Ce département a sans doute le plus gros potentiel VTT de France. Et le Pays des Ecrins tire bien son épingle du jeu. Revue en une journée avec le crew Intense Vtopo des singles de la région.
Je suis fatigué, courbaturé…
Nous arrivons au parking au bout d’une piste forestière. L’endroit est encore à l’ombre, le thermomètre du van affiche 4°… J’en frissonne d’avance. Je suis tellement fatigué que je garde mes vêtements en haut. J’enfile avec peine mon short et mes genouillères. Rapidement, nous passons en rive droite du vallon, sautons de l’Ubac à l’Adret. Le soleil chauffe les alpages, le sourire revient. Nous shootons les premiers clichés dans une lumière magique. Nous attaquons l’ascension qui doit nous mener au col de Tramouillon. Le coin est magnifique : forêt de mélèzes, parois de calcaire, alpages immenses. Nous croisons quelques marmottes grasses, prêtes à affronter l’hiver. J’en bave, le cœur ne suit pas, il s’emballe comme si je progressais à plus de 4000 m. Je reste prudent en m’arrêtant quelques minutes régulièrement pour le faire descendre. Je mets une heure pour faire les 300 m de dénivelé… Un record de lenteur. Une fois en haut, un léger vent froid souffle. Le paysage est sensationnel, surtout avec le Pelvoux et le massif des écrins en arrière-plan. Nous ne traînons pas et attaquons une belle descente dans les alpages. Le single est plutôt facile, mais il est assez creusé. Il faut veiller à ne pas taper les pédales, ni à mettre sa roue avant trop en travers. Plus bas, un passage technique survient. De nombreuses caillasses et racines jalonnent quelques épingles.
Après une courte remontée et une traversée, nous changeons de vallon. De grandes falaises croulantes dominent notre progression. L’itinéraire que nous suivons est panoramique. De plus, il traverse longuement dans la montagne, change de vallon très régulièrement, un vrai voyage. Nous descendons une prairie ouverte jusqu’à deux petits abris de berger. Nous en profitons pour faire une pause. A partir de là, notre progression va entrer en forêt… Et quelle forêt ! Les aiguilles de mélèzes offrent sans doute ce qu’il y a de mieux en termes de revêtement. C’est un bonheur et ça roule vite. Les épingles s’enchaînent, elles sont plutôt faciles. Il y a un grip énorme. Ce n’est que du bonheur. Plus bas, nous ralentissons à l’approche d’un couple de randonneurs. Un salut amical et c’est réparti. Dans la forêt, le sentier croise une coupe de bois récente. Et quand on connaît ce qu’était le sentier auparavant, il y a de quoi être de mauvais poil. C’est un carnage, le single a été complètement retourné par les bulldozers… C’est un champ de bataille, des pierres, des blocs, de la terre de partout, des racines découpées et retournées. La piste est raide, défoncée, il faut rester prudent et ne pas prendre de vitesse… C’est rageant de voir à quel point on fait des procès d’intention aux vététistes pour des histoires de dérapages ou autres, alors qu’en quelques jours des engins font des dégâts que des millions de passages à VTT ne pourront faire… Certes la forêt doit être exploitée, mais ne faut-il pas préserver un peu plus notre environnement et les sentiers qui le parcourent ?
Sur l’itinéraire, les bulldozers ont fait des ravages…
Nous quittons cet enfer pour suivre la partie du sentier épargnée. Et quel bonheur : lisse, rapide, fluide, ludique… Plus bas nous longeons une piste et arrivons au hameau de Pallon. Le décor s’ouvre. Nous quittons les profondes forêts pour atteindre des versants arides et rocailleux où la vue sur la vallée de la Durance est exceptionnelle. Le trail est rocailleux. On passe du souple au dur. Le terrain est typiquement celui des pays du sud. Le sentier descend en lacets à travers un terrain très raide. Les passages techniques s’enchaînent. Nous atteignons en bas un petit lac en marge de la Durance où nous nous arrêtons. Le lieu de la pause déjeuner est tout trouvé.Pour le reste de la journée, nous souhaitons repérer deux nouvelles descentes dans ce fabuleux pays des Ecrins. Cette mission nous est facilitée par le père de Narbaix qui est chargé de redescendre à chaque coup le camion. Quand dans la journée, on enchaîne plus de 3 500 m dénivelé en montagne, ce coup de pouce est bien utile. Après un bon sandwich les pieds dans l’eau, nous prenons la direction de la charmante station de ski de Puy Saint-Vincent. Mis à part des entreprises du BTP qui rénovent ou construisent des habitations, la montagne est déserte. Nous grimpons pour atteindre le départ d’une jolie traversée vers le lac des Hermés.
Le sentier est ludique, il faut garder une bonne vitesse pour profiter du trail. Les descentes sont rapides, les coups de cul courts. Nous gagnons un joli col au-dessus du lac. Les remontées mécaniques ne sont plus visibles et vraiment nous sentons toute la force de la montagne. Quelques vaches paissent tranquillement. Nous prenons quelques minutes pour admirer ce paysage formidable. Puis nous reprenons nos Intense pour rider à travers les alpages. Nous dévalons en direction de la vallée du Fournel. Le trail est très peu marqué, juste une trace entre les hautes herbes qu’il faut suivre au mieux. Plus bas, dans la forêt, le single est magique, il est assez étroit, pas très difficile, mais il faut maîtriser la conduite en dévers. Les passages sous les falaises de calcaire sont vraiment marquants. Après quelques centaines de mètres sur le goudron nous continuons à suivre un sentier balisé qui relie des hameaux perchés. La progression est technique, le sentier est très en dévers avec des pierres et des racines. Autant dire que lorsqu’il pleut, mieux vaut éviter de venir ici. Plus facilement, nous gagnons une série de sentiers et de pistes qui nous mènent aux portes du village de l’Argentière-la-Bessée. Il nous manque juste un sentier pour finir en beauté. Nous remontons pour une dernière descente dans l’espoir de trouver ce dernier finish…
Les paysages des Ecrins sont fabuleux !
Cette fois-ci nous démarrons du col de la Pousterle. Après avoir roulé quelques kilomètres sur une jolie piste, nous empruntons un sentier non balisé qui descend franchement dans les bois. Là aussi, il y a du pilotage, du rapide, du technique, quelques petits jumps, du lisse, des pierres… Exceptionnel. Nous avons une grosse banane, quel bonheur de partager ça. Alors que nous regagnons les hauteurs de l’Argentière, finalement, en cherchant un peu plus, nous trouvons notre finish. Et quel passage ! Un sentier très escarpé descend directement dans le village… Un passage me dictera de descendre du vélo, Narbaix, lui survolera la difficulté que nous coterons quand même V5+ voire V6- : engagé et technique… Il faut vraiment avoir un excellent bagage. La journée s’achève tôt finalement, il est seize heures. J’ai vaincu le mal par le mal. En ayant commencé par une petite forme, je termine avec une grosse pêche, l’afflux de sang constant a nettoyé le système de tous les virus agressifs. Nous reprenons la route avec en tête notre prochaine destination. Mais c’est encore un secret, il faudra revenir le mois prochain !
Pour aller plus loin :
S’Y RENDRE Via l’autoroute des Alpes A51, sortie à Tallard et suivre la direction de Briançon jusqu’à l’Argentière-la-Bessée.
EQUIPEMENTLe terrain est parfois très rocheux, le casque, bien entendu, mais les genouillères également peuvent être bien utiles. Prévoyez le matériel de réparation en conséquence. Partez avec des pneus adaptés et surtout vérifiez leur usure. Vu certains passages, un pneu fatigué pourrait vite finir lacéré !
INFOS/TOPOSLes guides Vtopo et la collection Hautes-Alpes Est : www.vtopo.fr
SECURITE Les chemins empruntés le sont aussi par les randonneurs pédestres : prudence et courtoisie, comme d’habitude. Enfin, en cas d’accident léger, ne sollicitez pas les secours inutilement. A l’inverse, si cela nécessite d’immobiliser le blessé, composez le 112 sur votre mobile.
ENVIRONNEMENTRespectez scrupuleusement les sentiers et ne laissez rien derrière vous. Refermez toutes les barrières également.