Labyrinth Agile : le roi de l’habileté

Entrevu sur Internet il y a maintenant près d’un an et demi et présenté officiellement lors du Roc d’Azur 2008, l’Agile arrive enfin. Il s’agit du premier modèle d’enduro léger de Labyrinth. Jusqu’à présent, la marque vosgienne Labyrinth nous avait surtout habitué à faire dans le lourd, entre un VTT de dirt et un autre de descente. Pour l’homme à l’origine de la marque, Cédric Braconnot, le temps était venu de s’assagir quelque peu et de proposer une gamme structurée. Pour sa sortie officielle le 24 septembre prochain, un employé viendra d’ailleurs rejoindre la société. Il sera chargé d’une mission de développement et de relation avec la clientèle.

Le triangle arrière tolère un pneu de 2,70 de largeur ou encore une patte usinée de chaque côté du serrage en 135×10 mm. Voilà autant de détails qui flattent l’utilisateur et prouvent que le créateur de ce modèle est aussi un consommateur averti. Le Labyrinth Agile est proposé dans trois coloris différents : poli avec l’ensemble biellette/basculeur et la visserie verts, noir avec les biellette/basculeur et la visserie en alu et blanc avec les biellette/basculeur et la visserie en rouge. Les trois tailles (S, M, L) sont proposées avec trois niveaux d’équipement. On retrouve l’entrée de gamme SLX, notre modèle d’essai, à 2 299 €, le XT à 3 299 € et le haut de gamme XTR à 4 399 €.

Labyrinth a consacré ces trois dernières années à la recherche d’une cinématique de suspension qui pourrait coller au programme enduro de ce nouveau modèle. En collaboration avec Jean-François Boivin, l’un de ses amis aujourd’hui expatrié au Canada, Cédric Braconnot a développé l’Adapt Link System. Le système de suspension Adapt Link est constitué d’un bras oscillant (le triangle formant les bases et les haubans) fixé au triangle avant autour d’un monopivot monté sur de gros roulements. L’amortisseur, un Marzocchi Roco, est désolidarisé du bras arrière en étant fixé sur un basculeur, une petite biellette servant juste de guidage. Elaborée sur le thème de la progressivité, la courbe de compression de la suspension constitue l’un des points forts de cette suspension. Retenez simplement que la cinématique favorise une sensibilité sur les petits chocs sur les quatre premiers centimètres du débattement à la roue arrière.

Certains souhaitent un vélo cohérent ou homogène, un vélo ayant de la gueule tout en restant sobre, sans oublier le côté joueur et professionnel. Combiner tous ces critères, telle est la tâche menée à bien par Labyrinth avec son nouvel Agile!

Les huit centimètres suivants sont linéaires, pour un travail d’amortissement plus conséquent dans les trajectoires engagées, et les trois centimètres restants sont très progressifs, avec un talonnement quasi inexistant. Voilà de quoi exploiter facilement les 150 mm de la suspension. Petite confidence : ce système sera développé sur les futures productions de la marque, tel un 100 mm de cross-country avec un aspect visuel très proche de ce 150 mm. Un 180 mm dédié au freeride et un 200 mm de débattement pour la descente figurent aussi au programme. Mais ces projets s’étalent sur les cinq années à venir. La plateforme de suspension de l’Agile est conçu pour fonctionner avec une fourche allant de 140 à 160 mm de débattement, suivant les pratiques et les envies du pilote.

«Nous créons parce que nous roulons»
Voilà la phrase qui résume Labyrinth depuis plusieures années. De fait, l’Agile porte bien son nom. Agile, adjectif et synonyme de «adroit», «habile» ou «élégant». Agile, le nom d’un vélo synonyme d’homogénéité, joueur et performant. Peut-être est-il un peu court de le résumer avec ces quelques mots mais les traits de caractère en disent souvent beaucoup. Expliquons-nous. Une position de pilotage assez droite, un boîtier de pédalier relativement bas, 330 mm avec un cadre en sloping… Vous avez déjà un avant-goût du programme offert par ce vélo. Dès la première approche, vous comprenez qu’il fera bon rouler, bon de rouler avec un dénivelé certain. Après un petit échauffement aux pieds des remontées mécaniques, nous voilà au sommet des Deux Alpes, le début de ce test programmé lors du Mondial du VTT pour affronter les vélos de descente. Etonnant de se retrouver là avec ce type de vélo ? Eh bien non ! Sa capacité à maintenir le cap sur les sentiers descendants est tout bonnement impressionnante. On peut déplorer que seule la version haut de gamme possède une tige de selle télescopique, elle aurait été très pratique dans cette situation. Un virage, un second et quelques sauts pour arriver dans une zone plus technique. Le vélo ne bronche pas. La maniabilité est au rendez-vous avec des appuis très fiables en virage. Sa rigidité latérale est mise à l’épreuve. Rien ne vient rompre le charme. Le cadre compact assure un équilibre parfait et génère des trajectoires parfois improbables. La prise en main est particulièrement agréable. Le contrôle de la direction est stable avec le cintre assez large de chez FSA (660 mm), malheureusement pénalisé par la fourche Marzocchi 44 ATA de 2009, peu réactive sur les vibrations et même sur les gros chocs.

Ses réglages un peu complexes et le manque de fiabilité (notre fourche a perdu de l’air à plusieurs reprises) ont fini par nous faire ralentir. Finalement, une bonne Rock Shox Revelation aurait été plus appropriée. Mais venons-en à la chose, comme on dit. L’amortisseur Marzocchi Roco Air LO en défie plus d’un ou alors plus d’une ! Son début de course est impressionnant quand on place au préalable 30% de précontrainte. Son amorti et sa sensibilité sur les petits chocs permettent de lâcher les freins dans bien des occasions. Pour garder ce rythme, cet engagement, il sera encore meilleur dans les parties les plus défoncées. Le système de blocage placé directement sur l’amortisseur favorisera une meilleure performance dans les montées car le système Adapt Link est plus pertinent dans les zones chaotiques que dans l’ascension d’un col. C’est ce que l’on a perçu au cours de la poursuite de notre test dans des zones moins axées descente. Mais attention, cela n’enlève rien à ses capacités d’enduriste, c’est-à-dire sa faculté à découvrir la montagne dans tous ses états.

Avec un design relativement sobre, plusieurs détails confirment qu’un amoureux du travail bien fait se cache derrière ce cadre. Un petit «designed in Les Vosges» est joliment inscrit à l’arrière de la tige de selle. De même, le logo de la marque figure à l’avant de la douille de direction ou encore un autre sous le tube diagonal. Tout cela est placé sous une peinture d’une qualité irréprochable (comptez environ 80 g de peinture !). Le Labyrinth Agile que nous avons pu tester dans sa version d’entrée de gamme est un modèle déjà très performant, qui devrait combler nombre d’enduristes. D’autant que ce vélo en demande peu. En effet, le niveau du pilote n’est pas sa priorité. Il est très accessible pour le débutant et réagit extrêmement bien aussi pour les pilotes exigeants.