Trek Roscoe 8 : destination plaisir

DR. Christophe Vérité

Au premier regard, ce Roscoe 8 nous a fait de l’œil avec ses gros boudins, son look à passer partout et son potentiel à ne pas se prendre au sérieux ! Un essai s’imposait, forcément. Décliné en trois modèles, la gamme Roscoe se destine avant tout au fun et surtout pas au chrono : 120 mm, des pneus en 2.8 et un cadre bien long et sloping : il n’en fallait pas plus pour nous tenter !

Prix : 1699 € | 14,6 kg en taille L ; roues : 5,950 kg | Déb.av. 120 mm / Pratique : randonnée

Ce Roscoe 8 vient se placer dans la catégorie trail chez Trek mais il serait plus juste de le positionner en rando-trail, voire fun-trail ! On vous explique : le cadre tout d’abord, en aluminium Alpha Gold, au format Boost 141 (QR5 mm… une sorte de régression par rapport au 12×142 mm et surtout au boost 12×148) à l’arrière, un sloping bien marqué, une douille de direction bien costaude à 67°, un tube de selle à 71°, renforcé avec le tube supérieur qui pourrait sentir bon l’attaque, façon bûcheron. Mais pas encore. Le passage des gaines et autres Durit® se fait en interne, sans aucun bruit lors du roulage. Mais on note de suite les œillets sur les haubans, ainsi que sur les pattes arrière : de quoi fixer un porte-bagages car le Roscoe 8 a aussi pour vocation de vous emmener en backpacking une fois équipé de ses accessoires ! A ce propos, on remarque aussi la fixation pour… une béquille sur la base côté gauche. Pas de doute, nous avons affaire à un modèle polyvalent. D’ailleurs, les bases affichant un bon 438 mm de long sont là aussi pour offrir de la stabilité et non un tempérament trop déluré. Vous l’avez noté, les roues sont au format 27.5+ avec de généreux gommards en section 2.8. Pour propulser l’ensemble, Trek a choisi une transmission fiable et éprouvée avec du Sram NX Eagle en 12 vitesses, des freins MT 500/501 en ø180 mm et une fourche RockShox 35 Gold RL 120 mm (100 mm en XS). On termine par l’indispensable tige de selle télescopique, ici une TranzX 130 mm (100 mm en XS/ S/M). Voilà pour le tour du proprio : compte tenu du tarif proposé, ce n’est pas mal du tout.

En chevauchant la bête

Je dois l’avouer, c’est la première fois que je roule sur un 27.5+ (ou semi Fat) ; j’avais quelques idées préconçues autour de ce type de vélo, essentiellement à cause ou grâce aux boudins généreux : pataud, rebondissant comme un « vrai » Fat, confortable ? Première prise en main : je gonfle les pneus bien trop, pour voir. Ça roule, forcément, mais ça cogne bien trop aussi, même si je pars avec une petite heure de grimpette pur commencer. Premier plat, je dégonfle pour arriver (après quelques essais) vers 1,4 bar devant et 1,5 derrière, sachant que j’ai laissé le montage en chambre d’origine. 0,3 bar de moins que ma pression habituelle, voire encore moins en passant en tubeless (les jantes et les pneus sont Tubeless Ready) : n’hésitez pas et faites-le pour gagner encore en grip. Moi, je suis arrivé au max, pas très loin du limage de jante avec mon gabarit de bûcheron. Ceci fait, je file vers mes singles de référence. Les tours de pédales s’enchaînent vite et, très franchement, l’appréhension d’avoir à traîner les pneus disparaît vite : aucune ou presque, sensation de “coller” au terrain. Petite précision cependant : je roule sur de la caillasse, sur un terrain relativement sec. Essayé en conditions plus humides et collante, l’histoire est différente, surtout avec les pneus Maxxis Ikon, peu à l’aise avec leur petits crampons. Définitivement, ce type de monte va bien sur du sec ou du mixte. Les relances sont honnêtes sans être foudroyantes, le vélo grimpe bien et avale les marches et autres aspérités sans coup férir et on sent bien le pneu arrière qui s’écrase au sol. La position est assez bonne et surtout, respire le confort avec une selle bien née et l’amortissement des pneus king size. Cela dit, et ce sera confirmé en descente, la vocation du Roscoe 8 étant à la rando-trail, une potence et/ou un cintre plus relevés apporteraient plus de confort encore. En effet, après quelques sorties et avec ma tige de selle bien haute pour pédaler, la nuque tirait un peu.

Une sensation de sécurité

La transmission fait (bien) le job, sans surprise : le groupe Sram NX Eagle n’est peut-être pas aussi fluide que du GX ou plus, mais offre néanmoins un fonctionnement efficace. Le plateau de 30 dents et la cassette 11×50 permet de passer partout, comme d’hab’. Une petite relance pour voir le comportement de la bête met assez rapidement en évidence son trait principal : un poil long avec des bases à 438 mm, le Trek offre une bonne stabilité mais ne fera pas parler la poudre. Aucun soucis, ce n’est pas sa vocation. Avec le volume des pneus au format Plus, on est toujours surpris au début du bruit un peu sourd qui en résulte. On s’y fait très vite, mais cela laisse à penser que l’on est collé au sol. Pas tant que ça avec les Maxxis Ikon, pourvus de nombreux crampons de toute petite taille : le rendement n’est pas celui d’un pur XC, mais ça enroule très honnêtement.

Et dans la pente me direz-vous ? Eh bien… ce n’est pas si mal. Comprenons-nous : avec un châssis un peu long, une fourche (très honorable en passant) en 120 mm, des freins MT500/501 et une position pas trop relevée sur l’avant, il n’est pas question d’attaquer comme un mort de faim. Le Roscoe 8 ne prétend à ça. Non, dans la pente, on va surtout profiter du ballon confortable et rebondissant de ses pneus, aidé par les étriers Shimano MT501 (avec disques RT 56 ø180 mm, à souligner pour ce combo homogène) qui sont ici parfaitement logiques pour ce type d’usage : profiter du terrain, jouer avec, enrouler et rebondir sans jamais tenter l’impossible. L’avant se place bien et la direction offre ce qu’il faut de précision. Il faudra cependant bien prendre en compte le rebond des pneus sur terrain cassant car leur effet est assez déroutant au début, confirmant au passage le caractère plutôt sage du vélo. Une impression confirmée par l’arrière qui demande à ne pas être trop chahuté sous peine de trop rebondir et devenir pénalisant.

Ce Roscoe 8 s’est révélé être un très bon vélo pour se balader, profiter du paysage, s’amuser avec les gros pneus et ne pas se prendre la tête avec le reste. Ici, c’est destination plaisir avant tout et rien, ou presque, d’autre. La position assez confortable, la géométrie et, encore une fois, le ballon des pneus au format Plus ne sont là que pour inciter à se sentir en sécurité avec un vélo stable et agréable. Si vous pensiez attaquer ou rouler sur un mini endurigide, passez votre chemin. En chipotant, on pourrait envisager l’idée d’une fourche en 140 mm puisque le cadre peut accepter des roues en 29×2.4, ce qui changerait un peu la donne et lui donnerait encore plus de polyvalence, non ?

Caractéristiques

GEOMETRIE : Taille L – Top tube : 645 mm – Tube de selle : 470 mm – Angle de direction : 67° – Angle du tube de selle : 71° – Bases : 438 mm – Empattement total : 1146 mm – Hauteur du boîtier : 319 mm – Reach : 452 mm – Stack : 625 mm – FICHE TECHNIQUE : Tailles : XS, S, M, M/L, L, XL, XXL – Modèle d’essai : L – Cadre : aluminium Alpha Gold – Fourche : RockShox 35 Gold RL – Freins : Shimano MT 500, ø180 mm – Dérailleur ar. : Sram NX Eagle – Pédalier : Truvativ Descendant 6K GPX, 175 mm, 30 dts – Commande : Sram NX Eagle – Cassette : Sram PG 1230 Eagle, 11-50 – Roues : Bontrager Line 40/ Bontrager alliage av. ; Formula DCL-141Q ar. – Pneus : Maxxis Rekon EXO 27.5×2.8” – Potence : Bontrager Rhythm Comp, 60 mm – Cintre : Bontrager alliage, 750 mm – Tige de selle : TranzX JD-YSP18, 130 mm, ø 31,6 mm – Selle : Bontrager Arvada, largeur 138 mm.

Distributeur : Trek, www.trekbikes.com

Notes :

Rendement : 3/5

Confort : 4/5

maniabilité : 3/5

stabilité : 3,5:5

Prix /équipement :3,5/5

TOTAL : 13,6/20

On aime : Le confort • Le côté passe-partout • La possibilité de faire évoluer le vélo en bike-packing

On regrette : Poste de pilotage un peu bas pour l’usage • Pneus pour terrain sec de préférence… • Axe arrière 141×5 mm…