Kona Process 111 DL : renaissance

Avec la gamme Process, Kona signe son grand retour  ! Au menu, du 27.5” avec les 153 (gros enduro) et 134 (enduro) mais aussi sur 29” avec le Process 111, un compromis entre enduro et all mountain. C’est justement ce dernier qui nous a fait définitivement chavirer  !

Kona Process 111 DL (1)
DR Nicolas Le Carré

[Htab][tab title=”PRIX”]4999€[/tab][tab title=”POIDS”]12,95 kg sans pédales[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 120 mm | Déb. ar. : 111 mm[/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, montagne.[/tab][/Htab]

Oui, le Kona Process 111 est revêtu d’une couleur peu expressive, on peut même aller jusqu’à dire qu’elle n’est pas très belle, mais ne vous y fiez pas. Derrière cette discrétion, vous allez trouver un VTT au grand cœur auquel vous ne pourrez pas résister  ! Attention, rouler sur ce vélo est nuisible à votre portefeuille  ! A 5000 e le bout, on ne peut pas dire que ce soit une superbe affaire, mais prenez le (large) guidon en main de cette nouvelle génération de Kona, et vous risquez de détester votre monture habituelle, tant ce Process 111 vous aura fait vivre une expérience inoubliable  ! Mais avant de se lancer dans le grand mariage, revenons aux basiques, faire les présentations.

Le Process 111 est un 29 pouces. Qui a dit beurk ? Attendez la suite  ! C’est un 29 pouces doté de bases en 425 mm  ! Déjà, on ne rigole plus au fond. Car oui, en plus d’avoir fait évoluer sa suspension 4-Bar linkage classique vers une déclinaison plus moderne du monopivot avec biellette/basculeur, les ingénieurs maison ont concocté une géométrie aux petits oignons. Regardez ce sloping du cadre ultra prononcé qui augure que du bon lorsqu’il faudra jouer avec le vélo. Les bases courtes, on vous la déjà dit, vont permettre une réactivité et une maniabilité de l’arrière de fou. Et que dire des angles  : l’avant planté à 68° avec une fourche de 46 mm de déport, associés à sa roue de 29 pouces, doit délivrer une capacité à tenir le cap digne d’un gros enduro  ! Le tube de selle pointe lui à 74°, de quoi placer le pilote au avant du pédalier dans les côtes et limiter le lever de roue avant pendant les grimpettes. Et que dire de la position. Il y a une expression commune en automobile qui dit «  Quand tu y fous le cul, tu es foutu  !  ». Ici, c’est le cas. En taille S, avec son petit poste de pilotage, un pilote de 1,65 trouvera ses aises. A 1,70m, il faudra toutefois allonger la potence. La 40 mm est vraiment courte et passer sur une 70 mm permettra d’atteindre le Graal de la polyvalence d’usage. Au delà, il faudra passer à la taille au dessus. Un mot sur le cintre RaceFace. Il est large, très large, trop large. 780 mm sur ce type de vélo, c’est beaucoup, même en roues de 29” (qui demandent un bras de levier plus important pour faire tourner le vélo car plus la vitesse augmente, plus la direction se durcie.). A couper impérativement pour revenir à des valeurs plus conventionnelles et passer entre les arbres des monotraces bien délurés. Puisque l’on en est aux critiques, il en reste une, et une seule qui est une énigme. Comment peut-on concevoir ce vélo de fou (géométrie au top, cinématique de suspension géniale) , et monter un pédalier en 34 dents  ?! Qui peut aujourd’hui prétendre grimper en montagne, son terrain de prédilections, des raidards avec un tel plateau, même en ayant un 42 dents à l’arrière sur la cassette Sram XX1 en 11 vitesses. Là, je dis faute  ! Un 32 est le maximum, un 30 l’idéal. A revoir impérativement. Je ne vais pas vous faire la liste de l’équipement mais retenez quand même que dans cette version haut de gamme, Process 111 DL (5000e), le VTT affiche près de 13 kg sans les pédales. Un peu lourd le bestiau. Bon, à sa décharge, il est monté avec des vrais pneus, des Maxxis Ardent Exo (dont un 29×2.4 à l’avant, un choix de largeur contestable pour un 29”) , en chambres, alors que les jantes sont prêtes pour le tubeless. Quant aux roues, elles ne sont pas réputées non plus pour être des danseuses en tutu. Sans les pneus, et avec les disques et la cassette, l’ensemble avoisine les 2,3 kg. Il y a matière à faire mieux. En forçant un peu le talent, on doit encore pouvoir lui faire perdre facilement 700 gr sur l’ensemble sans perdre en fiabilité. D’ailleurs, puisque l’on en est à ce chapitre, parlons du cadre. Ce dernier ne fait pas dans la dentelle avec ses énormes haubans et bases, ses énormes roulements arrière, et ses gros tubes. C’est certainement lourd mais ça respire la rigidité et la robustesse. On sent que les ingénieurs n’ont pas voulu prendre de risque, et c’est tant mieux  !

Une explosion de sensations

Pressions  ? Faites, 160Psi d’arrière (pilote de 75 kg) et 90 Psi devant. Suspensions  ? En mode ouvert  ! C’est parti. Il y a des vélos, où se lancer sur une piste de DH bien défoncée, avec des belles tables et autres doubles, alors qu’on les découvre pour la première fois, demandent un peu de retenue. Le Kona Process 111 DL n’est pas de ceux là. A peine en selle qu’il en émane un «  je ne sais quoi  » qui vous met en confiance. La première ligne droite bien défoncée laisse place à un sentiment d’excitation, et admiration. Le vélo est très stable de l’avant, tandis que l’arrière encaisse sans broncher la moindre irrégularité du terrain. Certes, il faut composer avec un train arrière un peu joueur, mais la partie avant est tellement stable que cela fait du bien de le sentir vivre sous ses jambes. Entre lui et vous, vous ne faites qu’un. D’ailleurs à ce jeu de l’attaque, les gros appuis pris sans couper la vitesse, permettent d’apprécier la rigidité du cadre et la qualité de la suspension arrière à garder la roue au sol. Le train roulant surprend par sa capacité à encaisser, et se fait très prévenant lorsqu’il est temps pour lui de décrocher. A l’avant, la Revelation marque le pas, mais sert les dents pour résister aux pressions. Le Kona garde sa ligne, et s’engage maintenant dans un passage plus périlleux.

A moitié inquiet à l’idée de se lancer dans ce couloir technique et pentu, on se surprend de voir à quel point on se sent bien à son guidon. Finalement le Kona va transformer la moindre parcelle de terrain en pic d’adrénaline. Le vélo se place avec une aisance déconcertante, répondant à la moindre sollicitation du pilote. La boite de pédalier placée à 355 mm du sol, offre un bon compromis entre stabilité et capacité de franchissement dans les pierriers. C’est bien simple, on se croirait piloter un 26” tant il est agile. Certes, la suspension arrière, si confortable dans le lent, arrive ici plus rapidement dans ses retranchements. Mais elle sait se faire discrète lorsqu’elle atteint son débattement maximum, qui n’est que de 110 mm, je vous le rappelle. Jamais désarçonné, le Kona se pilote un peu comme un VTT de descente, plutôt sur l’arrière. De toute façon, la fourche ne supportera pas un pilotage agressif façon nouvelle génération, à rentrer de dedans, sauf…Sauf à monter une RockShox Pike au débattement ramené à 120 mm. Alors là, rien qu’à penser aux vitesses de passages possibles, les poils se dressent sur les bras. Mais attention, qui dit vitesse, dit capacité de freinage. A ce jeu, le Kona peine à réduire les distances de freinage. En cause, un disque en 160 mm de diamètre qui ne demande qu’à être remplacé par un 180 mm, et une suspension qui tend à se bloquer un peu sur les gros freinages, laissant la roue arrière sauter sur les racines au lieu de les absorber.

Kona Process 111 DL (7)
DR Nicolas Le Carré

Alors que les premiers monotraces bien sinueux pointent leur bout du nez, on se dit que là, les roues de 29 pouces vont faire baisser le rythme. Et bien non. A chaque sortie de virage, il en ressort comme une torpille, s’extrait en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Le faible empattement arrière n’aide pas à entrer dans le virage, mais à en sortir. C’est impressionnant. D’autant que comme ça, sur les premières relances, il ne paraissait pas un foudre de guerre. Oui mais voilà, avec la vitesse acquise, il se transforme en boule de nerfs. Plus que jamais, piloter un Process 111 parle aux sens, attise les pulsions. C’est bon  ! Jamais piégeur, pour peu que l’on fasse attention à la fourche (quitte à la mettre en mode de compression intermédiaire histoire de limiter son enfoncement), il s’envole sur le moindre saut, sans retenue, l’esprit libre. Le vélo est stable en l’air, et facile à placer sur la réception. Quand vient la temps de rouler, le Kona marque le pas. Non pas qu’il se transforme en pompe à vélo, non, mais plus par son embonpoint et la faute à ses pneus peu propices à rouler. La suspension arrière ne nécessite aucunement de s’adjoindre les services du durcissement de la compression , tant le pompage est contrôlé. Les premières côtes mettent en avant la capacité de plaquer la roue arrière au sol. La motricité est là, mais avec sa transmission mal calibrée, il faudra se transformer en Hulk pour arriver au sommet. Au-delà de cette boulette de chef produit, le Process 111 ne peut cacher sa tendance à lever la roue avant malgré son tube de selle bien avancé. Difficile, même en 29 pouces de contre-carrer des bases résolument courtes  ! Alors, on monte au train, assis sur le bec de selle, le buste baissé, et ça passe.

Avec ce modèle, Kona revient sur le devant de la scène, mieux il n’est pas loin d’accomplir le grand chelem. Moyennant quelques menues adaptations, le Process 111 DL peut rapidement devenir la bête à abattre. Les possesseurs de Specialized Enduro 29 vont devoir rapidement surveiller leurs arrières  !

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Cadre : aluminium 6061 – Fourche : RockShox Revelation RTC  3 – Amortisseur  : RockShox Monarch RT3 – Freins : Avid X.0 Trail, ø180/160 mm – Pédalier : Sram XX.1, 34dts – Dérailleur  : Sram XX.1 – Pignons : Sram XX.1 11/42 11 v. – Roues : Stan’s Flow Ex/Hope Pro2 – Pneus : Maxxis Ardent Exo av. 29×2.4, ar 29×2.25 – Cintre : RaceFace Atlas, 780 mm – Potence : Kona, 40 mm – Tige de selle : KS Lev Integra – Selle : WTB Volt Race – Tailles disponibles : S, M, L, XL GEOMETRIE – Tube supérieur  : 575 mm –  Tube de selle  : 410 mm – Bases  : 425 mm – Empattement  : 1123 mm – Angle de direction  : 68° –  Angle de selle  : 74° – Hauteur du boîtier de pédalier  : 355 mm.

Distributeur : Kona, web : www.konaworld.com
[quote]On aime :la cinématique de suspension arrière, facile partout, joueur, la géométrie incroyable
On regrette : le plateau en 34 incompréhensible, le pneu avant exclusif, le disque de 160mm à l’arrière.[/quote]