Rocky Mountain Altitude 750 : La révélation

Rocky Mountain a complètement revu son célèbre Altitude pour 2013, avec un tout nouveau chssis développé autour de roues en 650B et muni d’un astucieux système de réglage de la géométrie et de la progressivité de la suspension sur neuf positions. Nous l’avons testé en avant-première dans sa version aluminium !

Du neuf

L’Altitude inaugure le Ride 9, un système qui permet d’ajuster la géométrie et la suspension suivant son style de pilotage et son poids. Un système de double insert au niveau de la fixation de l’amortisseur est réglable sur neuf positions différentes. Sur l’avant, la géométrie est plus ouverte et la fin de course de la suspension plus progressive. A l’inverse, plus l’amortisseur est placé vers l’arrière du système, plus les angles se referment et la suspension est souple. Les réglages vers les positions hautes ou basses sont à utiliser suivant le poids du pilote. Ce qui paraît compliqué est finalement relativement simple à comprendre, puisqu’au final l’utilisateur ne joue que sur trois positions (neutre, typée XC ou typée enduro). Rocky Mountain a d’ailleurs mis en place un mini site dédié pour tout comprendre.

Quand t’es dans le désert…

C’est sur les pistes de Bootleg Canyon dans le désert de l’Utah aux Etats-Unis durant les Demo Days de l’Interbike que nous avons pu effectuer les premiers tours de roue au guidon de ce très attendu Altitude cuvée 2013. Très attendu car il s’agit tout simplement d’un des VTT les plus demandés de ces deux journées d’essai du salon américain et qu’il a fallu nous armer de patience pour avoir la chance de pouvoir le tester pendant une demi-journée. Un privilège que nous avons savouré et apprécié en préférant rouler uniquement sur la position la plus ouverte du système Ride 9. Un choix guidé par la volonté de se focaliser sur ce nouveau châssis muni de roues en 650B, sachant qu’un essai plus poussé suivra dans un prochain numéro de Vélo Tout Terrain où nous ne manqueront pas d’explorer toutes les possibilités de réglages offertes par le système.

Blind test

L’Altitude 750 est la dernière machine que nous avons essayée durant les deux jours de ce demo days. Et c’est sur le même parcours test que nous avons roulé précédemment tout type de VTT, allant du tout-suspendu XC en 29 pouces à la machine de course d’enduro en carbone 26 pouces. Autant dire que nous avons de quoi comparer cet Altitude, son comportement et surtout ses roues de 650B et face à d’autres machines sur un terrain identique. Concernant cet Altitude 750, il s’agit presque de la version commercialisée en France par Tribe Sport Group, à deux exceptions près : notre modèle est muni d’une tige de selle télescopique RockShox Reverb Stealth et d’un amortisseur arrière Fox Float CTD avec réglage au guidon. Avec le réglage Ride 9 dans sa position la plus engagée (angle de direction à 66,62° et boîtier de pédalier au plus bas), on sent dès les premiers tours de roue que cet Altitude sera dans son bain dans les sections engagées, sans pour autant tomber dans l’extrême. C’est bien là le plus surprenant, car il reste facile en relance et surtout ultra-maniable dans les enchaînements de virages serrés ! Et même si nous étions au départ dubitatif face à un nouveau standard de roue que l’on tend à nous imposer, force est de constater qu’il prend tout son sens sur une machine polyvalente comme l’Altitude. En fait, au-delà du “simple” diamètre des roues, il s’agit surtout d’un ensemble (châssis, roues et suspensions) extrêmement bien né.

Ce Rocky relance fort en sortie de courbe, difficile ici de faire la différence en terme de nervosité face à un 26 pouces de la même catégorie. Ses bases assez courtes (plus courtes que bien des 26 pouces !) n’y sont probablement pas étrangères. Ce sentiment de vivacité et de nervosité nous a d’autant plus surpris qu’au final, la version aluminium de l’Altitude n’est pas spécialement légère. Mais grâce à une bonne répartition des masses, on oublie presque que l’on roule sur une machine qui fait tout de même plus de 14 kg ! Dans ce sens, la gâchette de réglage CTD au guidon de l’amortisseur arrière (qui n’est malheureusement pas de série) prend tout son sens. Ok, elle est massive et prend plus de place qu’un levier de frein (!) sur le guidon. Mais à l’usage, elle prend franchement tout son sens car on se prend à jouer beaucoup plus et de façon quasi-instinctive sur les trois réglages, Climb, Trail et Descent. Pour la fourche, on en revient toujours au même réglage sur la cuvée 2013 des Fox CTD, à savoir le mode Trail qui permet à la fourche de conserver une assiette satisfaisante au freinage et dans les appuis. Oui, le mode Descent sera à proscrire car la fourche a beaucoup trop tendance à plonger !

Du grip !

Le grip. C’est très certainement une des plus grosses qualités de ce nouvel Altitude. D’une part en côte où même lorsque l’amortisseur est en position Climb, il procure une motricité démoniaque qui permet de conserver de l’adhérence même lors des ascensions les plus techniques. Quant aux roues de 650B, force est de reconnaître qu’elles permettent d’améliorer quelque peu les qualités de franchissement. Pour preuve, nous avons tout simplement réussi avec succès à franchir un obstacle sans alléger la roue avant et sans que cette dernière ne vienne buter contre la marche en question. Du grip, l’Altitude en procure aussi en courbe. Malgré une pression assez élevée dans les pneus (due à un montage Tubetype + des flancs de pneus Schwalbe Nobby Nic très fins + une roche de l’Utah très propice à crevaison), l’Altitude dérive dans les grandes courbes rapides tout en reprenant de l’accroche sur un terrain pourtant fuyant. Là encore, la sensation de sécurité prédomine et c’est avec des cris d’extase que l’on se plaît à enquiller n’importe quelle descente à une vitesse peu recommandable.

“Slayer killer”

C’est indéniable, ce nouvel Altitude procure un sentiment de sécurité que l’on retrouve sur très peu d’autres machines. Une sensation que l’on ne peut pas attribuer aux roues seules, mais plutôt à un ensemble extrêmement bien conçu. A tel point qu’à l’issue de cet essai, on en est venu à se demander ce qu’il restait au Slayer actuel. Car l’Altitude offre des sensations proches de son grand frère actuel dans la pente, mais avec plus de polyvalence et de meilleures sensations au pédalage ! Rocky Mountain en est conscient, puisque pour 2013 le Slayer change quelque peu d’orientation avec un débattement qui passe à 170 mm. Et il se murmure qu’il pourrait suivre la voie de l’Altitude dans le futur en adoptant lui aussi des roues de 650B… mais chut !

Révélation

N’ayons pas peur de le dire, cet Altitude est la machine la plus plaisante sur laquelle on a pu rouler en cette fin d’année. Et nous ne sommes pas les seuls à partager cette opinion, puisque les nombreuses personnes de l’industrie (chef produits de grandes marques de composants et même des ingénieurs d’autres marques venus tester les nouveautés lors de cet Eurobike) sont unanimes : le nouvel Altitude est une fantastique machine à plaisir, le genre de VTT sur lequel on ne peut rouler qu’avec le sourire. Imaginez donc la version carbone dont le cadre perd pas moins de 800 g par rapport à cette version aluminium (2 300 g avec amortisseur et visserie contre 3 100 g) !