2014 sera-t-elle l’année Lapierre ? En tout cas, avec la vague de mises à jour de ses modèles polyvalents et d’enduro, la marque dijonnaise nous offre de belles et très bonnes surprises à la clef !
Zesty AM 927 E :I Shock : Fun et excentrique
Avec ce Zesty AM en roues de 27.5″, on retrouve exactement la même âme et le même esprit que celui perçu sur le Zesty Trail, mais avec plus débattement. La suspension arrière est vraiment bluffante et donne l’impression d’avoir plus de 150 mm. Encore une fois le calibrage de la progressivité, la cinématique aboutie et le E :I Shock se combinent le plus merveilleusement du monde. Du coup, c’est la fourche Fox 32 en 150 mm qui paraît « petite » et limite. Elle ne suit clairement pas le potentiel de l’arrière. Plus encore que sur le Trail, cet AM montre une faculté à dissocier le freinage de la suspension qui est carrément inédite dans notre base de vélos testés à ce jour. Egalement accentués, la stabilité et le côté tolérant du vélo par rapport au cadet des Zesty. Avec la fourche, c’est également les pneus qui freinent l’engagement sur ce vélo. Ce Zesty est plus fun et pousse à plus d’excentricités que le Trail. On le doit à sa morphologie (géométrie, poste de pilotage avec potence plus courte, sa tige de selle télescopique) et parce que le châssis est capable d’encaisser beaucoup plus. A titre personnel, j’émets toutefois une remarque quant à l’angle de la douille de direction un peu couché pour moi. Le vélo aurait gagné en maniabilité avec une valeur à 67,5° au lieu de 67°. Ici ça se traduit par un peu de mal à fermer les courbes les plus serrées, surtout si elles sont relevées et que l’arrière du vélo est bien assis dans le débattement. Ce fut pour moi le seul paramètre gênant qui n’a pas donné à cette prise en main un côté 100% naturel et évident. Le vélo permet également de pédaler dans d’excellentes conditions. Il offre un tube de selle bien redressé et une tige de selle sans déport qui aident à optimiser le pédalage en restant centré au-dessus du boîtier plutôt qu’au-dessus de la roue arrière. De fait, le vélo va conserver une roue avant au sol plus longtemps dans les côtes raides. Même constat que pour le Trail quant à la transmission 1×11. Ici, sur un terrain où on a eu à évoluer et relancer avec une vitesse de base déjà élevée par rapport à la pente, on s’est aussi rendu compte qu’un plateau en 30 ou 32 dents oblige à rester en bas de cassette et donc à avoir une chaîne plutôt détendue. Le problème n’est pas de dérailler, rien à déplorer de ce côté-là, c’est juste qu’elle est près de la base et qu’elle vient plus facilement la percuter. Avec le 1×11 on est dans un niveau de compromis qui peut ne pas convenir à une pratique très variée. Il imposerait de pouvoir adapter le plateau (et donc la longueur de chaîne) avant d’aller rouler, aux particularités topographiques de l’endroit où on évolue, mais aussi à sa propre condition physique. Difficile d’évoquer « catégoriquement » » le bien-fondé du 27,5. Comme toujours le vélo s’apprécie sur la base de l’ensemble des particularités qui le constituent et non sur un seul point. Comme sur le Trail, cette version AM est très réussie, à un ou deux points près évoqués. Il demande lui aussi à être testé dans ses versions moins élitistes, mais encore une fois, l’E:I Shock apporte tant qu’il paraît inconcevable sans !
Spicy Team E:I Shock : Un vraie bonne idée
Voici la nouvelle plateforme Spicy qui n’a de commun avec l’ancienne version que le nom. Plus rigide, un boîtier plus bas et un nouveau tube diagonal permettant de monter un porte-bidon, le nouveau Spicy est surtout désormais en roues de 27.5 pouces. Il est décliné en moins de modèles que les autres plateformes puisque il sera disponible seulement en trois montages : le Team E:I Shock intégralement en carbone, le 527 en aluminium Suprême 6 non E:I Shock d’origine mais compatible et le 327 non compatible EI Shock. Le cadre du Spicy est donc rigoureusement identique à celui du Zesty AM. 150 mm de débattement à la roue arrière, il diffère uniquement par les réglages internes de leurs amortisseurs respectifs qui gèrent la cinématique OST+. Ceux des Zesty AM sont plus fermes (privilégiant le rendement) que ceux des Spicy. L’autre grosse différence avec la plateforme « d’en dessous », c’est le débattement des fourches qui passe en 160 mm, que ce soit la RockShox Pike du modèle Team ou les Fox Float 34 des 527 et 327. Le Spicy est donc également conçu pour fonctionner de manière optimale autour d’une transmission en 1×11 en 30 ou 32 dents, mais seul le Team en est pourvu. Les autres sont en 2×10 vitesses avec comme combinaison avant un 36/22 qui permettra une plage d’utilisation bien supérieure au Team, même si pour cela il faudra concéder quelques centaines de grammes. C’est d’ailleurs sur ce modèle testé que les limites de cette transmission 1×11 sont le plus rapidement atteintes. Tout sur ce vélo est fait pour aller vite en descente. La vitesse d’évolution est donc forcément encore plus élevée que sur le Zesty AM qui dispose de la même transmission, alors pour relancer en sortie de courbe ou pour prendre de la vitesse avant un saut, on a vite fait de se retrouver avec les jambes autour du cou ! Par ailleurs, j’ai retrouvé le même comportement en courbe que sur le Zesty AM, à savoir un angle qui n’a pas donné au pilotage le « naturel » qui me correspond. Voilà pour les réserves à émettre sur ce vélo qui par ailleurs retrouve un bien meilleur équilibre avec la fourche RockShox Pike à l’avant. Cette fourche donne à elle seule une autre dimension au vélo et en fait bel et bien un vélo très différent du Zesty AM. Attention, on ne parle ici que de la version en RockShox. Il est probable que la différence sera moins flagrante en basant la comparaison sur le 527 en Fox 34. En attendant avec des suspensions tout bonnement monstrueuses et une fois de plus un E:I Shock qui vient transcender tout ce petit monde, le Spicy est effectivement taillé pour aller rivaliser, de série, avec ce qu’il se fait de mieux sur les compétitions d’enduro, quel que soit le niveau. Le cadre carbone de ce vélo garde un comportement et une tolérance qui ne le destinent pas qu’aux pilotes les plus aguerris. Il est effectivement plutôt rigide, mais rien dans ses réactions ne vient contrarier la stabilité et la sécurité que l’ensemble diffuse. On adore là encore le poste de pilotage bien adapté et le train roulant qui une fois passé en tubeless apportera un touché de terrain assez phénoménal prolongeant ce que la Pike apporte sur ce point. Que de belles promesses de vitesse, de sensations et de plaisir au guidon de ces nouvelles plateformes ! Reste donc à voir ce que les modèles d’entrée et milieu de gammes, avec plus de temps pour se faire à la géométrie, vont permettre de conserver de ces belles premières sensations.