Scapin Murdok S3 : le cross à l’Italienne

DR T. Zaniroli

Rouler sur un Scapin, c’est un peu comme montrer au reste du monde que vous aimez rouler différemment. La marque italienne, aujourd’hui propriété de Cycles Olympia, est plus qu’une simple bouffée d’air dans ce monde de la grande production, c’est aussi un des derniers bastions du pur cross-country, mais aujourd’hui à la mode du 27.5”…

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]3170€[/tab][tab title=”POIDS”]10,30 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 100 mm | Déb. ar. :- [/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, rando-sport, vallonné, plaine.[/tab][/Htab

Pour nous, le cross-country rime avec 29 pouces, alors forcément il faut reconnaître que lorsque nous avons vu le nouveau Murdok débouler en roues de 27.5”, il nous a été difficile de cacher notre déception (les grandes roues sont donc réservées au seul Oraklo). Surtout qu’en Italie, le 29” c’est un peu une institution, comme Scapin d’ailleurs. La marque, qui fait encore penser à de l’artisanat, a toujours su mettre en valeur son design de cadre plus que son choix de coloris. D’ailleurs cette version S3 du Murdok n’est pas du goût de tout le monde avec son vert kaki associé à ce noir profond et ses touches de jaune fluo… Toujours est-il que le travail de peinture est vraiment propre, et plutôt costaud (notre modèle de test n’est pas d’une toute première jeunesse, puisqu’il a été puisé dans le parc de vélos tests de la marque qui tourne depuis presque un an). Un Scapin s’apprécie donc par ses formes, et ce Murdok ne déroge pas à la règle. Les lignes du cadre évoquent naturellement la course avec un slopping très prononcé du tube supérieur, un triangle arrière apparemment compact, et une colonne de direction noyée dans le tube diagonal et le tube supérieur, de quoi respirer la rigidité. Le dessin des pattes arrière qui intègrent un axe traversant en 12×142, est du plus bel effet. Tandis que la colonne de direction qui donne l’illusion d’être constante, cache un pivot conique. Et que dire des haubans particulièrement aplatis, qui laissent présager une flexibilité verticale de bon augure en matière de confort. Le cadre réalisé en carbone fait appel au Japonnais Toray pour ses fibres T800, véritable produit haut de gamme lorsque l’on parle de fibres haut module. L’Italien arrive ainsi à proposer un cadre affichant un correct 1 250 g.

Nous avons choisi de tester une version intermédiaire en terme d’équipement, le Murdok S3, ce qui permet à Scapin de proposer un VTT dans les prix du marché. Cerise sur le gâteau, moyennant quelques euros, vous pourrez choisir votre fourche parmi du RockShox ou du Fox, mais aussi vos roues. Nous avons opté pour une RockShox Reba RL et des roues associant des jantes NoTube ZTR Crest à des moyeux Miche 966 pour le moins rares sur le marché du VTT. La transmission est assurée par un ensemble Shimano XT avec plateau en double en 38/24, et avec malheureusement une absence de taille, le petit « + » au dérailleur Shadow, qui nous prive d’une tension de ressort de chape raffermie. Bilan, la chaîne manquera cruellement de tenue durant tout le test, nous gratifiant de passages de vitesse fantômes autour du petit pignon…

Les côtes, son dada !

Alors que la taille de cadre est bien coupée comme une taille M, comprenez que le tube supérieur avoisine les 585 mm, donc normalement pile ce qu’il me faut, j’ai mis pas mal de temps à trouver ma position. Plusieurs choses. La première, la potence Ritchey WCS d’origine nous replonge cinq ans en arrière avec une longueur qui projète votre corps dans le moyeu avant. Exit la potence en 100 mm, vive une 75 mm. Déjà, on s’y sent mieux. La tige de selle coudée nous a obligé à avancer la selle pour retrouver une position adaptée au pédalage, c’est-à-dire que le pédalier se trouve légèrement en avant de votre bassin. Désormais, le Murdok peut soigner son agrément de pilotage avec une bonne capacité à filtrer les chocs provenant de la roue arrière. Et même si la position de pilotage n’incite pas à la flânerie, avec tout de même une petite bascule vers l’avant, on se prend à rêver que l’on puisse accumuler les kilomètres à son petit guidon. Malgré les 80 mm de débattement de notre fourche (il s’agit d’une 29” abaissée en 80 mm, faute de disponibilité d’une 27.5” en 100 mm lors de la production du vélo), on échappe aux crampes dans les avant-bras grâce au travail bien effectué de la suspension. En tout cas, tant que l’on ne se met pas en danseuse, car dans ces conditions, la fourche se met à jouer du yoyo. Ce manque de soutien hydraulique oblige à jouer du blocage au guidon, qui, s’il était mieux intégré sur le guidon (l’ensemble frein/manette Shimano XT ne fait pas bon ménage avec le Poplock de l’ennemi Sram) sera facile à mettre en œuvre.

DR T . Zaniroli
DR T . Zaniroli

Si le Murdok est confort, en revanche il est un peu bridé de la boîte de pédalier et du triangle arrière. Il en résulte qu’il reste difficile à emmener dans les relances, ou même faire un départ canon. Quant à conserver une bonne vitesse, encore une fois, il faudra jouer des cuisses pour rester à bonne hauteur de ses rivaux. D’autant que le choix du développement à l’avant n’est pas très opportun. Le plateau de 38 dents à plus sa place sur un 29” qui offre une meilleure allonge, qu’un 27.5”. Du coup, on se retrouve vite à augmenter la rotation de pédalage sur le plat… Surtout que le pneu arrière Vittora Saguaro offre un bon rendement, donc peu de résistance. La coupe assez traditionnelle du cadre se retrouve aussi dans son comportement dans les virages. Si les grandes courbes ne sont pas un problème tant l’avant est bien guidé par le pneu, les petits virolos demandent un peu de savoir-faire au risque de passer son temps à élargir la trajectoire vers l’extérieur. La clé ? En danseuse, sur l’avant, bien inscrire la roue dans le virage, en n’ayant pas peur de charger le pneu (il tient bien, rassurez-vous) et accompagner l’arrière qui tourne alors d’un bloc avec nonchalance. Bon, pour peu que le terrain soit rapide et bosselé, il faudra contrôler quand même la roue arrière avec le bec de selle, et faire avec la chaîne qui tape sur la base, quant ce n’est pas le dérailleur arrière… En tout cas, si vous restez en selle dans cette configuration de terrain, vous serez à l’arrêt. Reste un terrain où le Murdok excelle. Les côtes. D’abord on profite de sa masse inférieure à 11 kg en action. Ensuite, même dans les raidards techniques parsemés de racines, il profite d’une stabilité digne d’un 29” et de la motricité distillée par le triangle. On pourrait presque croire que plus vous appuyez sur les pédales, plus la roue arrière se plaque au sol, gratifiant alors d’une très bonne motricité. Mais, et parce qu’il y a toujours un mais, c’est aussi dans ces conditions où les racines font surface que l’on constate que le boîtier est vraiment trop bas. Si vous n’êtes pas dans le rythme, vous y laisserez pas mal de fois de morceaux de votre pédale, ou de la manivelle. Un même constat dans les passages en léger dévers avec racines apparentes sur les cotés, il sera parfois difficile continuer à pédaler.

Voilà donc un vélo bien armé pour la compétition, qui plus est relativement confortable, mais qui demandera de bien connaître son mode d’emploi pour en tirer sa quintessence.

Ce qu’il faudrait changer

Sans hésitation, optez pour une potence plus courte, un cintre plus large, et lorsque votre pédalier sera usé, montez un plateau en 39 dents. Le 38 est vraiment trop petit pour jouer la gagne.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Fourche : RockShox Reba RL – Freins : Shimano XT, ø160 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT – Dérailleur avant : Shimano XT – Pédalier : Shimano XT, 38/24 – Commandes : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 11/36 – Roues : No Tube ZTR Crest / Miche 966 – Pneus : av. : Vittoria Barzo Tnt, 27.5”x2.10 ; ar. : Vittoria Saguaro Tnt, 27.5”x2.00 – Potence : Ritchey WCS 4 Axis, 100 mm – Cintre : Ritchey WCS Flat, 660 mm – Tige de selle : Ritchey WCS, ø31,6 mm – Selle : Selle Italia Sl Flow – GEOMETRIE en taille M : Top tube : 580 mm – Tube de selle : 435 mm – Angle de direction : 71° – Angle de tube de selle : 73° – Bases : 425 mm – Empattement total : 1 068 mm – Hauteur de boîtier : 295 mm.

Distributeur : Scapin, Contact : www.scapin.com

RENDEMENT [star rating=”4″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”3″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

 
[quote] On aime : Non filtrage des vibrations à l’arrière • Rouler différent • Axe traversant arrière d’origine
On regrette : Potence trop longue d’origine • Cintre pas assez large • Boîtier vraiment bas. [/quote]