Specialized Stumpjumper FSR 29 Carbon S-Works : le roi est de retour !

Après un passage à vide, coincé entre un Specialized Camber ultra-performant et polyvalent, et un Specialized Enduro 29 plus agressif que jamais, le Stumpjumper FSR 29 avait du mal à trouver sa place. Après une retraite forcée, il revient plus fort que jamais pour défendre son titre de roi de la montagne. Et vous savez quoi ? Il est en passe de le regagner !

Specialized Stumpjumper FSR 29 Carbon S-Works (9)
DR B. Lacoste

[Htab][tab title=”PRIX”]8999€[/tab][tab title=”POIDS”]11,68 kg* sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 140 mm | Déb. ar. : 135 mm[/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, rando-sport, vallonné, plaine.[/tab][/Htab]

* En montage tubeless et avec le kit SWAT (environ 200 g. : EMT Tool / top Cap dérive-chaîne / porte-bidon et 2 housses dans la Swat Door).

Rien ne ressemble plus à un ancien Specialized Stumpjumper 29er qu’un nouveau Stumpjumper FSR 29er. Pourtant ne vous fiez pas aux apparences, ce neuvième opus a su s’adapter à la nouvelle génération de pratique, où polyvalence et performance sont à l’honneur. Et pour ça, le Stumpjumper n’a pas fait dans la dentelle puisqu’il va reprendre une bonne partie de la géométrie du modèle Stumpjumper FSR EVO, donc plus agressif, de l’année dernière. Mais pas seulement.

En effet, Specialized propose trois recettes pour trois pilotes bien différents du Stumpy’ FSR. Ainsi, il n’y a pas un Stumpjumper FSR 2016, mais trois versions qui ont été pensées indépendamment. Comprenez plus de mélanges de pièces comme l’année dernière ! On ne mixera pas les cadres pour obtenir tel ou tel modèle. L’offre se concentre donc sur le 29”, le 27.5” et le 27.5”+, dénommé 6Fattie chez Specialized (le 6 pour 650b – Specialized n’aimant pas le terme 27.5” puisqu’il est plus proche d’un 650B que d’un 27,5”). L’Américain tirerait donc tous azimuts ? En fait, pour en faire un vélo universel, et pour s’adresser au plus grand nombre, la marque n’a pas le choix et doit s’adapter au consommateur et à sa manière de rouler, et en fonction de son terrain. Si elle reste à fond sur le 29”, et ce n’est pas pour nous déplaire, elle continue d’offrir pour ses réfractaires, un alternative du 27.5”. Pour le 6Fattie, c’est une autre histoire. Cela fait au moins deux ans que la marque travaille dessus. Non pas qu’elle veuille en être l’ambassadrice, l’expérience 29” suffit déjà, mais parce qu’elle reste en éveil sur ce qui peut être intéressant ou non à l’avenir. Et Specialized dispose d’un avantage sur ce terrain. Elle fabrique ses roues et ses pneus. Autant vous dire qu’elle a pu tester très tôt cette option, et donc présenter dès la fin de cet l’été un produit particulièrement bien abouti dont on vous reparlera prochainement. Mais revenons sur ce châssis.

Une géométrie plus polyvalente

L’Américain a donc (enfin) décidé de donner à son fer de lance une vraie identité dans sa gamme de VTT polyvalents. Il a donc développé une nouvelle géométrie dans l’esprit des modèles Stumpjumper Evo, mais avec une vraie touche de modernité. Une géométrie pour chaque taille de roues. Pas d’adaptation. Aussi si la hauteur de la boîte de pédalier reste toujours aussi basse, 335 mm, la direction s’ouvre avec un bon 68° pour cette version 29” (67° pour le 27.5”) pour offrir une plus grande stabilité dans la pente. Les bases se voient tronquées d’un grand nombre de centimètres. En effet sur cette version à grandes roues, elles passent de 450 à 437 mm (420 mm sur le 27.5”) ! Autant vous dire que l’on est quasiment sur des bases d’un semi-rigide. Pour rappel, plus les bases sont courtes, plus il sera facile de faire bouger son vélo rapidement sur les enchaînements de virages. Pour arriver à ce résultat, il a fallu revoir complètement le triangle arrière. Ainsi, il n’y a plus de pontet entre les haubans. Pour compenser cette perte de rigidité, Specialized est passé par des bases surdimensionnées, sans compter les haubans qui ont vu eux aussi leur diamètre croître. La biellette n’est pas en reste puisqu’elle est complètement nouvelle.

Une suspension arrière typée trail

La suspension est évidemment de type FSR, Specialized étant l’investigateur de cette suspension. Elle développe 135 mm sur le 29” (150 mm sur le 27.5”). Pour cette nouvelle monture, il n’était pas question de faire les mêmes erreurs qu’avec l’actuelle. On veut une suspension typée trail donc polyvalente, donc les techniciens maison ont fait une sorte de mixage entre un Camber et un Enduro 29. L’accent a été mis sur l’efficacité au pédalage, mais aussi en descente et au freinage, de sorte que la roue reste le plus longtemps collée au sol. Pour cela, les points de pivots ont été légèrement déplacés et un gros travail a été fait sur la mise au point de l’amortisseur. Pas de Brain, mais un RX Tuned. Sous ce terme marketing se cache en fait une chambre d’air calibrée pour ce vélo (pas de volume d’air défini par la charte de Fox Racing Shox), ainsi qu’un réglage spécifique de l”hydraulique (notamment au niveau de la compression). L’idée est comme pour toute marque sur ce segment, d’obtenir une suspension qui reste sensible à basse vitesse, et qui n’entre pas dans tout le débattement au moindre choc.

Du carbone et de l’aluminum

Le Stumpjumper sera disponible en cadre complet carbone (version S-Works), et mixte carbone sur le triangle avant et bases alu (Expert), et tout alu. Il sera comme toujours réalisé en carbone maison FACT 11M pour le très haut de gamme, puis 10M et 9M pour les déclinaisons. Mais retenez surtout que le cadre carbone est annoncé à 3,4 kg (avec le Swatt Door et son porte-bidon, la tige de selle télescopique, la visserie et les protections) pour la version S-Works 29er (3,3 kg en 27.5”) et ce malgré le passage en interne (et complètement guidé) des gaines et Durit©. De quoi arriver effectivement sous la barre des 12 kg en sortie de magasin. Et là vous êtes en train de vous dire : quid de l’entraxe arrière, 142+ ou 148 mm ? Et bien là au moins, la réponse de Specialized est claire. « Ce sera notre 142+. Sur le papier le 148 mm est intéressant pour les roues de 29” mais sur le terrain, l’écart avec un 142 n’est pas si probant. Donc pourquoi aller aujourd’hui vers cette largeur de moyeu ? Par contre, il s’impose comme une évidence sur le 6Fattie en raison de la largeur des pneu qui impose de décaler la ligne de chaîne. Donc là oui. Par contre si demain le marché ne veut plus que du 148 mm sur tous les vélos, nous seront prêts. » C’est dit ! Notez enfin que la plupart des modèles seront dotés d’une transmission 1×11, il est possible de monter la bête en double plateaux. Il faudra dans ce cas avoir recours, comme sur l’Enduro 29, à la Taco Blade, une plaque qui se fixe sur le cadre et qui permet de monter le dérailleur avant. Dernier point, toute la gamme sera équipée de roues Roval en 30 mm de large en alu ou carbone selon les versions, pour que le pneu puisse parfaitement s’exprimer sur le terrain.

Specialized Stumpjumper FSR 29 Carbon S-Works (11)

Parlons prix. Il faudra débourser 2 999 € pour un Comp Aluminium (13,18 kg taille M), tandis que le premier carbone, le Comp Carbone (12,93 kg) s’affichera à 3 999 € (équipé du Swat Door). L’Elite Alu suit à 4 499 €, puis l’Expert Carbon à 5 999 €. Enfin la vitrine, le S-Works, annonce la couleur : 8 999 €.

Le retour du roi  !

La position du pilote est toujours aussi naturelle et parfaitement balancée entre l’avant et l’arrière, histoire d’obtenir un bon contrôle du vélo. La petite potence en 60 mm associée au tube de presque 600 mm permet à un pilote d’1,71 m de parfaitement trouver sa place sur un M sans avoir recours à la taille S. Les premiers tours de roues mettent en évidence le progrès réalisé sur la suspension et sur l’identité du vélo. Plus vif au coup de pédale, beaucoup moins d’inertie à la relance, il se comporte presque comme un crosseur à grand débattement, mais avec une géométrie plus polyvalente. Le travail de la suspension arrière montre un vrai progrès, et surtout qu’elle peut se passer d’un Brain. Si l’amortisseur Fox dispose de trois modes de compression lente, on peut tout à fait envisager de faire une sortie sans utiliser le mode intermédiaire (Trail), tant le calibrage en mode ouvert semble bon, même en côte. D’ailleurs, dans les montées techniques avec racines, on est surpris de la motricité à la roue arrière, et le confort qu’elle distille. Désormais, le Stumpjumper FSR surpasse le Camber. Quant à l’Enduro29, là où il a du souci à se faire, c’est dans la capacité du Stumpy à déjouer les pièges en descente. Plus vif par sa faible masse, plus maniable par une géométrie plus facile que l’Enduro29, le vélo paraît survoler les obstacles. Il impressionne par la stabilité qu’il distille malgré les bases courtes. Le terrain de notre test (sur les hauteurs de Die) est pourtant très technique, et ça tabasse pas mal, pourtant on se sent bien à son guidon, on n’est pas chahuté de droite à gauche. Facile, il offre un bon compromis entre souplesse et rigidité. Du coup il ne demande pas une débauche d’énergie pour le garder sur la trajectoire. Il se cale dans les appuis, et y reste jusqu’à ce qu’on décide d’en sortir. Mieux, l’arrière semble encaisser les chocs comme s’il y avait 160 mm de débattement. Quelle progressivité ! Du coup, on joue avec le terrain, allant même jusqu’à chercher le petit caillou ou la racine qui va nous permettre de s’envoyer vers l’obstacle suivant. Facile, il donne la banane, sans puiser dans le capital énergie, et ça, peu de vélos peuvent s’en vanter.

Dans les enchaînement de virages, où généralement il fallait batailler pour conserver de la vitesse et sortir suffisamment rapidement pour s’engager dans le suivant, ici la nouvelle monture se faufile au sens propre du terme. Le dernier 29” qui nous avait laissé une telle impression de facilité dans ces secteurs était le Kona Process 111 ! La recette des bases courtes est évidente. Mais la force par rapport au Kona, c’est que cela reste dans des valeurs qui n’handicapent pas le vélo en côte (cabrage). On reste alors confiant tout le temps. Niveau freinage, la cinématique a fait de bons progrès puisque l’on ne sent quasiment plus la roue dribbler. Reste que le disque en 160 mm de diamètre n’aide pas trop à tenir la distance, il faut dire que nous n’avons pas été aidés par les freins Shimano XTR Trail dernière génération qui ont eu beaucoup de mal à donner de leur puissance… Néanmoins la cinématique 2016 typée trail donnée par les ingénieurs fait un bel effet, et à part en montée où l’on peut ressentir un peu l’effet de tension de chaîne lorsque l’on est à l’arrière sur le 42, la sauce est parfaite.

S’il fallait choisir

Entre un Stumpjumper en 27.5” qui impose d’être un pilote expert pour en tirer la quintessence, et un 29” qui est parfaitement affûté pour faire le même travail mais en soulageant son pilote, notre choix est fait : le Stumpy FSR 2016 ne se conçoit qu’en 29” ! Dans un paysage où la polyvalence est devenue reine, il a tout à fait une carte à jouer pour qui veut monter et descendre les terrains escarpés, en gardant le sourire tout le temps. Véritable coup de cœur, ce Stumpjumper FSR S-Works m’a non seulement refait aimer cette suspension que je pensais dépassée, mais a su surtout trouver le parfait équilibre entre un Camber et un Enduro, au point d’en faire un produit qui répond à merveille à la définition de la polyvalence.

Focus : La Swat Door

Specialized Stumpjumper FSR 29 Carbon S-Works (5)

Faire un trou dans le tube diagonal pour en faire un espace de rangement, voilà une idée saugrenue que seule une marque qui pousse à l’usage de la sacoche de selle et du porte-bidon pouvait avoir. En fervent adepte de ces deux accessoires, je ne peux être que ravi. Reste que cela met en avant une prouesse  : faire un énorme trou sans faire perdre en rigidité une zone cruciale sur un cadre, tout en dévoilant les entrailles d’un cadre carbone (de quoi obliger la marque à faire en sorte qu’il soit propre). En fait, le diamètre du tube diagonal a été agrandi, puis le trou et les points de fixations de la Swat Door sont construits lors de stratification du cadre (pas de découpage après moulage). Le passage des gaines en interne est également directement moulé lors de cette opération. La pièce a recours à différentes épaisseurs pour optimiser le ratio rigidité/légèreté. Pour obtenir une finition parfaite, et donc éviter que des résidus de colle ou de carbone viennent abîmer les objets (veste coupe-vent par exemple) que vous y logerez, Specialized utilise une fibre de finition 3K, quand le reste du cadre utilise plutôt de l’unidirectionnelle. Pour éviter que les pièces brinquebalent à l’intérieur (et ça marche vraiment), Specialized a développé un kit en Néoprène dans lequel vous rangerez vos produits/outils. Enfin une butée est aussi prévue en bas du tube pour que rien ne puisse venir gêner sa course dans la boîte de pédalier.

La Swat Door ne sera disponible que sur les cadres carbone du Stumpjumper, l’aluminium ne permettant pas encore ce genre de prouesse.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles disponibles : S, M, L, XL – Modèle testé : M – Cadre : carbone Fact 11M – Amortisseur : Fox Float CTD RX Tuned – Fourche : RockShox Pike 140 RCT3 – Freins : Shimano XTR Trail ø 180 mm av. / 160 mm ar. – Pédalier : Specialized S-Works Fact Carbon, 30 dents – Commandes : Sram XX1 – Dérailleur av. : – – Dérailleur ar. : Sram XX1, 10/42 – Roues : Roval Traverse SL 29, 30mm – Cintre : Specialized FACT carbon, 750 mm – Potence : Syntace F109, 60 mm – Tige de selle : Command Post Ircc, 125 mm, ø30,9 mm – Selle : Specialized BG Henge Expert – GEOMETRIE : Tube supérieur : 594 mm – Tube de selle : 430 mm – Angle de direction : 68° – Angle du tube de selle : 74° – Bases : 437 mm – Empattement : 1 143 mm – Hauteur du boîtier de pédalier : 335 mm.

Distributeur : www.specialized.com

RENDEMENT [star rating=”4.5″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

[quote]On aime : Comportement facile • Suspension arrière enfin polyvalente sans artifice • Monte comme un crosseur • Descend comme un enduro

On regrette : Disque arrière en ø 160 mm • Le Specialized Camber a du souci à se faire.[/quote]