Santa Cruz Nickel : nickel chrome !

Pour proposer un cadre à prix raisonnable, Santa Cruz a dü simplifier sa suspension arrière tout en lui offrant le même confort d’utilisation que le VPP. Voici l’APP pour tous !

L’APP pour tous

Le Nickel est une vraie nouveauté avec ses 125 mm de débattement qui collent à la tendance dans ce segment. Pensé comme un «all around», comprenez (ultra-polyvalent), le Nickel adopte une géométrie nouvelle avec un point de pivot au-dessus du tube diagonal incurvé, justifié par ses 125 mm de débattement. La douille de direction est conique et il affiche 68° à la colonne de direction pour 72,5° d’angle de tube de selle. Le cadre en aluminium respire la qualité de fabrication, les soudures sont impeccables. Pas de défauts d’alignement, les critères d’assemblages sont sévères, même si encore deux passages de gaines ne sont pas totalement… nickel. L’avant, avec sa douille de direction en 1/5, n’autorise aucune faiblesse dans la précision des trajectoires. Les tubes diagonal et horizontal hydroformés restent dans cet esprit de rigidité, avec un dégagement pour le fameux porte-bidon cher aux Nord-Américains et une aisance certaine pour l’entrejambe dans les parties techniques.

Le bras oscillant paraît fluet mais sa rigidité est redoutable, notamment au niveau des pattes arrières et des roulements reliant le bas au cadre. Le système APP est différent du VPP dans la mesure où il s’agit d’un monopivot à biellette et basculeur. Ce système offre plusieurs avantages : il est à la fois plus simple en termes de fonctionnement et aussi moins onéreux à produire. L’APP dispose d’un monopivot localisé sur le tube diagonal, placé haut et en avant du boîtier de pédalier. Une paire de biellettes permet de créer un ratio de compression de l’amortisseur, ici un Fox Float R, très similaire à celui VPP. Enfin presque… En effet, la courbe de ratio est un peu plus linéaire avec une plus grande sensibilité sur les petits chocs en début de course. Les biellettes, montées sur roulements à contact angulaire et axe de 15 mm, sont réalisées en alu pour réduire les coûts de production et permettre à Santa Cruz de proposer ce cadre à 1 559 e. Reste que le cadre est un peu lourd puisqu’il faut compter 3 kg en taille M, ce qui est loin d’en faire une référence dans la catégorie des cadres alu (ici, un alu série 6000 hydroformé).

Cadre nu ou vélo complet

Race Company, qui s’occupe – avec passion – depuis de nombreuses années de l’importation de Santa Cruz en France, propose cette version toute montée en plus des versions kit cadre-amortisseur. Pas de faute dans le choix de l’équipement, ici à tendance XC. Les gars du Sud ont en revanche choisi la fourchette haute du débattement proposé par Santa Cruz pour le Nickel, ce qui lui va formidablement. En effet, le cadre peut-être équipé d’une fourche en 140 mm de débat’ ou 120 mm pour un usage plus XC (angle de direction plus fermé d’environ 0.5°).

La fourche Fox RLC Fit est facile à régler, comme l’amortisseur Fox Float R, dépourvu de levier d’anti-pompage, inutile en théorie. Il faut laisser près de 20% d’enfoncement d’amortisseur pour être dans la plage idéale de fonctionnement. La position de pilotage est un juste milieu entre raids au long cours et spots pour s’amuser. Car avec ses «seulement» 125 mm de débattement arrière, ce Nickel ne va pas se contenter de rouler sur des épreuves marathon, on va vite s’apercevoir qu’il est aussi fait pour aller à la montagne. Après tout, c’est bien un «mountain bike», non ?. Qu’un système VPP soit dépourvu d’anti-pompage sur l’amortisseur, rien de plus normal. Sur un monopivot, nous avions quelques doutes. Infondés ! A aucun moment nous n’avons ressenti le besoin de bloquer la suspension. Il fait donc plus fort qu’un Sunn Kern. Que ce soit sur de grosses relances en danseuse, en côte ou assis en force, rien ne fait vaciller la suspension alors qu’elle est active en permanence. Il suffit de franchir une racine pour s’apercevoir qu’elle est absorbée. Le seuil d’enfoncement est important, l’amortisseur travaille en gros sur les deux-tiers de la course. Le reste est réservé aux gros chocs. Sur les réceptions de sauts, l’amortisseur est rarement allé jusqu’au talonnement et pourtant, nous sommes allés très loin dans l’utilisation de ce «trailbike», comme l’appelle Santa Cruz. En fait, ce VTT est fait pour être emmené partout où vous avez envie de rouler, sans retenue.

Polyvalent

La plaine ? Il est taillé pour. Le rendement est excellent, il ne s’assoit pas au moindre faux plat ni avec un vent de face. Son potentiel de crosseur permet de s’aligner sur des courses, même si l’on aurait aimé descendre sous les 12 kilos. Les relances sont faites pour lui : il s’arrache avec force de la moindre ornière et dépose ses compagnons de ride quand le terrain devient cassant. Car cette suspension filtre très bien les chocs petits et moyens, rendant peu fatigante pour le dos une virée de 80 bornes. Si une grosse racine ou un caillou est sur la trajectoire, la fourche les avale sans encombres et l’arrière engloutit littéralement l’obstacle, avec l’impression bizarre de l’avoir vu mais pas ressenti. Parcours vallonnées, techniques, monotraces ? Le Nickel se manipule comme un vélo d’enfant monté par un adulte. Il est terriblement maniable. C’est un vrai plaisir de le guider sans appréhension sur ces petits sentiers qui sentent bon l’attaque à outrance. Ceux qui le suivaient ont été surpris de le voir en glisse des deux roues, avec un pilote se marrant à son guidon. La direction reste franche, on pilote à l’instinct : contrebraquer se fait naturellement. Avec un tel engin, on se passe des remontées mécaniques puisque le rendement et la motricité le permettent.

A quoi bon se priver du plaisir de la grimpe ? Avec une limite, lointaine il est vrai : il faut se placer franchement sur le bec de selle pour ne pas risquer un «béret» dans les pentes les plus extrêmes. Une fourche avec débattement variable aurait certainement évité cela. Placé en 120 mm, l’avant aurait été abaissé et le risque de délestage de la roue avant réduit. Arrivé au sommet, on se dit que 125 mm de débattement à l’arrière, cela va être un peu juste pour la descente. Nous allons rapidement comprendre que le Nickel peut taquiner des VTT de 140, voire 160 mm dans le pentu. Ce VTT étant nouveau et peu connu, nous l’avons prêté à des vététistes tendance enduro. Tous croyaient avoir affaire à un 140 mm, voire plus. Lorsque nous leur avons annoncé 125 mm seulement, ils sont restés scotchés. Le Nickel s’exprime encore plus dès qu’il faut rouler fort et vite. Dans ces parcours rapides et négatifs, il s’assoit sur ses suspensions, couchant encore plus l’angle de fourche et abaissant le centre de gravité, avec davantage de stabilité à la clé. Ce sont de sacrés bons moments de griserie qui s’offrent à vous. Sorties de courbes où la suspension est tassée, sauts improvisés (la neutralité du Nickel le fait reposer à plat) : les pistes de Châtel sont à vous. Petit bémol cependant : à haute vitesse, si vous voulez continuer à pédaler lorsque la suspension est comprimée fortement, vous risquez de sauter une ou deux vitesses. La cinématique de l’APP affiche là ses limites avec une tension de chaîne un peu sensible lors de la compression maximale de la suspat’. Nous sommes peut-être loin de l’usage que la majorité des acquéreurs de ce VTT formidable en feront. N’hésitez pas, pas besoin d’avoir plus de débattement, sauf si vous ne voulez pas faire d’efforts dans les trajectoires pour améliorer votre pilotage. Piloter un Nickel est un régal. Encore un coup de cœur . Avec ces nouveaux 120 mm, on approche du VTT universel !