Italie : au chaud à  San Remo !

Pas facile de trouver un coin pour rouler au cœur de l’hiver. Alors quand le froid bat son plein, direction l’Italie et sa Riviera, une destination incontournable pour les amateurs de dénivelés négatifs.

San Remo, paradis de l’enduro

Le rendez-vous est pris. Quand nous quittons Marseille, il n’est même pas cinq heures du matin. L’Italie est à moins de trois heures de route. Et comme à notre habitude, nous souhaitons capter les premiers rayons de soleil. Il fait tout juste 2°, un léger vent glace l’atmosphère nocturne. Nous prenons place dans le camion, direction l’Italie. Via l’autoroute A8, le déplacement est rapide. Nous arrivons sur Nice à la mauvaise heure. Les voitures s’empilent, mais cela reste encore un peu fluide. Malgré un ciel clair et étoilé sur Marseille, depuis notre arrivée dans le département des Alpes-Maritimes le temps s’est dramatiquement couvert. Nous prenons une pause sur l’aire de repos de Beausoleil où la vue sur le Rocher de Monaco est tout simplement spectaculaire. Il ne fait pas chaud, et nous ne nous attardons pas. Nous entrons rapidement en Italie. Depuis maintenant de nombreuses années, le passage aux »frontières» se réalise de manière transparente. Ce qui frappe toutefois, de la France à l’Italie, c’est l’infrastructure routière. Des trois voies confortables, nous passons à deux voies d’apparence étroite. Les tunnels et viaducs s’enchaînent. La Riviera italienne est spectaculaire. La montagne plonge dans la mer, de nombreux villages s’accrochent aux flancs escarpés des collines. Rapidement nous quittons l’autoroute pour pénétrer dans San Remo.

La montagne plonge littéralement dans la mer!

Aux premiers abords, la ville n’est pas vraiment attirante. En quelques kilomètres, depuis la France, on a l’impression de passer de territoires cossus à des régions très populaires. C’est assez frappant. L’infrastructure, l’urbanisme, l’aménagement, chaque secteur en apporte une preuve. Nous rejoignons Ady qui nous attend dans le centre-ville. En sortant du camion, nous sommes frappés par la température agréable qui règne ici. Nous quittons les vestes. Le programme est lancé. Ady nous propose une série de rotations le matin sur quelques singles bien techniques. Nous grimpons dans son truck qui nous emmène tranquillement dans les montagnes alentours. La vue sur la mer est saisissante. Ici nous pouvons grimper jusqu’à presque 1 300 m d’altitude. Pour l’heure, nous nous arrêterons vers 800 m. La première session commence par un tracé plutôt cool au début. Le single déambule dans une jolie forêt de pins. A cette altitude, le vent s’est mis à souffler et sincèrement nous n’avons pas très chaud. Le terrain est composé de grès, ce qui présage des passages rocheux intéressants. Le sentier est parfois traître. Des passages rapides et fluides alternent avec des franchissements exigeants. La descente s’enchaîne bien. Dans le bas, un tunnel en pierres traverse sous la route. Le tracé est vraiment original. Juste à la sortie, un petit panneau placé judicieusement sur un arbre invite à la prudence. En effet, immédiatement après, la pente s’accentue fortement. Le terrain est assez scabreux, raide. Il faut rester sur ses gardes et très souple sur le vélo.Ady nous récupère juste en bas. Nous en profitons pour enchaîner une deuxième descente. Sur les routes très étroites du Monte Bignone, les croisements sont délicats. Les Italiens honorent leur réputation de »Fangio» de la route. A coups de klaxon, ils abordent les virages en plein milieu, désespèrent quand il faut faire une marche arrière. Mais au final ça passe tout le temps, et souvent dans la bonne humeur.

Les descentes sont vraiment très originales!

Le temps file à grande vitesse. Nous redescendons dans la périphérie de San Remo pour prendre un bon déjeuner. Ady connaît bien quelques petites tables sympas et familiales. Au bord de la route, il tente de garer son truc rallongé de la remorque à vélos sur un petit parking. Juste à côté une banderole affiche clairement la suite : »menu bikers». Nous entrons dans cette cantine où l’ambiance familiale est de mise. La »mama» locale nous propose gentiment un petit mélange perso de pasta qu’on lui demande de bien garnir, nous avons faim ! Quelques minutes plus tard, trois grands plats en aluminium sont posés sur la table : tagliatelle bolognese, gnocchis maison, pasta au pesto… Une tuerie. Nous nous servons et dévorons ces préparations faites sur place. Nous avons même droit à du rab´, comme à la maison. Nous sommes pleins, nous déclinons la viande qui devait arriver derrière. Nous bouclons cet excellent repas par les dolce, des desserts faits maison… Et dire que nous avons déjeuné pour moins de dix euros par tête !

Ady reprend le volant, il veut nous emmener sur la Vouilloz Track, une piste qui chemine sur une crête panoramique, prisée par le célèbre champion du monde. Là-haut, nous croisons son collègue Richard qui entretient le single. Pelle, pioche, râteau. Tous les outils nécessaires à l’aménagement sont présents. Il est vrai que pour créer ce réseau et le maintenir en état, il faut beaucoup de dévouement et d’énergie. Le single est vraiment magnifique. La partie haute est assez raide, plutôt technique. La vue sur la mer est splendide. D’autant plus extraordinaire que le soleil a fait fuir tous les nuages. Dans sa partie intermédiaire, le single est ludique, facile. Il permet de se relâcher avant les derniers passages techniques : blocs rocheux, dévers glissants, toboggans raides…

La dernière descente de la journée est assez technique et physique

Pour notre dernière descente de la journée, Ady et Richard nous déposent à côté du petit village de San Remolo, perdu dans la montagne. Le départ de la piste est roulant, agrémenté de nombreux virages relevés. Tout se négocie de manière fluide. Plus bas, après avoir coupé la route, le single est composé de plusieurs sauts sympas. Mais au fur et à mesure de notre descente, le sentier est de plus en plus cassant. Les passages rocheux et défoncés s’enchaînent… Il faut rester très mobile sur le vélo, lui laisser toujours un peu vitesse, bouger sans cesse son centre de gravité. C’est très physique. Alors que le soleil commence à être très bas, nous entamons nos derniers tours de roues italiens. C’est sans doute le clou du spectacle de San Remo : la descente de la vieille ville. Alors que nous traversons les premières ruelles à vive allure, nous enchaînons par la descente d’un parc qui domine la vieille ville. Ady nous prévient de rouler mollo car les riverains et les carabiniers sont un peu sensibles. Nous suivons à la lettre ses recommandations. Les premiers escaliers sont avalés. Plus bas, c’est un véritable labyrinthe de ruelles, traverses, escaliers, passages couverts qui s’offrent à nous. Nous hésitons quelques minutes. Des hordes de gamins sortis de nulle part s’amassent autour de nous. Ils veulent tous faire un tour sur nos Intense. Désormais il fait nuit.

Nous suivons les conseils de la population sur l’itinéraire à suivre. Et nous ne sommes pas déçus. Le ride se poursuit. Après avoir franchi une longue rue couverte, nous gagnons le cœur commerçant de la cité. Nous levons le pied. Les piétons nous jettent parfois des regards noirs. Un des passants nous prévient, dans un très bon français, que le vélo est interdit ici. C’est assez étonnant de les voir aussi à cheval sur la réglementation alors que dans les rues adjacentes règne un bazar sans nom avec les multiples stationnements anarchiques. Sans compter les croisements au culot sur les routes étroites ou les dépassements hasardeux. Bref, cela fait tout le charme de l’Italie. Nous finissons notre ride en bord de mer. Plein ouest, une bande rouge raye l’horizon. Le soleil nous laisse une dernière empreinte spectaculaire. Il est temps de saluer nos gars, Ady et Richard de chez Riviera Bike. Nous reprenons la route avec la satisfaction d’avoir trouvé un bon spot pour rouler toute l’année bien sûr, mais surtout quand l’hiver bat son plein !