On le savait depuis que Catharine Pendrel a gagné la manche canadienne du circuit de coupe du monde XC au guidon du premier prototype roulable, une nouvelle version de l’Oiz était en cours de développement…
Comme pour l’intégralité de ses cadres composite, Orbea utilise une structure monocoque pour le triangle avant. Deux cadres son déclinés : un en carbone Gold pour la série G et un en carbone silver pour la série S qui accuse cent grammes de plus sur la balance, mais aussi un prix moindre. Pour ce qui est du bras arrière, la solution retenue est singulière et ingénieuse. Il est en fait constitué de deux pièces monocoques (base et hauban) qui sont emboîtées et collées pour ne former qu’une pièce finale. Une pièce qui, grâce au concept de flexibilité UFO II, initialement développé pour les bases du premier Oiz, va éviter ici aussi de rajouter un point de pivot aux jonctions bases/haubans. Cette flexibilité des haubans d’une amplitude minime (2°) permet à la suspension arrière d’être développée sans compromis. Une suspension elle aussi bien spécifique puisqu’étudiée pour ne fonctionner qu’avec des amortisseurs dépourvus de plateforme en mode ouvert ou verrouillé actionnés depuis le cintre. Un choix extrêmement rare mais cohérent avec le cahier des charges.
Simple et efficace
Toute la subtilité de cette suspension a été de développer un ratio spécifique pour que la précontrainte reste constante autour de 25% d’enfoncement quelle que soit la répartition des masses du pilote sur sa machine lorsqu’il pédale : que ce soit sur une portion plate ou lors d’une ascension où le poids décalé sur l’arrière a tendance à asseoir la suspension. La biellette est 100% carbone, mais une fois encore, une solution audacieuse a été retenue. En l’absence de pontet entre les haubans, c’est cette dernière qui doit absorber les forces liées à la poussée. Une poussée qui se traduit par un écartement des haubans et que seule, la biellette ne pourrait contenir. C’est pour cette raison qu’une tige en acier relie les deux extrémités, pour encaisser ces contraintes. Simple et efficace. Encore et toujours dans des choix techniques empreints de bon sens et propres à Orbea, on retrouve le système de routage direct des câbles (DCR). L’idée est de réduire au maximum la quantité de gaine utilisée, sachant qu’un mètre de gaine pèse 50 g. Les câbles sont intégrés et guidés dans le tube diagonal puis succinctement repris pour la transition vers le triangle arrière et les dérailleurs. Un système qui impose d’utiliser les produits Gore Ride On largement éprouvés sur l’Alma.
Ce cadre se caractérise également par une douille conique, un boîtier PressFit, un standard Post Mount sur la base pour la fixation de l’étrier de frein, un tube diagonal en forme de « garde-boue » (une marque de fabrique d’Orbes depuis 2006) et surtout une compatibilité avec le concept Fox ICD de contrôle électronique du verrouillage de l’amortisseur arrière. Il sera d’ailleurs le seul et unique cadre à proposer cette compatibilité sur le marché en 2013. Dernier point capital, la géométrie a également fait l’objet de toutes les attentions. » Comme sur un Alma avec une pointe d’Occam « , voilà l’objectif. Pour ça, les cotes ont été calculées sur la base des 25% de précontrainte. Exemple, à 420 mm à 0% d’enfoncement, les bases arrivent à 423 mm une fois 25%, comme sur l’Alma. Idem pour les angles. La douille reste courte en cohérence avec l’idée de compétition où les pilotes aiment rouler bas devant. La modernité de cette géo est, comme pour l’Occam, de partir sur un tube horizontal très long et doté d’une potence courte. Au final, un cadre qui affiche 1 550 g record nu sur la balance. Côté équipement, un total de six versions sera proposé de 2 799 € pour le S30 à 7 999 € pour le G-ICD, sans compter les innombrables customisations que propose le programme MyO.
La quatrième dimension
Présentation officielle le jeudi matin du Roc, engagé contre toute attente sur le Roc Pro à 13h pour le rouler, à peine le temps de s’habiller et faire quelques réglages avant de rejoindre la ligne sans échauffement. Qu’à cela ne tienne : prêt, partez ! Le départ avec les suspensions bloquées donne instantanément de sacrées sensations. L’Oiz donne l’impression d’être sur un semi rigide tant l’amortisseur arrière est verrouillé et tant le cadre réagit avec tonicité dans cette première longue accélération. On le sent se « bander » comme un arc sous la pression et restituer intégralement la force accumulée. Une fois assis, le terrain un peu chaotique pousse au déverrouillage des suspensions, facilité par la position et l’ergonomie des manettes. Le vélo semble moins se bloquer sur le relief et la vitesse ne décroît pas malgré la grosse montée d’acide lactique. La longue portion de route permet d’apprécier une fois encore les qualités dynamiques pures du châssis et la position parfaite qui place le coureur idéalement pour transmettre toute son énergie. Les premières côtes, plus ou moins raides, plus ou moins longues, s’enchaînent et très vite je préfère rouler avec les suspensions ouvertes plutôt que bloquées dès lors que le sol n’est pas parfaitement lisse. Le rendement n’est pas moins bon, en revanche la motricité et la sensation de confort agissent comme une compensation agréable à cette débauche d’engagement physique. Dans les plus fortes pentes, le verrouillage de l’arrière uniquement aide à conserver une bonne assiette, mais il faut vraiment pour ça que le terrain soit très lisse sous peine de perdre en adhérence.
J’adore déjà ce vélo. Le tube de selle bien redressé évite de délester trop vite l’avant et surtout aide à forcer avec les cuisses plutôt qu’avec le dos. Quel rendement ! Le faible poids de l’ensemble et en particulier des roues joue à plein son rôle favorisant. C’est surtout dans les relances qu’on ressent cette faculté à reprendre un peu de vitesse. Arrive enfin la première descente. Plutôt droite et rapide et avec elle la première sensation forte : j’ai oublié de roder les plaquettes… Le temps de quelques secondes interminables où esquicher les leviers Avid n’a aucun effet… j’enchaîne de courtes et violentes sollicitations et enfin les premières réactions arrivent. Un temps déconcentré, je reviens sur deux concurrents et poursuit cette descente. Contrairement à ce que je craignais, les 100 mm donnent la sensation d’avoir vraiment 100 m. Cette cinématique qui aide à rester autour de la précontrainte lorsqu’on pédale assis ou debout n’empêche absolument pas l’utilisation de la quasi-totalité de la course de l’amortisseur grâce à sa courbe de ratio dégressive sur la fin. Seuls les 170 Psi pour un enfoncement de 22% rendent les derniers millimètres de fin de course difficilement atteignables. L’avant et l’arrière fonctionnent de manière parfaitement équilibrée mais l’excellent ressenti ne peut être attribué qu’à un seul facteur. Si l’Oiz se révèle être un descendeur exaltant, c’est parce qu’il cumule une somme de facteurs qui se complètent de manière admirable. La suspension, mais aussi cette géométrie qui apporte tant de stabilité, le faible poids qui aide à placer facilement le vélo dans les changements d’appuis et de trajectoire, un cintre large, de puissants freins… l’élément qui accentue le côté tolérant vient de la faculté du cadre à travailler dans une certaine mesure en fonction de la violence des sollicitations.
Petite merveille
Le contraire d’un vélo raide qui perd le grip de manière brutale. De plus la combinaison Hutchinson Python/Couguar performe admirablement, tant sur le plan de l’accroche en courbe que par le rendement qu’ils procurent. Un tableau particulièrement enthousiasmant. Il y a bien un peu du génial Occam dans ce nouvel Oiz !Toute l’épreuve sera une succession de petits plaisirs et de grands bonheurs à piloter cette machine grâce à laquelle Orbea prouve à la terre entière que sortir un 26 en 100 mm aujourd’hui est loin d’être anachronique, encore faut-il que le résultat atteigne ce niveau d’excellence. Les sorties, plus « relax » qui auront succédées à ce Roc Pro n’auront fait que confirmer tout le bien de cette première impression. Effectivement, avec 150 Psi et 25% de précontrainte, le rendement est tout aussi bon mais les derniers millimètres son plus facilement accessibles en descente. Le modèle est destiné à la pure compétition dans cette version avec le prix qui va avec mais grâce aux autres déclinaisons plus abordables et au programme de personnalisation MyO, il est possible de se concocter un petit vélo avec ce cadre carbone magique en transmission XT/SLX roues XT et fourche en 120 mm autour de 3 600 € : une vraie petite merveille !




