Intense Hard Eddie Foundation : cher Intense !

Pour trouver un vélo de pur cross-country chez l’Américain Intense, vous n’aura pas à chercher dans une foule de modèles. En effet, il n’y en a qu’un : l’Hard Eddie. Dans sa version Foundation apparue fin 2014, Intense offre un prix d’appel. Mais ce VTT aux talents méconnus est-il pour autant une bonne affaire ?

Intense Hard Eddie Foundation (3)
DR N. Le Carré

[Htab][tab title=”PRIX”]3699€[/tab][tab title=”POIDS”]14,40 kg sans pédales en taille S[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 100 mm | Déb. ar. : – [/tab][tab title=”USAGE”] Rando-sport,vallonné, plaine.[/tab][/Htab]

Autant être franc avec vous, quand on a vu débarquer ce crosseur semi-rigide au look très… vintage, on s’est demandé si l’Hard Eddie n’était pas complètement dépassé. Sa grosse jonction haubans/tube de selle, associée à une tige de selle en diamètre 31,6 mm, n’est pas faite pour rassurer sur sa capacité à distiller du confort. Et que dire de la physionomie à peine descriptible de ce triangle arrière, qui n’a rien d’une œuvre d’art et qui rappelle plutôt de sombres cadres carbone fabriqués dans une « usine » au fin fond de la Chine ? Où est donc passé le trait de génie de Jeff Steber, designer et propriétaire d’Intense Cycles ? Mais à y regarder de plus près, le cadre a tout de même quelques (très bons) arguments. Réalisé avec le concours de SEED Engineering, le châssis carbone, principalement monocoque, possède un atout choc : son poids. En effet, selon la taille du cadre, il s’affiche juste au dessus du kilo (presque 1,2 kg en grande taille). Une bonne base pour monter un vélo léger. Second atout : il est équipé de pattes arrière G1, démontables et qui permettent, en option, de passer sur un moyeu arrière en 135 mm classique, en 142×12 mm ou encore en monovitesse. Voilà une polyvalence qui le rend un peu plus attirant. Enfin, on trouve un jeu de direction conique, contrairement à ce qu’il laisse entrevoir de l’extérieur. Quant au passage de gaines de transmission, tout se fait en interne. Seule la durite du frein arrière offre un cheminement externe, bien pratique. La tendance à la mode veut que l’étrier de frein soit fixé sur la base ou, mieux, à cheval entre la base et le hauban. Ici, rien de tout cela. Il est rejeté complètement à l’arrière avec une disgracieuse fixation au standard international. D’un point de vue cosmétique, cette version Foundation de l’Hard Eddie joue la carte du chic avec son assortiment de noir et de bleu clair. Cependant, il ne fait pas longtemps illusion avec sa présentation un peu tape-à-l’œil. Pour 3 700 €, vous devrez vous contenter d’une transmission Sram X-7, d’un pédalier d’entrée de gamme, avec des plateaux dont la denture a du mal à s’exprimer sur un 29’’, et de composants pris dans un catalogue chinois et logotés Intense. Heureusement, le train roulant, principal poste à chouchouter après le cadre, tient la route avec des pneus Maxxis Ikon Exo TR et des roues montées autour d’une jante Sun Ringlé Inferno 23. Une paire de roues, vous le verrez, qui lui va à ravir mais qui ne coûte que 250 € dans le commerce… Difficile, dans ces conditions, de faire passer la pilule du prix final. Sur le terrain heureusement, l’Hard Eddie va faire oublier une bonne partie des critiques !

Une belle découverte

Voilà la preuve qu’il ne faut pas se fier à ce que l’on voit. Les longs trajets sont envisageables au guidon de l’Hard Eddie et ce, grâce à une bonne position de pilotage, une suspension avant qui filtre bien les petits chocs et un train roulant qui vient compenser avantageu­sement la rudesse du triangle arrière et sa grosse tige de selle. Pas de respi­ration coupée lorsque la roue arrière bute dans un trou, pas de dos en vrac après une sortie de 40 bornes… Quelle belle surprise ! Mais reprenons depuis le début. Les premiers kilomètres laissent apparaître un vélo qui a du répondant lorsque l’on sollicite la pédale. Oh, certes, pas d’explosion au démarrage mais de franches accélérations. Il faut dire que les roues, un peu souples, ont tendance à absorber une partie de la puissance. Pour autant, elles apportent une bonne dose de confort et de grip, bien aidées par les pneus Maxxis Ikon. Voilà des pneus qui trouvent avec bonheur leur place sur un 29’’ et ce, quasiment 365 jours par an. Leur profil rond, associé à cette multitude de crampons, offre accroche, motricité et, surtout, vous fait sentir le moment où, sur l’angle, ils vont décrocher. La motricité est donc là, les accélérations aussi et c’est appréciable car l’Hard Eddie est un peu fainéant lorsqu’il s’agit de conserver sa vitesse. Il faut systématiquement le relancer pour qui veut garder une bonne moyenne. En fait, la rando sportive est plus son dada. Le voyage au long cours mais avec un tempérament affirmé dans le technique et le ludique. Son pilote pourra goûter aux joies du pilotage actif. La maniabilité distillée par la direction ouverte à seulement 70,5° est au rendez vous et permet de se faufiler aisément malgré un train arrière un peu long. Inutile de le violenter, il tourne aisément dès que l’impulsion est donnée au large guidon. Un petit aparté sur ce cintre. Certes, il n’est pas siglé d’une grande marque mais sa courbure en fait un produit fort agréable à rouler, en réduisant les tensions dans les mains et les bras dues à un mauvais positionnement. Parenthèse fermée. Cette maniabilité est un peu mise à mal lorsque le terrain est sec ou un peu défoncé car il faut alors faire avec la souplesse de la roue avant qui perturbe la précision dans les trajectoires. Heureusement, la fourche X-Fusion est là pour parer, en partie, au flou de la roue.

DR N.Le Carré
DR N.Le Carré

Une fourche surprenante

Cette fourche nous aura surpris tout au long de ce test. Relativement sensible, elle encaisse les chocs sans vous le faire savoir. Et même s’il est difficile d’atteindre ses 100 mm de course, elle offre un maintien sur les gros chocs ou même sur de gros freinages qui évite de transférer toute la charge vers l’avant. Dans les descentes rapides, parsemées ici ou là de racines à franchir, la relative compacité du triangle arrière permet de bien contrôler le vélo, les fesses au-dessus de la roue arrière, les cuisses calant la selle. Certes, un boîtier de pédalier plus bas lui aurait offert plus de stabilité mais gardez à l’esprit que si l’avant passe, l’arrière suivra, en profitant de la souplesse de la roue arrière pour amortir les largesses de trajectoire, faute de précision. D’accord, il faut un peu tirer sur le guidon pour déclencher un bunny-up mais une fois que le mode d’emploi est compris, cela devient inné et les descentes techniques ne sont qu’une formalité. Reste que les freins, dont la puissance de décélération est aux abonnés absents, risquent de vous refroidir un peu. Les premières côtes pointent leur bout du nez et là, l’Hard Eddie se place dans la bonne moyenne. La vivacité de la direction, si appréciable dans les virolos pris à basse vitesse, demande à être canalisée pour conserver la trajectoire. Il faut s’avancer sur le bec de selle pour retrouver l’équilibre des masses. De quoi arriver en haut sans décrochage de la roue avant. Très dynamique dans son style, soignant son confort, l’Hard Eddie est sans conteste un sacré client dans la catégorie des semi-rigides pour randonnées sportives. On prend plaisir à son guidon et sur un semi-rigide plutôt orienté cross-country, c’est assez rare. Mais il fait payer le prix fort en magasin…  Ce qu’il faudrait changer si vous restez dans une optique de rando-sport sans prétention, rien. Si vous aimez une transmission qui vous répond au doigt et à l’œil, pensez à upgrader les manettes et le dérailleur arrière en optant pour du Sram X-9, voire X-0.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles disponibles : S, M, L – Modèle testé : S – Fourche : X-Fusion Trace RL29 – Freins : Avid Elixir DB3, ø180/160 mm – Pédalier : Sram S-1000, 38/24 dts – Commandes : Sram X-7 – Dérailleur avant : Sram X-7 – Dérailleur arrière : Sram X-7 – Cassette : Shimano HG50, 11/36 – Moyeux : Intense Tuned – Jantes : Sun Inferno 23 – Pneus : Maxxis Ikon Exo TR, 29×2.2 – Cintre : Intense Recon, 740 mm – Potence : Intense, 75 mm – Tige de selle : Intense, ø31,6 mm – Selle : WTB Silverado Sport – GEOMETRIE : Tube supérieur : 585 mm – Tube de selle : 410 mm – Angle de direction : 70,5° – Angle de tube de selle : 72,5° – Bases : 440 mm – Empattement : 1 088 mm – Hauteur du boitier de pédalier : 310 mm.

 

RENDEMENT [star rating=”3.5″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”3.5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”2″]

 

[quote] On aime :confortable pour un hardtail, facile à prendre en main, très bon randonneur
On regrette : grosses dentures du pédalier, prix éxagéré !.[/quote]