Haibike Greed 9.40 : riche de sensations

DR T. Zaniroli

Vous êtes jeunes, plein de fougue, proche de votre poids de forme, et vous êtes un adepte des courses expresses ? Alors ce Haibike Greed 9.40 pourrait bien vous faire craquer. En plus, sa cosmétique a de quoi attirer, alors pourquoi ne pas franchir le pas ? Bienvenu dans le monde des vélos sous la barre des 10 kg.

Haibike Greed 9.40 (7)
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]3999€[/tab][tab title=”POIDS”]9,90 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 100 mm | Déb. ar. : – [/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, vallonné, plaine.[/tab][/Htab]

Proposer un vélo sous la barre fatidique des 10 kg pour moins de 4 000 € n’est pas légion. Le Haibike Greed 9.40 est de ceux-là. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas dans la dentelle. Ses lignes racées, sa teinte bi-colore aux graphismes très design, la formes de son triangle arrière, le sloping très prononcé du tube supérieur, autant de détails qui ne laissent pas de place à l’approximatif : ici vous êtes en présence d’une bête de course. Et il suffit de se poser dessus pour s’en convaincre. Pas de position droite qui permette de flâner, mais plutôt une version tête dans le guidon, une position d’autant plus facile à prendre que la douille de direction n’est pas haute (100 mm) grâce à un jeu de direction complètement intégré. Le cadre en taille M conviendra à un pilote débutant à 1,75 m. En dessous, il faudra avancer son assise pour compenser le recul de selle de la tige de selle. Le cadre du Greed 4.90, réalisé intégralement en carbone avec des fibres unidirectionnelles haut module, adopte une géométrie assez traditionnelle avec un tube de selle à 73,5°qui permet de bien appuyer sur les pédales, une direction qui pointe à 70°, le tout avec des bases aux dessins asymétriques coupées à 438 mm. Justement, puisque l’on en est à parler des bases, sachez que les ingénieurs ont optimisé la fibre de carbone au niveau de la base gauche pour éviter toute déformation lors des freinages appuyés. Dans le même but, l’étrier de frein a été fixé sur la base, avec les difficultés que cela implique pour accéder à la vis la plus proche du moyeu… Les haubans ne sont pas en reste en matière de trouvailles techniques. Affublées du nom « Super Slim Seat Stays – 4S », elles sont en fait ultra-aplaties pour obtenir un ratio optimal entre poids et rigidité. Par contre, contrairement à ce qu’annonce le constructeur, n’attendez pas d’elles une quelconque flexion verticale qui aurait pu lui apporter confort et motricité. Rien de rien, nada ! Ici c’est du brut, et c’est bien ce qui caractérise ce VTT. Les accélérations de cette nouvelle mouture montent en flèche avec un tempérament de feu, pas feutré pour un sous. Malgré l’aspect maousse de la boîte de pédalier, la zone n’est pourtant pas des plus bridées, et transfère intégralement la puissance à la roue arrière sans vous demander une débauche d’énergie. Le vélo bondit instantanément, profitant de sa faible masse, et de son train roulant particulièrement léger. Ce premier contact est plus qu’alléchant, surtout si vous acceptez de voir votre roue arrière sauter après le passage de chaque trou.

“Le Greed 9.40 s’apprécie à haute vitesse. Si vous êtes plutôt esprit balade, passez votre chemin. Ici on chasse le chrono !”

Quand ce ne sont pas les racines qui vous font tourner les pédales dans le vide, faute d’avoir le pneu qui reste collé au sol. Chaque variation du terrain vous est communiquée par un coup de bâton qui vous remonte dans la colonne vertébrale. Mais on en oublierait presque ces désagréments juste en voyant la vitesse à laquelle le paysage défile. Sa vitesse de croisière ? Autour de 28 km/h lorsque le terrain est plutôt lisse. Cependant, il demande à être relancé pour conserver cette vitesse, si vous n’êtes pas en forme. La transmission Shimano XT en 2×10 permet de ne jamais être à court. D’autant que le 38 dents du pédalier est bien suffisant pour permettre de jouer dans la cour des grands. Les côtes sont une formalité, mais demandent de bien choisir la bonne trajectoire, car la motricité s’avère plus que précaire. Du coup, alors que l’on passerait facilement debout sur les pédales, on préfère rester en selle pour forcer la roue arrière à coller au sol. Le vélo est redoutable de stabilité dans cet exercice, avec une roue avant qui ne cherche pas à décoller. Le bénéfice du 29” est évident dans ces conditions. Assez agile dans le technique sinueux, une épingle en montée passe très bien. Il faut juste faire attention à ne pas trop tourner le guidon, car passé un certain point, la direction braque trop, et on peut vite se mettre à l’équerre. Cette facilité de tourner se retrouve également dans le sinueux où le Greed tire particulièrement son épingle du jeu. Il réussirait presque la prouesse de faire oublier ses roues en 29”. En engageant bien le vélo dans le virage, il passera dans un trou de souris. Et c’est d’autant plus grisant que la rigidité du cadre est là pour répondre à votre demande. Le Greed se laisse facilement balancer de gauche à droite sans rechigner. En sortie de virage, un simple coup de pédale vous propulse dans le virage suivant. C’est du bonheur en barre. Les descentes quant à elles se font à vitesse grand V. On se surprend à jouer avec le terrain, à bunny uper les pierres. On en oublierait presque l’absolue capacité du Greed à vous remonter les informations provenant du sol. Plus ça va vite, plus le vélo semble survoler les obstacles. A l’avant, l’association de la roue de 29” à la capacité d’encaissement de la RockShox Sid XX fait un travail au top. Tandis qu’à l’arrière, le cadre semble encaisser, profitant de la roue arrière qui reste sur le sommet des pavés. Le rayonnage souple de la roue arrière participe grandement à l’amorti. Le seul bémol concerne l’endurance du système de freinage en cas de fortes décélérations. Entre le pneu arrière qui manque d’accroche au freinage et le frein arrière qui perd de sa (petite) puissance malgré le disque de 180 mm de diamètre, il faut anticiper certains passages si vous ne voulez pas tirer tout droit.

Apporter un peu de confort

A l’avant pas de souci. La fourche RockShox Sid XX est une référence en la matière, pour peu qu’elle soit bien réglée, comprenez ne pas mettre trop d’air dedans ! Pour lutter contre le pompage, vous avez la manette de “blocage” au guidon dont vous pouvez paramétrer précisément son seuil de déclenchement. Il faut toutefois noter que notre modèle, pourtant pas vieux, a rapidement pris du jeu dans ses guides. Le poste de pilotage maison est léger et son cintre offre un galbe appréciable, en plus de bien filtrer les vibrations. Le problème, c’est à l’arrière. Pour gagner en confort, nous avons commencé par baisser la pression du pneu. De 1.9 bars, nous sommes tombés à 1.7 bars. Le gain en motricité est au rendez-vous, mais pas complètement côté confort. Reste les roues. Là, difficile d’agir tant le rayonnage des magnifiques roues montées spécialement pour Haibike, est déjà souple. L’association des jantes NoTubes Crest avec les moyeux Tune King (bien légers, mais attention à la fiabilité), le tout complété avec des rayons Sapim Light, encaisse bien les chocs verticaux, tout en gratifiant d’une relative bonne rigidité latérale. Ces roues tolérantes permettent de mieux faire passer la rigidité du cadre du Haibike. Il ne reste donc plus qu’à agir sur la tige de selle (voir encadré « ce qu’il faut changer »).

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

Faites vos jeux

Avec ce Haibike Greed, « les jours sans » n’ont pas leur place. Il faut garder en tête que vous êtes en présence d’une bête de course, d’un produit qui ne vous laissera pas de moments de répits. A son guidon, vous pourrez être au top, comme dans le pire en fonction du terrain. Sur un circuit cassant, préférez déclarer forfait, ou alors prévoyez une bonne séance de massage ou d’osthéo après. Sur un circuit roulant, vous n’aurez d’adversaire que le vent qui n’aura de cesse de vous soufflez dans les oreilles tant la prise de vitesse est vertigineuse. Et pour peu que le circuit offre quelques belles lignes droites, alors vous serez le roi des podiums !

Ce qu’il faudrait changer

Tel que nous avons roulé ce Greed, il faudrait changer en priorité la tige de selle. A cela deux raisons. La première, le système de serrage du chariot de selle n’est pas convaincant. Même serrée un peu fort, la selle a fini par glisser sur l’arrière et le bec se relever… La seconde est à mettre en relation avec le peu de confort qu’elle distille malgré son petit diamètre de 27,2 mm. Pour apporter une dose de confort bienvenue, il faudrait la changer pour un modèle qui offre une flexion, comme celle de Cannondale… ou celle que l’on peut trouver chez Haibike en (très) haut de gamme.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE :Tailles : 40, 44, 48, 52 cm – Modèle d’essai : 44 – Fourche : RockShox SID XX  – Freins : Shimano XT, ø180 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT –  Shadow+ – Dérailleur avant : Shimano XT – Pédalier : Shimano XT, 38/24 – Commandes : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 11/36 – Roues : jantes NoTubes ZTR Crest ; moyeuxTune King – Pneus : Schwalbe Rocket Ron EVO, 29×2.25” – Potence : Haibike Alu superlight, 90 mm – Cintre : Haibike Ergo Carbone, 720 mm – Tige de selle : Haibike Carbone, ø27,2mm – Selle : Fizik Tundra 2 – GEOMETRIE en taille M : Tube supérieur: 595 mm – Tube de selle : 450 mm – Angle de direction : 70° – Angle de tube de selle : 73,5° – Bases : 438 mm – Empattement total : 1 108 mm – Hauteur de boîtier : 315 mm.

Distributeur : Haibike, Contact : www.haibike.de

RENDEMENT [star rating=”5″]
CONFORT [star rating=”2.5″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

[quote] On aime : Rendement • Montage très cohérent • Poids
On regrette : Confort sommaire • Manque de motricité arrière.[/quote]