Niner Air9 Carbone : beauté exigeante

Dévoilée pour la première fois fin 2009, la version carbone du Niner AIR9 en avait fait baver plus d’un avec son look ravageur ! équipée ici de la fourche rigide en carbone primée à l’Eurobike, elle est maintenant enfin disponible. Cette beauté flamboyante se révèle une exigeante usine à sensations.

Mais il n’a pourtant pas été fait pour ça, Niner a prévu son cadre pour une utilisation intensive, en mettant particulièrement l’accent sur la fiabilité du carbone, qui a souvent une mauvaise image. Après avoir effectué de nombreuses études et mis en place différentes procédures d’essais, ils ont décidé de fournir une garantie de 5 ans sur tous leurs produits en composites. La fiabilité a donc été préférée à la recherche du gain de poids, le cadre, qui dispose d’un scotch anti-pierres sous le tube diagonal, pèse donc 1 230 g auquel il faut ajouter de 80 g à 120 g d’adaptateur selon le modèle. La fourche pèse quant à elle 580 g. Elle est disponible en pivot conique ainsi qu’en classique 1″ ⅛ constant. C’est une monocoque carbone, équipée de pattes ouvertes vers l’avant pour éviter les desserrages, et de fixation Postmount intégrées validées pour disques jusqu’à 180 mm de diamètre. La section des fourreaux est triangulaire, présageant d’une bonne rigidité. Attention, le tube de direction carbone nécessite une étoile à expandeur. Le cadre est en carbone réalisé selon la méthode tri-monocoque (avant, et base-hauban de chaque côté), avec des tubes globalement très volumineux, ce qui induit une excellente rigidité, bienvenue sur un 29″. Il dispose d’interfaces métalliques en alu pour assurer des tolérances précises avec les différents roulements.

Revue de détail

Le jeu de direction (fourni) est au standard conique intégré. Les pattes arrière sont en classique serrage rapide de 9 mm alors qu’il y a une fixation pour frein à disque Postmount 160 mm. La grosse particularité de ce cadre se retrouve au niveau du boîtier de pédalier, dénommé “CYA Bottom Bracket system”. Il s’agit d’un boîtier avec un très grand diamètre, qui a l’avantage de pouvoir accueillir tous les standards du marché via différents adaptateurs (fournis). Que votre pédalier soit en classique cuvette filetée, BB30 ou press-fit, tout est montable ! De plus la taille du boîtier lui permet d’accueillir l’excentrique Niner “EBB” fournissant un réglage de la tension de chaîne d’un montage monovitesse sans tendeur : de quoi faire un montage ultra propre, léger et dépouillé. C’est d’ailleurs ce montage qu’a utilisé Garth Weinberg pour gagner le dernier championnat du monde de singlespeed en Nouvelle-Zélande. Il utilisait par contre une fourche suspendue DT Swiss XMC en 100 mm, plutôt que la rigide équipant notre vélo d’essai. En version multi, un passage interne des câbles est prévu. Ils rentrent dans le tube de direction, de façon très astucieuse au niveau du badge de la marque, puis passent dans le tube diagonal, arrivent dans le boîtier, passent au-dessus de l’axe de pédalier, et remontent au dérailleur avant ou continuent vers la base arrière. En cachant les câbles, l’ensemble contribue grandement au look tendu et fluide du vélo. Dommage qu’il n’y ait pas d’option pour faire aussi passer la Durit® de frein arrière en interne !

En route

En enfourchant la bête, on retrouve bien la position de pilotage typique de Niner, avec un cadre hyper slooping. La tige de selle en 400 mm semble obligatoire, et il faudra même prévoir plus long si vous êtes du type “tout en jambes”. La position est allongée, typée XC, ceci étant tempéré sur notre vélo par le guidon Easton Haven de 71 cm, dont la grande largeur à la mode américaine accompagne bien les grandes roues. Dès les premiers tours de roue, c’est explosif ! Le vélo est très léger, et aussi hyper rigide, une vraie balle ! Pas de suspensions qui se compriment, un boîtier de pédalier hyper bridé par les énormes tubes : rien ne se déforme, toute l’énergie est retransmise à la roue, et vous propulse en avant. On accélère, et plus on en met, plus il répond ! Cette sensation, un peu atténuée par les roues d’origine, est vraiment nette avec des roues plus dynamiques montées en tubeless. On voit aussi que le cadre est parfaitement adapté au monovitesse, et à ses passages en force à l’arraché. A noter quelques craquements du côté des inserts du boîtier qui se sont par la suite atténués. Attention, cette sensation de nervosité si excitante donne envie de toujours en rajouter, mais on risque alors d’arriver rapidement en panne sèche… Les longues bases, nécessaires pour le montage en excentrique, permettent d’avoir un bon dégagement pour le pneu. Si elles enlèvent un peu de motricité en danseuse, c’est compensé par le grip des pneus en 29″, et elles permettent au vélo de ne jamais cabrer.

La direction est vive, voire très vive avec un angle redressé à 72°, mais on sent surtout la fourche hyper rigide et précise, qui renvoie l’énergie dans chaque virage, comme une bonne paire de ski de slalom. Accompagné d’un bon pneu avant, le vélo est excellent dans les enchaînements vifs, probablement le meilleur 29″ que nous ayons essayé dans cet exercice. La rigidité de l’avant permet aussi une tenue en dévers exceptionnelle, et une précision de pilotage permettant de placer la roue avant au millimètre, pour par exemple viser entre les cailloux et les racines. C’est d’ailleurs un avantage certain, car si les grandes roues lissent le terrain, et se bloquent moins sur les obstacles, elles ne compensent pas complètement l’absence de suspension. En effet le vélo passe bien dans les passages lents et trialisants grâce à sa précision, mais il montre ses limites quand la vitesse s’accélère en terrain défoncé, l’ensemble restant très secouant, d’autant que ce cadre n’est pas le carbone 29″ le plus confortable que nous ayons pu essayer. En mode rando on retrouve un sacré plaisir à piloter en jouant au maximum avec le terrain, mais il est sûr que c’est moins adapté à la compétition, où il faut passer au plus court.

En conclusion

Niner nous propose un cadre au look sublime, qui est à notre avis l’arme ultime en mono vitesse, et un excellent choix en multi pour l’amateur de sensation et de pilotage. Les roues de 29″ permettent de redonner un second souffle au tout rigide, mais l’ensemble reste quand même exclusif niveau physique et pilotage. Un compétiteur de XC aura intérêt à monter une fourche suspendue.