Morewood Zula : un VTT au grand coeur

Morewood a fait de la simplicité de la suspension son credo. Le Zula, premier tout suspendu marathon de la marque, ne déroge pas à la règle.

Taillé pour le marathon

Il existe une course à étapes connue comme étant l’une des plus belles et qui se déroule en Afrique du Sud, l’Absa Cape Epic. Pourquoi ne pas proposer un cadre qui collerait à cette épreuve ? Quelques coups de crayons plus tard – plus un gros travail de soudure, fraisage, découpe de tubes -, le Zula voyait le jour. Nous l’avons reçu en taille L, mais nous avions plutôt l’impression d’avoir un M, tellement ce modèle est compact. Lorsqu’on achète un Morewood, c’est d’abord pour la philosophie : on a un VTT pas comme les autres, fabriqué à la main. Certes, on le paie un peu plus cher mais on a la garantie que la patte de l’artisan est passée par là. Avec un Morewood, on cherche aussi un tout-suspendu simple à l’entretien, pas de biellettes ni de points de pivots multiples. Tous les Morewood sont des monopivots avec une réalisation qui privilégie la résistance à la torsion et une belle fiabilité.

Toujours fidèle à l’aluminium 6082 T6, la partie avant est composée d’une douille de direction usinée, de tubes diagonal et horizontal hydroformés puis réusinés avant soudure, et d’un tube de selle au diamètre 30,9 mm. Un gros travail a été effectué sur le bras oscillant pour obtenir cette rigidité maximale, avec de nombreuses pièces forgées, usinées puis assemblées par des cordons de soudure. Certains les qualifieront de «pas très réguliers» mais compte tenu de la forme très torturée de l’avant du bras, il est difficile d’obtenir un cordon d’une seule passe. Les pattes arrière sont minimalistes et pourtant très rigides. Dommage que la fixation de l’étrier de frein ne soit toujours pas au standard radial. Pas de renforts disgracieux. La seule entrave à la fluidité du cadre est le tube qui vient renforcer la tube de selle mais c’est le prix à payer pour avoir un dégagement si généreux.

Un Morewood complet

Pour les non bricoleurs, ceux qui n’ont pas le sens mécanique, la joyeuse équipe de BS Trading propose ce Zula tout équipé, prêt à rouler sur tous les marathons de la planète. Il faudra compter tout de même 4 000 e pour le modèle tout équipé. Le cadre avec amortisseur coûte 1 799 e, sachant qu’il est fabriqué à la main encore une fois. Un exploit financier. Pour le prix du modèle tout monté, vous avez droit à du très bon, ne serait-ce que ces roues DT Swiss 1600 au rendement d’enfer. Ajoutez-y des suspensions top avec une fourche Rock Shox Reba SL à l’avant et un amortisseur Fox RP 23 à la fiabilité reconnue. C’est un pédalier Truvativ Noir associé à un dérailleur Sram X.0 qui se charge de transmettre la puissance des coups de pédales aux pneus Schwalbe en 2.25 de large. Les freins Magura Marta SL en 180 mm à l’avant, très légers, n’étaient pas au mieux de leur forme durant cet essai. Dommage car ces freins sont généralement une bonne référence. Tige de selle, potence et guidon sont des Ritchey WCS, de quoi proposer ce VTT de marathon tout-suspendu à seulement 10,50 kg.

Si le réglage des suspensions ne réclame que 5 minutes maximum, la position de pilotage demande plus d’ajustements, notamment au niveau du poste de pilotage. Les bras vont chercher loin le guidon carbone bien dessiné et les premiers chemins techniques sont abordés sur des œufs. Heureusement, ce VTT est un petit gabarit et la confiance revient très vite, le pilote devinant un potentiel important sur tous les types de terrains. BS Trading a eu la bonne idée de greffer une Rock Shox Reba en 120 mm plutôt qu’en 100. Cela donne un équilibre génial et plus d’angle de fourche (69°) pour une stabilité accrue en descente. Confirmation immédiate par une série de descentes bien caillouteuses, piégeuses, rapides, voire très rapides (55 km/h), parsemées de wallride naturels et de sauts bien tendus pour certains. Là, nous avons été bluffés. Le pilote du Santa Cruz 140 mm qui nous accompagnait n’en revient toujours pas… Ce petit gabarit peut faire penser à un 4X. Son agilité pour modifier la trajectoire, en cas de trop grosse caillasse, est impressionnante, malgré la position de pilotage plus cross-country. Il faut vraiment débouler fort ou pas très bien à la réception de gros sauts pour arriver en fin de débattement. Bien sûr, nous n’étions pas en haute montagne mais en moyenne montagne. Malgré tout, ces dénivelés négatifs ont prouvé que le consommateur va parfois chercher du gros débattement à tort : un ” simple» 100 mm bien conçu peut s’avérer diablement efficace.

Nous allions tellement vite en courbe que nous avons ressenti un flou dans le placement du vélo. Arrêt, vérification des serrages de roues et dd l’amortisseur : c’était simplement les pneus qui avaient besoin de plus de pression vu les vitesses atteintes. Vous lisez bien «Vélo Tout Terrain», et nous parlons de descentes prises à toc et avec plaisir au guidon d’un crosseur. Nous n’avions pas de fourche en 80 ou 100 mm disponible pour vérifier s’il était aussi plaisant mais ne cherchez pas : en 120 mm, c’est de la balle ! Contrairement à ce qui se passe pour ses aînés en débattement, monter ne représente pas une galère, bien au contraire. Les plus forts en cuisse utiliseront le blocage de suspension, se privant par là-d’une motricité sympathique. La potence de 95 mm est un plus pour les forts pourcentages, le Zula ne se cabre pas mais l’importateur n’a pas jugé bon de retenir l’option 34 dents. Dommage : avec un VTT prévu pour la moyenne montagne, cela peut «dépanner». Les 10,750 kg sont faciles à emmener, on peut s’arracher sans perdre de l’énergie. Il ne demande qu’à être relancé à la sortie d’un virage. Autant le dire tout de suite : il vaut mieux travailler en force assis plutôt que debout sur les manivelles : c’est le seul moment où l’on risque un pompage de la suspension arrière, qui pourrait vexer un pur crosseur. Inutile de vous dire que dès qu’il s’agit de tourner, le Zula ne se fait pas prier. Le guidon Ritchey très bien dessiné aide à le placer avec précision dans les chemins monotraces. Le Morewood est très neutre, il n’a pas tendance à tomber ou à se relever tout seul en virage et se place très naturellement. En ligne droite et dans les grandes allées vent de face, il ne s’effondre pas. Le moral du pilote non plus. On reste sur le grand plateau et la moyenne ne faiblit pas.

Pourquoi plus ?

A la fin des journées d’essais, souvent menées en compagnie d’autres modèles de catégories différentes, nous nous demandions si le VTT universel n’était pas un Zula ou quelque chose en approchant. Car on peut véritablement tout faire avec ce vélo : descendre à bloc en collant au train de modèles bien plus gros, aller très vite en plaine, s’amuser dès que le terrain est varié, grimper comme un cabri et éviter les remontées mécaniques. Bref, revenir à l’essence même du VTT : aller partout et s’amuser sans l’aide fournie par une assistance…