Découverte : le Mont Thabor

Avant que la montagne tire ses dernières révérences, que l’hiver enveloppe les sommets d’une épaisse couche de neige, le crew Intense VTOPO s’est envoyé une dernière fois en l’air à plus de 3 000 m d’altitude, dans un face à face exceptionnel et physique avec un sommet grandiose !

Nous prenons donc la direction des Hautes-Alpes. C’est l’été indien en ce mois de septembre. Un ciel bleu azur nous accompagne tout au long de la route. Après avoir vite dépassé le brouhaha de Briançon, nous prenons la direction de Névache, puis du col de l’Echelle pour descendre en Italie. Une dernière piste carrossable nous mène tout au bout de la vallée Etroite, jusqu’au Refuge Re Magi. Le décor est splendide : pelouse, petit cours d’eau, grandes falaises et petits chalets typiques. On sent très bien l’influence italienne dans les vieilles constructions du hameau. Nous nous désaltérons à une petite fontaine plantée devant une chapelle minuscule. Enfin, nous quittons la «civilisation» pour remonter la piste en rive droite de la vallée Etroite. Pour le moment, tout se déroule sur les vélos. Le moral est bon. Le ciel au beau fixe. Pas un nuage. Plus haut, nous atteignons le pont de la Fonderie. La vallée devient plus encaissée et présente un premier ressaut à franchir. C’est le début d’une longue série de portages… Nous sommes quatre à avoir répondu présent à ces deux jours de montagne. En plus des trois membres du crew Intense VTOPO, nous avons la compagnie de Lionel. C’est lui qui est le plus en forme et qui prendra la tête dans tous les portages. Les vélos font entre 15 et 17 kg pour les plus lourds…

Un décor splendide

Sans compter le sac qui comporte le minimum pour 2 jours. Après avoir dépassé ce premier portage, la vallée devient plus large. On traverse de magnifiques alpages zébrés par de nombreux petits ruisseaux. Régulièrement, quelques passages bien raides nous obligent à porter les vélos à nouveau. A plusieurs reprises, nous croisons des randonneurs pédestres qui descendent. La montagne semble être à nous. Quelques marmottes sifflent sur notre passage. Quand nous atteignons le refuge du Mont Thabor à 2 500 m d’altitude, il reste encore un peu de lumière. Nous profitons d’un apéro à l’extérieur, au soleil couchant. La vue sur l’Italie est magique. Le ciel est pur, exceptionnel. Nous avons à peine le temps de terminer nos verres que le soleil disparaît derrière l’imposante falaise du Cheval Blanc. Comme toujours en montagne, la température chute considérablement. Nous nous glissons à l’intérieur du refuge où les gardiens Fanny et Simon ont déjà mis en route le poêle. Nous nous réchauffons dans la pièce commune en compagnie d’autres randonneurs pédestres qui ont eu la bonne idée de venir goûter aux derniers jours d’ouverture du refuge. Nous prenons place dans un des dortoirs. Ici point de chauffage mais des couvertures ! Nous regagnons la salle commune.

La nuit enveloppe tranquillement les vallées alentours. Encore quelques sommets au loin profitent des derniers rayons, le repas du soir est servi. Pour les affamés que nous sommes, les assiettes sont copieuses : soupe, salade, lasagnes et dessert. Impossible de tout finir… Après ce bon repas, nous sortons pour faire quelques photos. Malheureusement, le brouillard qui montait depuis quelques heures a enveloppé le refuge. Plus aucune étoile n’est visible. Nous retournons à l’intérieur. Ici, on ne vit plus à l’heure de la montre, mais au soleil ; la salle s’est déjà bien vidée… Nous entamons une partie de cartes endiablée… Vers 22 h, alors que seuls les gardiens sont encore debout, nous filons dans notre dortoir. A la lumière des téléphones portables, nous nous frayons un chemin dans les dortoirs. Les frontales sont restées à la maison… Tout le monde s’enfonce sous les couvertures, ça discute encore une bonne heure avant l’extinction définitive des feux

Le réveil est matinal. A 6 h 30, nous prenons déjà le petit-déjeuner. Une première vague quitte le refuge pour l’ascension du Mont Thabor. Nous nous préparons et vers 7 h 15, nous levons le camp. Le soleil fait son apparition, mais il ne nous a pas encore atteints. Le début de cette belle journée commence par une descente ludique. Nous rattrapons très vite le premier groupe qui est parti plus tôt. Un peu plus loin, nous poursuivons par un trail esthétique. Depuis le refuge du Mont Thabor, l’itinéraire effectue d’abord une très longue traversée qui alterne portages en montée et courtes descentes jusqu’au lac du Peyron. Globalement, nous avons perdu de l’altitude et tout reste encore à faire si nous souhaitons atteindre le sommet du Thabor ! Devant nous se dresse un mur, le sentier serpente et monte parfois franchement tout droit. Il doit bien y avoir presque 200 m de dénivelé où il faut porter le vélo. L’effort est intense, la pente est raide, le sentier rocheux. Plus haut, la pente se calme, nous atteignons le col des Méandes. Nous effectuons une bonne pause. En ligne de mire, le Mont Thabor paraît encore loin, très loin ! Nous traversons les derniers alpages pour attaquer l’ultime partie de l’ascension : 400 m de portage…

Direction le Mont Thabor

Nous remonterons uniquement sur le vélo après la chapelle, pour effectuer les derniers 100 m (en distance !) en pédalant… Nous atteignons le Mont Thabor sur le vélo. L’altitude est de 3 178 m. La vue est superbe. Il a récemment neigé et cela donne du relief à toute la chaîne des Ecrins : Pelvoux, Barre des Ecrins, Meije, Râteau… Nous nous étalons sur ce large promontoire pour entamer un déjeuner bien mérité. Nous déballons les paniers repas préparés par les gardiens du refuge. Les randonneurs pédestres nous prennent vraiment pour des surhommes. Nous leur expliquons que la descente sera plus rapide qu’à pied et que l’effort sera grandement récompensé. Il est vrai que voir des VTT à cette altitude n’est pas chose commune. Même si le Mont Thabor est devenu un classique, ce jour là, nous étions les seuls à VTT. Après avoir bien profité du sommet, nous attaquons la descente sous le regard médusé des randonneurs. La première partie passe très bien. Le sentier louvoie entre les blocs rocheux. Le sol est propre, roulant. Quelques zones plus techniques et plus raides ponctuent les 150 premiers mètres de dénivelé négatif. Nous descendons à une allure modérée, nous croisons pas mal de monde.

Nous tâchons au mieux de laisser la priorité aux montants même si notre passage permet à quelques randonneurs de reprendre leur souffle ! La seconde partie de la descente est plus technique. Alors qu’auparavant, nous descendions une large face, le sentier emprunter une crête rocheuse et étroite. La roche est de plus en plus présente, les passages techniques sont nombreux et demandent une bon équilibre sur le vélo pour ne pas finir au sol ou arracher un dérailleur… Après un court répit, la seconde partie technique que nous avions repérée survient. Après un pif-paf étriqué et un passage en corniche c’est une succession de marches qui demande un bon engagement… On ne le répétera jamais assez, mais en montagne, on ne roule pas de la même manière que derrière chez soit. Ici en cas de chute grave, tout devient compliqué et cela se termine par une intervention aérienne. Très souvent nous n’avions pas de réseau sur nos téléphones portables. Cela donc rallongerait le temps d’intervention des secours. Par conséquent, mieux vaut préférer descendre à pied plutôt que de tenter le diable. Nous en avons terminé avec le technique. Le reste de la descente est plus facile. Le sentier déambule dans les alpages et très vite nous quittons notre itinéraire de montée pour prendre en direction du vallon du Diner.

Seuls sur les singles

Le ride devient 100% ludique. Nous croisons un beau troupeau de vaches, puis quelques marmottes juchées sur les rochers. Nous nous arrêtons régulièrement pour profiter du panorama et de cette belle journée. Encore 500 m de dénivelé avant d’atteindre le point de départ de la veille. Nous surplombons désormais la vallée Etroite par un jolie singletrack. Rapidement nous regagnons une piste carrossable, mais nous dénichons un beau trail sous les mélèzes qui gagne le fond de la vallée. Encore de superbes passages et une lumière exceptionnelle. Le retour par la piste le long du ruisseau se déroule paisiblement. Nous croisons de nombreuses familles qui se promènent. A notre grande surprise, le parking presque vide d’hier est complet cet après-midi. Pourtant nous sommes que samedi… Qu’en sera-t-il demain, dimanche, avec la même météo ? La journée s’achève sur la route du retour et nous décidons désormais, chaque année, de trouver une sortie alpine, avec un vrai sommet, du pur Vélo De Montagne !