Yeti AS-Rc X01 : la recette du bonheur

Depuis plusieurs saisons, Yeti s’est focalisé sur la remise au goût du jour de son cadre de descente, puis ce fut l’all-mountain et l’enduro. L’heure est enfin arrivée pour la marque californienne de s’intéresser à son vaisseau amiral, l’AS-Rc, son tout-suspendu pour le cross-country. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié !

Yeti AS-Rc X01 (6)
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]5999€[/tab][tab title=”POIDS”]10,70 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. :120 mm | Déb. ar. : 100 mm[/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, rando-sport, vallonné, plaine.[/tab][/Htab]

Cela faisait plusieurs années que Yeti avait délaissé le segment du cross-country. Certes, nous avions eu droit à un avant-goût l’année dernière avec l’arrivée du complètement revisité AR-C Carbon, le semi-rigide, mais rien quant au vieillissant AS-RC. Et bien on peut dire aujourd’hui que l’attente fut longue, mais le résultat est à la hauteur des espérances. Voici l’AS-Rc, une nouvelle génération de cross-country dont seul Yeti pouvait proposer la recette.

Pour ce qui est du choix des roues, Yeti a déjà tranché l’année dernière avec son semi-rigide. Les tailles XS et S sont en roues de 27.5” et les tailles M, L et XL sont en 29”. Ça tombe bien, mon 1,71 m et mon entrejambe de 80 cm sont idéalement posés sur la taille M grâce à cette potence de 80 mm judicieusement choisie pour le poste de pilotage. A moi le 29” ! En même temps, je ne me voyais pas rouler sur un 27.5” dans cette catégorie d’usage. En effet, s’il y a bien un segment de marché où le 29” a tout à fait sa légitimité, c’est bien le cross-country. Le cadre, devrais-je dire, cette œuvre d’art tant il en émane un sentiment de pureté dans les lignes, est réalisé en carbone. Passage incontournable pour Yeti, qui en a fait une spécialité. Il en ressort un cadre accompagné de son amortisseur qui n’affiche que 1,9 kg sur la balance, dessiné autour d’une suspension monopivot classique, plutôt que la nouvelle cinématique Switch Infinity déclinée sur ses nouveaux modèles, qui aurait été bien trop lourde (environ une centaine de gramme en plus). De plus, il faut bien voir que sur une suspension qui développe 100 mm de débattement, il n’y a pas forcément besoin d’autant d’artifices pour obtenir quelque chose qui fonctionne. Les ingénieurs ont donc joué sur la déformation du carbone des haubans pour générer un point de pivot arrière, le tout avec un amortisseur Fox qui est contrôlé par une très belle biellette en carbone. Simple, facile d’entretien, peut-être pas très sensible sur les chocs (en tout cas sur le papier) que le Switch Infinity), mais le résultat est là avec un cadre très léger ! Jusque-là, vous aurez noté la performance technique, mais pas au point de parler de recette exceptionnelle. Certes, mais il ne s’agissait que d’un amuse-bouche. L’entrée c’est maintenant. En général, la logique voudrait que lorsque la suspension arrière développe 100 mm, on retrouve l’équivalent à l’avant, surtout en cross-country. Et bien pas ici. La fourche offre 20 mm de plus de débattement que l’arrière. En effet, une Fox Float 32 en 120 mm trouve place pour diriger ce vaisseau amiral. 120 mm en cross-country ? Oui, monsieur. Et vous savez quoi, on ne le regrette pas, tant la conception du cadre et sa géométrie ont été pensées pour fonctionner avec un tel débattement. Sa douille de direction très compacte de 90 mm compense la hauteur de fourche et donne à peine l’impression d’avoir une fourche de 120 mm de débattement, mais ce n’est pas tout. La touche de sel qui va pimenter ce crosseur est à mettre au compte des angles. Jusqu’à peu, la règle du 71/73° était légion dans le cross-country. Yeti bouleverse la donne en affichant un officiel 69° en statique à l’avant (68,5° avec les pneus Michelin sur notre modèle à la place des Maxxis Ikon prévus), et 74° de tube de selle. De quoi faire perdre la boule. Pourtant à y regarder de plus près, cette stratégie répond complètement à la nouvelle donne des circuits mondiaux de cross-country. De plus en plus techniques, avec des sections en descentes très piégeuses et des montées très raides, nous l’avons encore vu cette année en Coupe du monde, les pilotes roulant sur des VTT classiques n’ont pas été à la fête. Avec l’AS-Rc, Yéti entre dans la nouvelle génération de VTT de cross-country. Mais plus que ça, puisqu’il s’ouvre également le champ du monde du marathon. Avec ses angles, sa faible masse, son débattement avant, et la possibilité de monter une selle télescopique, il est une arme de polyvalence.

L’AS-Rc est une fabuleuse machine que l’on ne se lasse pas de regarder et d’apprécier de piloter.

Et puis est venu le moment de passer au plat principal. Le Yeti AS-Rc est disponible sous deux formes. Soit en cadre nu avec amortisseur (3 299 €), soit en montage complet. Et soyons clairs, le montage proposé est la meilleure alternative puisqu’il propose un équipement parfaitement éprouvé, et fiable. Côté amortisseurs, la fourche Fox est une Factory avec traitement Kashima, tout comme l’amortisseur. Pas de blocages ? Non, inutiles et trop lourds. La transmission en 1×11 vitesses Sram X01 colle parfaitement au programme. Moins chère, d’une meilleure tenue dans le temps que sa grande sœur, son fonctionnement est identique. D’autant qu’avec des gaines qui passent dans le cadre, leur durée de vie est accentuée. Alors pourquoi s’en priver ? Le pédalier est peut-être le point où l’on pourrait gagner encore du poids, mais question usage il est tout à fait convenable. Notez que le cadre du Yeti est en PressFit 30 mais utilise des manivelles GXP en passant par un adaptateur Praxis Works. Le freinage est assuré par des Shimano XT rassurants par leur fiabilité, même s’ils ne sont pas des monstres de puissance, et encore moins lorsque, comme ici, l’avant est équipé d’un disque en 160 mm de diamètre. Le train roulant est confié des Stan’s avec des ZTR Crest, très appréciées pour leur légèreté. Mis bout à bout, on se rend bien compte que pour 6 000 €, vous voilà avec un produit bien équipé et surtout prêt à rouler, enfin si vous changez cette fichue selle qui peut rapidement transformer votre sortie en un calvaire.

Fromage ou dessert ? Les deux !

Un poste de pilotage rapproché, un cintre large, voilà qui n’est pas orthodoxe dans un paysage où l’on est plus habitué à avoir la tête dans le guidon et des bras tendus. Pourtant il suffit de quelques kilomètres pour s’y faire, et à l’apprécier. On en profite d’autant plus que la suspension arrière peut se transformer en Docteur Jekyll ou en Mister Hyde selon que l’on choisit de mettre 10 psi de plus ou de moins. Si vous cherchez un peu plus de confort et de motricité, notamment pour une sortie longue distance, alors mettez un plus moins d’air. Le Yeti dévoile alors un confort que l’on n’imaginait pas. Dans ces conditions, il met rapidement en confiance, surprenant par le filtrage des petits obstacles, jamais cassant. En tout cas à l’arrière, car à l’avant, la Fox reste toujours incompréhensive dans sa gestion de son hydraulique… Trop dure en déclenchement, même en position descente, elle finit par donner mal aux mains au bout de 35 km ! Un comble. En se mettant en descendeuse, histoire de relancer la bête qui est un peu paresseuse à faire décoller, la suspension arrière oscille un peu. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à jouer sur le réglage de compression lente de l’amortisseur en le mettant en position 2 et en l’activant. En version plus crosseur, donc avec 10 psi de plus, le vélo est complètement différent. Plus sec sur les petits chocs, il calme également son va-et-vient en danseuse. Mais une chose est commune aux deux réglages : la détente est toujours très rapide. Pour vous dire, l’effet ressort du carbone est tel, que nous avons mis la détente au plus lent, et nous aurions aimé qu’elle le soit encore un peu plus. C’est dire.

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

Le Yeti AS-Rc s’avère étonnamment docile, quelle que soit la situation. Il est facile partout. La direction reproduit fidèlement le mouvement du guidon. Le Yeti réagit au doigt et à l’œil même si les roues Stan’s ont rapidement avoué leur faiblesse. L’arrière a commencé à voir ses rayons se détendre, au point de croire que le bras arrière s’était desserré. Après une remise en tension, le constat reste le même, trop souples pour offrir un bon dynamisme. Dommage. En côte, le compromis de la géométrie est impressionnant d’efficacité. Le position du corps ramené sur l’avant permet un mouvement de jambes qui offre une puissance naturelle de pédalage. Ajoutez une faible masse, des bases ni trop longues, ni trop courtes pour un 29” et le voilà en bonne position pour faire péter des chronos, surtout si le terrain est bien défoncé. La motricité est là. A l’avant, le poste de pilotage a tendance à vouloir lever un peu du nez, mais il suffit de baisser un peu le torse pour remettre les choses dans l’ordre. Mais là où le Yeti va prendre l’ascendant sur ses concurrents : c’est bien simple, à son guidon, on survole les obstacles. Quel pied ! Le vélo dévale sur un rail, avec une précision chirurgicale dans le choix de la trajectoire. L’angle avant donne un sentiment d’invincibilité, et finalement les 100 mm arrière suivent aisément le tempo, sans jamais entrer en butée violemment. L’équilibre du vélo n’est jamais mis en défaut. La légèreté du vélo permet de passer d’une piste à l’autre en un clin d’œil, et même s’il faut un peu forcer l’avant pour le faire tourner autour des arbres lorsque la vitesse n’est pas au rendez-vous, tout paraît facile à son guidon. Et quand on a le sourire à la fin de chaque sortie, on se dit que là, c’est la cerise sur le gâteau !

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : XS, S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Amortisseur : Fox Float CTD BV Factory – Fourche : Fox 32 Float 120 Fit CTD Factory – Freins : Shimano XT, ø160 mm – Dérailleur avant : – – Dérailleur arrière : Sram X01 – Pédalier : Sram X1 1400, 32 dents – Commandes : Sram X01 – Cassette : Sram X01, 10-42 – Roues : Stan’s ZTR Crest – Pneus : Maxxis Ikon, 29” xXXX – Potence : Thomson Elite 4X, 80 mm – Cintre : Easton Haven Carbone, 740 mm – Tige de selle : Thomson Elite, ø 30,9 mm – Selle : WTB Volt Custom – GEOMETRIE : Top tube : 600 mm – Tube de selle : 450 mm – Angle de direction : 69° – Angle de tube de selle : 74° – Bases : 444 mm – Empattement total : 1128 mm – Hauteur boîtier : 335 mm.

Distributeur : Tribe Sport Group, www.tribesportgroup.com

RENDEMENT [star rating=”4″]
CONFORT [star rating=”4.5″]
MANIABILITE [star rating=”4.5″]
STABILITE [star rating=”4.5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”4″]

 

[quote] On aime : géométrie hyper polyvalente, montage cohérent, oeuvre d’art
On regrette : manque de dégagement pour le pneu arrière (terrain boueux), roues fragiles [/quote]