il garantit le cadre à vie ! Le Rallon que nous avons testé offre une géométrie conjuguant bases courtes et angle de fourche rassurant en descente. Ce modèle s’accouple avec une fourche Fox 32 en 120 ou 150 mm (réglage en haut du fourreau gauche), contrairement à la série des Rallon X qui disposent d’une Fox 36 de 160 mm de débattement (avec les modifications de géométrie que cela entraîne). Que ce soit notre Rallon ou le X, tous deux disposent de la suspension made in Orbea, appelée Lambda Link (monopivot avec biellette basculeur) et développant 150 mm de débattement à la roue arrière.
Une collaboration étroite avec Fox Racing Shox a permis d’obtenir une linéarité d’enfoncement de la suspension proche d’une suspension à ressort. En tout cas, espérons que les 12 roulements assurant la rotation des points de pivots n’exigeront pas trop d’entretien… Pour le reste du cadre, Orbea est bien dans la tendance avec une douille de direction conique, des pattes arrière modulables (possibilité de monter du 12×142 mm) et une fixation ISCG. Du côté de l’équipement, le Rallon 30 pioche chez Shimano une transmission XT en 3×10 vitesses. Le freinage vient de chez Formula avec des RX en disque de 180 mm à l’avant et 160 à l’arrière. Pour le reste, c’est du maison. Du coup, on a du mal à avaler les 3 300 e à débourser… Heureusement, cela ne pénalise pas trop la masse générale du vélo qui finit à un bon 13,5 kg en ordre de marche. Ce n’est pas super léger mais pour garantir un cadre à vie, Orbea n’a pas joué sur la légèreté du cadre.
Des heures en selle
La position du Rallon est un subtil équilibre entre appuis sur les avant-bras et point de pédalage situé assez droit par rapport au boîtier de pédalier. En revanche, le cintre, pour le moins étroit, semble venu d’un autre monde (cross-country ?). Il ne faudra pas hésiter à choisir une taille inférieure de cadre tant il est coupé grand. Toujours est-il qu’il n’est pas à la hauteur du comportement plutôt sécuritaire du vélo. L’Orbea est plus sympa à piloter qu’à regarder. C’est une véritable machine à rouler qui nous est proposée. Avec 30 % de précontrainte, la suspension dévoile un visage très appréciable : sensibilité et motricité sont au rendez-vous tant que le ProPedal n’est pas activité. Par rapport à notre prise en main aux Caraïbes, c’est vers des contrées moins exotiques mais plus exigeantes que nous sommes allées rider, avec un final mi-novembre à la descente de Breuil, dans le Morvan, aux côtés d’Anne-Caroline Chausson. Le Rallon 30 est bien taillé pour aller vite en descente (trop pour certains). L’optimisme qui prévalait à l’idée de suivre une championne a provoqué quelques impacts sur le cadre alu, chose que n’aurait peut-être pas supportée une version carbone.
La suspension amortit à merveille sur l’ensemble de sa course, offrant une linéarité sur les deux-tiers de son enfoncement. Sur les gros impacts, le Rallon ne donne jamais l’impression de talonner, avec son final plus progressif. Très stable, rassurant même sur de gros sauts, facile à engager dans le sinueux rapide, il s’extrait avec force de chaque virage, en partie grâce aux bases courtes mais aussi grâce à une bonne rigidité du bras oscillant et de sa suspension arrière qui ne se casse pas. Ne le cantonnons pas pour autant dans ce registre exercice d’enduriste, il excelle sur de longs parcours, notamment un 85 km effectué par un temps pourri. Le confort et le rendement ont toujours été de mise. Si les relances demandent un peu de niac pour être explosives, la suspension ne faiblit pas sous les coups de jaret, maîtrisant parfaitement le pompage. Dans les montées, en danseuse, la suspension ne pompe pas, offrant une motricité qui permet de (presque) tout gravir. Presque parfait ? Il manque juste un peu de grinta pour compléter un tableau presque idyllique. Ce Rallon 30 remplit son programme avec succès. De quoi sortir Orbea de l’image «compétition pas drôle» qui lui est attachée.