Depuis l’enduro Biivouac en mai dernier, Florian Golay et François Bailly-Maitre, les pilotes du team BMC enduro, roulaient avec des prototypes en version 29 du Trailfox avec 150 mm de débattement devant comme arrière. On attendait la date et le lieu du lancement officiel : ce fut cet été aux Crankworks de Whistler (Canada) !
La gamme
Comme toujours chez BMC elle s’articule autour de trois types de châssis :Le 01 : tout carbone, triangle monocoque et bras arrière (2 490 g avec amortisseur Fox Float, protège base et axe de roue arrière). Le modèle XTR, plus orienté all-mountain, en 2×10 vitesses, fourche Fox Talas et roues légères carbone DT Swiss XR1350 sera proposé à 8 999 € pour 12,2 kg. Le XX1 Trailcrew sera plus orienté « course » avec le nouvel amortisseur Fox Float X et une fourche Fox 34 Float, en mono-plateau 28 et roues DT Swiss Spline XM 1501 à 12,3 kg, il sera affiché à 2 000 € de moins.Le 02 : triangle avant carbone et bras en aluminium (2 980 g avec amortisseur Fox Float, protège base et axe de roue arrière). Il est aussi proposé sur deux orientations de montage : tout Shimano XT transmission 2×10 vitesses avec fourche Float 34 Talas en version all mountain à 13,8 kg pour 4 999 € et Shimano SLX Trailcrew avec amortisseur Fox Float X et fourche Fox Float 34, 2×10 avec système anti-déraillement à 14,4kg pour 3 999 €. Le 03 : la version tout aluminium (3 300 g avec amortisseur Fox Float, protège base et axe de roue arrière) qui conserve la même géométrie et caractéristiques que les autres, mais avec un passage externe des câbles et gaines est déclinée avec un groupe tout Shimano SLX et suspensions Fox Float à 14,2 kg sans tige de selle RockShox Reberb Stealth (le seul de la gamme) et 2 999 €. On note que BMC donne sa pleine et entière confiance aux roues DT Swiss Spline et qu’on est sur une spécification massivement centrée sur les produits Fox et Shimano. Des kits cadres seront également proposés.
Essai Trailfox TF01 XX1 Trailcrew
Rapidement on perçoit que la couronne 28 dents du pédalier entraîne un léger kick-back dans les pédales lorsqu’on descend très bas sur la cassette si on ne roule pas en mode Climb. Et descendre très bas sur la cassette pour utiliser jusqu’au dernier pignon, avec un plateau de 28 dents devant, ça arrive très souvent… A chacun donc d’adapter le plateau à sa condition physique et aux profils des terrains roulés. Il ne faudra cependant pas choisir trop gros car c’est cette démultiplication qui permet de grimper facilement à peu près partout parce que ce Trailfox, avant d’être un descendeur méritant , est d’abord un grimpeur né, même dans cette version endurisée « race ». On est très bien posé sur le vélo et on voit que même en ayant avancé et réorienté le tube de selle, le pilote est idéalement positionné au centre pour pédaler. Le train roulant est plutôt léger pour un vélo de ce type, ce qui ne gâche rien pour les relances. D’ailleurs on a adoré le comportement des roues DT Spline XM1501 qui prolongent par leurs nombreuses qualités l’énorme potentiel dynamique du châssis 01. Si les pneus Continental sont un peu justes en grip, une fois passés en tubeless, et avec moins d’air, ils retrouvent un niveau acceptable et le risque de crevaison diminue fortement. On a surtout adoré grimper sur les sentiers sinueux dans les racines et autres cailloux où on a tous succombé à la faculté du Trailfox de négocier les virages serrés à basse vitesse.
En matière d’ergonomie, il faut aussi souligner les mensurations idéales du poste de pilotage et si, pour ma part j’ai simplement dû passer sur des grips d’un diamètre légèrement supérieur, la forme et la longueur du cintre, ajouté aux cotes de la potence, donnent un sentiment puissant de stabilité. De la stabilité, il en a à revendre surtout quand la pente s’inverse et cela donne au pilote un sentiment de confiance qui aide au relâchement dès que le terrain le permet. Sur les pistes utilisées, les bouts les plus rapides ont avoisiné les 70 km/h, 69,8 pour être exact. En descente, les roues ont une nouvelle fois magnifiquement tenues leur rôle, mais c’est, une fois encore, la géométrie qui nous aura conquise. Non content d’être un rail à haute vitesse, le Trailfox est une « anguille » si besoin. Reste les suspensions Fox qui auront largement déçu, à commencer par l’amortisseur Float X. Il n’y a aucun doute que tout sera fait avec Fox pour trouver des solutions et donner à ce TF01 XX1 Trailcrew, les organes de suspensions qui soient au niveau du châssis et de la cinématique. Pour ce qui est de la fourche, il aura fallu accentuer la progressivité pour éviter les talonnages trop fréquents mais là encore, aucun doute sur la faculté les deux marques à collaborer rapidement pour donner un résultat optimal sur les versions qui seront produites. Dommage finalement que ce modèle n’ait pas été totalement monté en Sram/RockShox parce qu’on ose à peine imaginer le résultat avec une fourche RockShox Pike : monstrueux, sans aucun doute ! Qui dit dérailleur arrière Sram XX1 dit que ce modèle est équipé d’une patte de dérailleur arrière traditionnelle contrairement à la version Trailfox 01 XTR pourvue de la patte arrière Shimano Direct Mount. Au final, reste le prix qu’il faudra pouvoir débourser pour accéder à des sensations assez exceptionnelles malgré tout, quel que soit le sens de la pente, mais c’est une autre histoire.
Essai Trailfox TF01 XTR
C’est avec celui-là que j’ai pris part à la course du dimanche. Roulé dès le jeudi sur des parcours déjà très exigeants, la manche des WES aura fini déceler la perception de cette version XTR, soit disant plus all mountain. Je connais un paquet d’enduros catégorisés comme tels qui ne procurent pas ce que ce « all mountain » permet de vivre ! Heureusement me direz-vous parce que si le XX1 est déjà très cher, ici à près de 9 000 € le bout, on frôle l’inaccessible. A ce prix, le vélo est condamné à l’excellence, sur tous les points. La logique de son programme moins radical va donner un résultat absolument diabolique. Seule ombre : un choix sur la transmission visant à adapter le petit plateau aux caractéristiques du 29 en remplaçant le 26 par un 24 qui enlève toute fluidité au passage sur le grand plateau en 38 dents. L’idée est louable, pas le résultat, mais encore une fois, une solution parfaitement fonctionnelle est déjà à l’étude pour la série. On note le bashguard rapporté qui vient protéger le tout. Dommage que Shimano ne soit pas capable de proposer un pédalier d’origine qui aille dans cet esprit et dont la finition et le fonctionnement seraient assurément plus réussis. Le double en enduro et all-mountain reste un choix de qualité. Si sur le plan matériel il rajoute de la « quincaillerie » et donc du poids, sur le plan pratique il permet de grimper les côtes les plus raides tout en ayant la possibilité de relancer même à plus de 50 km/h dans une descente. Côté position on retrouve tout ce qu’on a aimé sur le Trailcrew avec cette fois un aspect dynamique qui frôle les sommets. Cette fois, c’est grâce aux roues DT Swiss XRC 1350 qu’on obtient un tel résultat avec une inquiétude légitime sur leur résistance dans les sollicitations les plus brutales en descente.
Non seulement elles boostent les qualités intrinsèques du cadre en bosses et en relances, mais en plus elles tiennent incroyablement dans l’adversité d’une course d’enduro aussi exigeante que celle-là où je sais que nombre de roues légères auraient lâchées à plusieurs reprises notamment dans les appuis, volontaires ou pas. Toutes les facultés décrites sur le Trailcrew se retrouvent ici à une grosse nuance près, la fourche Fox 34 Talas et l’amortisseur Fox Float auront été largement supérieurs en comportement, aussi étonnant que cela puisse paraître à leur homologue sur le Trailcrew. Quelle onctuosité, quelle consistance et quelle constance pour un « petit » amortisseur qui a en plus deux grosses qualités : il est deux fois moins cher et deux fois moins lourd ! En descente, on apprécie le petit tendeur de chaîne intégré au protège base. Il enlève toutes les secousses que le Shadow + ne peut contenir, entraînant un silence en descente très agréable. Attention à conserver une chaîne propre et bien huilée, sans quoi il finit par engendrer des frictions. Impossible de ne pas souligner la puissance et la constance du freinage XTR Ice technologie qui vient parfaire un sentiment de transe absolue lorsqu’on a la chance de retrouver des sensations et un physique solide comme ce fut le cas pour moi sur la dernière spéciale à Whistler. La Trailfox 29 est bien née, mais ça ne suffit pas toujours. Par bonheur, les roues, élément décisif s’il en est, viennent ici admirablement prolonger le travail fait sur le cadre. Les suspensions sont (ou seront) très performantes et on voit mal comment vous pourriez être déçus par cette machine. On peut dire aussi qu’il ne sera pas nécessaire de se ruiner pour ça parce qu’il est certain que des versions comme le TF02 en Shimano XT seront déjà largement capables de vous enthousiasmer et de supporter sans faillir le compétiteur qui sommeille en vous.