Wilier Triestina 101X : Fais-moi mal  !

Ne vous fiez pas à sa gueule d’ange, à ses lignes douces, ce Wilier Triestina 101x est une bête qui aime se faire cravacher, et plus vous le fouettez, plus il vous en donne. Attention si vous mettez vos fesses dessus, vous risquez ne plus pouvoir les retirer !

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]3398€[/tab][tab title=”POIDS”]10.50 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 100 mm | Déb. ar. : – [/tab][tab title=”USAGE”]- [/tab][/Htab]

Tout commence par un e-mail reçu sur la boîte de Vélo Tout Terrain. C’est un lecteur qui me demande mon avis sur un Wilier 101x. Pas de bol, je ne l’ai jamais roulé, pourtant je peux vous dire que lorsqu’il a été présenté en septembre 2015 à l’Eurobike, j’étais resté de longues minutes sur le stand de l’Italien à disséquer ses courbes en glissant innocemment mes doigts le long de son tube supérieur, à suivre ses courbes délicieuses qui n’ont pas d’équivalent dans la production mondiale. Avez-vous vu ces formes si fines et si viriles à la fois ? Depuis ce jour, le Wilier a toujours eu sa place dans mon lobe pariétal. Alors forcément, cet e-mail a fait remonter en moi toutes ces sensations que j’avais volontairement mises dans ma poche avec un mouchoir par dessus. Et si finalement je franchissais le pas, et si je passais commande pour me confronter de visu avec cette œuvre roulante ? Une semaine plus tard, le cadre réalisé en carbone haut module à partir de fiche Mitsubishi 60TON, et affichant seulement 1 090 g se dévoile devant moi, faisant resurgir les mêmes sentiments que lors de notre première rencontre. La finition est toujours aussi exceptionnelle, comme en témoigne le cheminement de ses gaines qui préserve le vernis de son châssis. On est loin du 101XN qu’il remplace. Au passage, le cadre adopte tout ce qui donne des étoiles dans les yeux. La petite douille de direction d’à peine 90 mm de haut garantit une hauteur de globale avec sa grande roue à l’avant bien inférieure à la majorité de la production actuelle. A l’arrière, le triangle asymétrique dévoile ses dessous avec un axe traversant en 12×142 mm qui se prolonge avec une fixation du dérailleur au format direct mount de Shimano. Il faut bien le dire, le Japonais est comme le complice de cette machine. Pour preuve, le cadre peut recevoir dans ses entrailles la câblerie Di2. Mais pas seulement. Notre modèle n’est proposé que revêtu de composants Shimano XT, jusqu’au dérailleur avant en side swing. Ça tombe bien, ce groupe est parfaitement cohérent pour la pratique du cross-country.

Vous pouvez voir que Wilier a choisi de revêtir un pédalier en double plateau, soit, mais sachez qu’il existe en mono. Et vu le nombre de fois qui se compte sur les doigts d’une main de Mickey que nous avons utilisé le petit, autant vous dire que vous pouvez d’ores et déjà lorgner sur l’option mono, qui vous fera en plus dépenser moins d’argent. Seule entorse au tout Shimano, l’option Miche sur les roues que nous avons choisies (Wilier propose tout un système d’options sur ce vélo). Avec les 966 AXY et ses 1 690 g en 29”, on peut dire qu’elles ne sont pas prêtes à nous porter préjudice, bien au contraire. Pour bien s’entendre avec lui, le 101x a prévu de conserver un espace de détente, comprenez une dose de confort qui permettra à son dompteur du jour, de l’emmener plus loin que sur un simple tourniquet régional. En effet, en plus des haubans qui jouent un rôle d’absorber des coups de butoir en s’autorisant un soupçon de flexion, le 101x se pare d’une tige de selle en 27.2 mm de diamètre qui se pliera tel un jonc. Et c’est à la Ritchey WCS, en carbone donc, que revient le rôle de soulager le séant, un rôle qu’elle joue à merveille, profitant d’ailleurs de son déport bienvenu. Un mot tout de même, avant de se lancer dans une partition à deux dans les bois, sur ce que l’on ne voit pas nécessairement : le montage de l’ensemble. Non seulement le vélo est cohérent dans son équipement, dans la praticité de ses passages en interne de la câblerie (pratique la petite fenêtre sous la boîte de pédalier) et dans sa géométrie, mais il est également monté dans les règles de l’art avec un recours systématique à la graisse aux endroits sollicités. Cela peut paraître bête, mais vous n’imaginez pas le nombre de vélos montés à la va-vite, à sec ou avec juste une larme de lubrifiant, histoire de réduire les coûts de production. Wilier laisse même suffisamment de longueur de pivot de fourche pour que vous puissiez ajuster exactement votre poste de pilotage à vos désidératas. Pour nous, ce sera tout en bas, du coup, il ne lui manque peut-être qu’une petite protection sur le tube horizontal pour que la manette de changement de vitesses ne vienne pas au contact en cas de chute. Si vous n’avez pas encore de protection Skean (environ 14 €), c’est le moment de l’acheter !

Fais-moi mal, Johnny, Johnny  !

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

Avec presque 600 mm de tube supérieur, une allonge de 420 mm associée à une petite potence de 70 mm, avouez que ces chiffres sont loin d’être classiques en cross-country. Bienvenu dans le VTT moderne, et c’est tant mieux. Avec son triangle avant long, la stabilité est au rendez-vous. Ajoutez-lui sa fourche en 46 d’offset, ses roues de 29” jumelées avec une direction à 70°,5 et vous voilà parez pour le grand jeu. Enfin, surtout quand je vous aurais dit que le train arrière du 101X ne dépasse pas les 437 mm. Houla, ça va fumer dans les petits monotraces tout ça ! Et effectivement, les premiers tours de roues donnent immédiatement la banane. A peine appuie-t-on sur les pédales que le vélo s’élance à de bonnes vitesses. La boîte de pédalier est quand même sacrément verrouillée… Alors quand on la ferme, ça passe comme une lettre à La Poste. Par contre quand elle est moins là, les cuisses ont tendance à vite chauffer dans l’exercice du démarrage canon. Il faut le violenter un peu pour vraiment obtenir un démarrage éclair : cuisses, bras, dos, tout est mis à contribution pour déclencher l’explosion. Heureusement que la légère souplesse des roues vient à votre renfort. A peine quelques coups de pédales et le 101X file déjà vite. Force est de constater que malgré ses habits d’apparat, il est bien dévergondé le petit. Si l’avant est bien stable, l’arrière n’a qu’une envie, c’est d’aller jouer, mais sans vous mettre trop la pression. Comprenez que la tige de selle est bien sollicitée, mais que le cadre arrive tant bien que mal à contrôler les écarts de terrains. Le train roulant est une belle surprise. Entre les roues qui jouent dans la cour des produits légers et dynamiques, et les pneumatiques Vittoria qui impressionnent par leur bon compromis entre rendement et accroche, on peut dire que le Wilier est bien servi. Les premiers virolos pointent leur bout du nez et voilà un terrain qui n’est pas là pour nous déplaire. Le vélo s’inscrit facilement dans la courbe, bien aidé par un angle fermé de la direction. Le pneu agrippe le sol jusqu’au moment où il décroche en douceur grâce à un ballon prononcé. L’arrière suit le tempo imposé sans que le pilote n’ait besoin de lui forcer la main. C’est trop bon, et dire que l’on est en 29” ! A peine une révolution de pédalier et voilà l’autre virage qui vous arrive en pleine figure, juste le temps de balancer le vélo dans l’autre sens et la manœuvre s’exécute. Facile. L’exercice de la montée est tout autant un jeu d’enfant. Il faut dire qu’avec à peine 11 kg en fonctionnement, on n’a pas à sortir l’artillerie lourde pour arriver en haut. Le vélo est d’une belle stabilité, et suis le rythme imposé par le pédalage en force, sans broncher. L’avant ne décroche pas, même si on aurait une tendance naturelle à vouloir s’avancer un peu plus sur le bec de selle afin d’avoir encore plus de pression sur les pédales. A ce petit jeu des montées bien parsemées de racines, le 101X s’en sort, plus l’arrière que l’avant d’ailleurs qui demande un passage par un tuning pour vraiment être optimum (baissez la pression d’air et mettez trois Tokens pour réduire la chambre d’air, elle sera métamorphosée). La roue arrière grimpe parfaitement sur les racines (mettez 1.8 bars de pression à l’arrière pour un pilote de 75 kg, pas plus), et semble s’appuyer dessus pour vous propulser vers les sommets. En descente ? Les yeux fermés ! En plus d’être stable, le vélo se manipule aisément. A vous de lui imprimer le parcours à suivre, à lui de s’exécuter. Une erreur de trajectoire, peu importe, un coup de guidon associé à un petit bunny-up, et vous voilà sur la meilleure ligne pour dévaler la pente. Quelle révélation  !

En plus d’être beau, ce Wilier Triestina 101x est surtout une arme qui mérite d’être connue. Certes, sa boîte de pédalier est un peu verrouillée, ce qui impose d’être en forme pour le suivre sur une longue distance. En gros flâner à son guidon n’est pas forcément sa tasse de thé. Mais il compense son besoin d’être maltraité par une masse globale qui sera un atout en montée, et une géométrie qui est juste dessinée aux petits oignons pour en faire un produit ultra polyvalent. Un rail en descente, bien calé sur ses roues, mais agile comme un cabri lorsqu’il s’agit de sortir d’un mauvais plan, jouissif dès que l’on entre dans un tourniquet, voilà autant d’atouts qui ne peuvent que vous inviter à passer quelques heures en selle avec lui !

Ce qu’il faudrait changer

Le montage de ce vélo est ultra cohérent, de fait il n’y a pas grand-chose à changer. Le principal grief revient à la manette de mise en blocage de la fourche Fox. Non seulement elle prend pas mal de place sur le poste de pilotage, mais en plus et surtout, elle a un fonctionnement inversé. En gros il faut l’actionner pour déverrouiller la fourche. Le problème c’est que le bouton pour la bloquer est tellement proche de la main qu’il arrive qu’on l’actionne sans faire exprès. Pas terrible. Vous pouvez la changer pour la génération précédente qui n’est certes pas belle mais qui fonctionne mieux. Pour un peu moins de 100 € sur Internet vous pourrez également dénicher une cartouche RockShox Motion Control DNA pour remplacer celle d’origine. Vous obtiendrez alors une fourche haut de gamme dans son fonctionnement.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : XS (27.5”), S, M, L, XL – Cadre : carbone 60TON – Fourche : RockShox Reba RL – Freins : Shimano XT, av. ø180 mm ; ar. ø160 mm – Dérailleur avant  : Shimano XT – Dérailleur arrière : Shimano XT – Pédalier : Shimano XT, 36/26 – Commandes :Shimano XT – Cassette : Shimano XT 11/40 – Roues : Miche 966 AXY – Pneus : Vittoria Aka TNT, 29×2.0 – Potence : Ritchey WCS, 70 mm – Cintre : Ritchey WCS, 720 mm – Tige de selle : Ritchey WCS, ø27,2 mm – Selle : San Marco Aspide – GEOMETRIE taille M : Tube supérieur : 595 mm – Tube de selle : 455 mm – Angle de direction : 70,5° – Angle de tube de selle : 73,5° – Bases : 437 mm – Empattement total : 1 103 mm – Hauteur de boîtier : 310 mm – Reach : 420 mm – Stack  : 610.

Distributeur : Wilier Triestina, Contact : www.wilier.com

RENDEMENT [star rating=”4.5″]
CONFORT [star rating=”3.5″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”4″]

[quote] On aime :Une œuvre d’art qui roule fort • Qualité du montage et cohérence de l’équipement • Une arme pour qui est en forme
On regrette : On cherche… Ne pas l’avoir essayé plus tôt ?.[/quote]